COVID-19: les fraudeurs ne prennent pas de pause
Courriels et SMS piégés, faux vendeurs de masques, cagnottes frauduleuses: profitant de cette période anxiogène, les fraudeurs multiplient les arnaques en tout genre. La vigilance est plus que jamais de mise.
Le Centre antifraude du Canada tire la sonnette d’alarme et annonce une recrudescence des fraudes liées à la COVID-19. Du service proposant un nettoyage «des conduits ou des filtres à air pour vous protéger de la COVID-19» aux courriels «demandant des dons pour lutter contre la COVID-19» en passant par la vente de «listes des personnes atteintes de la COVID-19 dans votre quartier», les fraudeurs ne manquent pas d’imagination.
«La majorité des plaintes portent sur des arnaques de marchandises ou l’hameçonnage, précise le Centre antifraude du Canada. Les plaignants ont reçu des courriels prétendant être liés à une demande d’assurance-emploi en raison de la COVID-19, qu’ils doivent valider en entrant des informations personnelles.»
D’autres «ont reçu un courriel qui prétend fournir une mise à jour sur la COVID-19 en allant sur le lien fourni, qui demande ensuite des informations personnelles...»
>> À lire aussi: tous nos articles à propos de la Covid-19
«Les fraudeurs, des gens comme nous»
Jonathan Légaré, du groupe Vidocq, spécialisé en enquête et gestion de risques, confirme la tendance. «Il y a un retour des fraudes en très grand nombre auquel il est difficile d’échapper !», dit-il.
Le climat anxiogène du moment, un pays au ralenti, une population inquiète… Le terreau serait en effet très favorable aux criminels. «Dans l’histoire moderne, il n’y a jamais eu autant de cibles vulnérables au même moment, soutient-il. Il faut comprendre que les criminels sont des gens comme vous et moi. Ils sont confinés. La situation actuelle paralyse leur business. Ils vont donc être créatifs et parfois agressifs pour maintenir leurs gains.»
Clément Gagnon, spécialiste en sécurité de l’information pour Tactika, nous prévient lui aussi: «Nous risquons d’assister dans les mois à venir à une longue série de fuites, de rançongiciels, de pannes de toutes sortes et de piratages massifs et de grande envergure.»
Non, le gouvernement ne verse pas d’argent par texto!
Double peine pour la population, il n’y a pas un moyen simple d’échapper à ces attaques. «Nous sommes tous en déstabilisation cognitive, il faut donc rester doublement suspicieux. Même si les annonces se multiplient, le gouvernement ne vous versera jamais de l’argent par texto! Il faut particulièrement être attentif au mot clé Covid-19. Ce terme, c’est un peu comme le miel pour attirer les mouches. Cela permet d’attirer la cible», insiste Jonathan Légaré.
Adopter de bons réflexes
Dans ce contexte, plusieurs réflexes sont à adopter, comme l’explique Alexis Dorais-Joncas, directeur du centre de recherche et développement d’ESET à Montréal. «Plutôt que de cliquer sur les liens contenus dans d’éventuels courriels de nouvelles, allez vous-même à la source en tapant l’adresse du site en question. Et n’ouvrez pas de pièces jointes», précise-t-il.
Avant de faire un don, «il faut vérifier l’authenticité des organisations caritatives, se fier davantage aux organisations existantes qui ont une bonne réputation et se méfier de nouvelles organisations créées pour supposément aider à combattre les effets de la pandémie». Enfin, pour du matériel médical (masques, par exemple), «n’achetez que chez un vendeur de confiance auquel vous feriez normalement confiance pour votre commande», conclut le spécialiste.
De manière générale
- Évitez de cliquer sur des liens ou de télécharger des pièces jointes dans des courriels ou des textes non sollicités provenant de sources inconnues. Prudence aussi avec les courriels venant de sources fiables. Ne cliquez sur les liens que si vous êtes absolument sûr que le message est authentique.
- Ignorez les communications (téléphonique ou courriel) qui vous demandent des informations personnelles.
Pour signaler une fraude au CAFC, téléphonez au 1 888 495-8501, de 10 h à 16 h 45, tous les jours, ou allez sur son site web.
Bien s’informer, c’est essentiel
Non, les dauphins n’ont pas pris possession des canaux de Venise et les éléphants ne sont pas revenus dans les villages du Yunnan, en Chine. Face au flux constant d’informations, certaines nouvelles largement partagées sur les réseaux sociaux sont tout simplement de la pure fantaisie. Il est donc essentiel de vérifier leurs sources.
• Si une publication vous semble trop belle pour être vraie, c’est probablement le cas! Consultez les réseaux sociaux pour voir si elle n’a pas déjà été démentie par un utilisateur.
• Si vous avez un doute sur une image, vous pouvez utiliser les services inversés de recherche d’image de TinEye.
• À Radio-Canada, les Décrypteurs traquent les fausses informations et vous aident à démêler le vrai du faux.
• Les médias traditionnels d’informations générales sont des sources d’informations fiables, vérifiées par des journalistes professionnels. La chaîne d’information RDI a débrouillé ses programmes durant la pandémie.
• Pour suivre le nombre de cas en temps réel au Canada et dans le monde:
• Les conférences de presse du premier ministre du Québec François Legault et du premier ministre du Canada Justin Trudeau peuvent être suivies en direct sur les réseaux sociaux. Elles vous informent sur les mesures prises par les gouvernements.
• Ne partagez pas de contenus dont vous ne connaissez pas l’origine.
>> À lire aussi : COVID-19: ressources fiables et utiles
AJOUT 01/06/2020
Comment vérifier si un fraudeur a utilisé votre identité pour obtenir la PCU
Rendez-vous sur le site de l’Agence du revenu du Canada, où vous devrez ouvrir une session de «Mon dossier». Une fois votre session ouverte, regardez l'information indiquée dans la section «Détails du soutien d’urgence relatif à la COVID-19». Si un montant de PCU a été versé en votre nom, l'information y sera inscrite. Si vous constatez qu'une demande a été faite sans votre autorisation, suivez les conseils du Centre antifraude du Canada.
Important: si vous n'êtes pas inscrit à «Mon dossier», vous devrez – après avoir entré plusieurs renseignements – obtenir un code soit en communiquant avec l’ARC ou en demandant de le recevoir par la poste, ce qui prend 5 à 10 jours.
L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.
Déjà abonné? Connectez-vous
Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.