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Comment aménager une pelouse écologique

Par Rémi Leroux
pelouse-ecolo Shutterstock.com

Préparation du sol, choix des semis, arrosage, tonte : voici nos conseils pour semer du gazon écologique qui favorisera la biodiversité et qui sera à la fois économe en eau et... fleuri!

Première étape : le diagnostic du sol
Deuxième étape : la préparation du sol
Troisième étape : le choix du gazon
Quatrième étape : la tonte et l’entretien
Transformer une pelouse existante
Des municipalités écolos​​​

En matière de pelouse, la tendance n’est plus au vert de golf. Fini, donc, les rectangles de gazon bien verdoyant et taillé ras, sans aucune autre espèce pour perturber l’ordonnancement des brins de pâturin des prés.

Assurément, les temps ont changé, et les jardiniers aussi. « Les gens sont beaucoup plus tolérants envers les “mauvaises herbes” qu’avant, et les pelouses parfaites sont maintenant plutôt rares », fait remarquer Guillaume Grégoire, professeur à l’Université Laval spécialisé en pratiques horticoles destinées à réduire l’empreinte environnementale des pelouses.

Grâce à l’adoption en 2003 au Québec du Code de gestion des pesticides (qui vise à réduire à sa plus simple expression l'usage non essentiel de ces produits), une prise de conscience est apparue de façon progressive chez les jardiniers : et si favoriser la biodiversité sur leur terrain était la voie à suivre?

« Cette réglementation a en effet rendu la vie difficile à ceux qui faisaient encore la guerre, par exemple, au pissenlit, explique Edith Smeesters, biologiste et auteure du Guide du jardinage écologique. La guerre aux fleurs! Est-ce vraiment une priorité en ce 21e siècle, alors que les changements climatiques devraient être notre premier cheval de bataille? »

En effet, l’enjeu est de taille et les pelouses, publiques comme privées, peuvent aider à réduire les îlots de chaleur en milieu urbain. Comme le détaille Guillaume Grégoire, une pelouse durable résiste mieux aux épisodes de canicule, aux maladies et aux infestations (de vers blancs, par exemple).

En outre, elle nécessite moins d’eau, prévient l’érosion du sol, attire des insectes pollinisateurs et stocke des quantités considérables de carbone dans le sol… Bref, le gazon devient un allié précieux dans le contexte climatique actuel.

Nous vous expliquons les étapes à suivre pour aménager une pelouse durable et l’entretenir de façon écologique.

Première étape : le diagnostic du sol

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour réaliser cet état des lieux.

  • La zone de rusticité de la région où vous résidez : il en existe cinq au Québec, numérotées de 1 à 5. Plus le chiffre est élevé, plus la zone climatique est dite tempérée, et plus vous pourrez alors cultiver d’espèces différentes. Vérifiez la vôtre! Vous trouverez une carte sur le site web de Ressources naturelles Canada.
     
  • La structure du sol : chaque sol a ses caractéristiques propres; il peut avoir une texture majoritairement sablonneuse avec du limon, ou encore principalement argileuse avec du sable. Sa structure aura notamment des effets non seulement sur sa richesse en matières organiques et en minéraux, mais aussi sur sa capacité à retenir l’eau.
     
  • Le pH du sol : le pH est « équilibré » lorsqu’il est compris entre 6,5 et 7,5. Il existe plusieurs façons de le mesurer et de le rééquilibrer au besoin, avec de la chaux pour en augmenter l'alcalinité ou du soufre pour l’acidifier. Pour le faire vous-même, procurez-vous une trousse de mesure du pH, vendue dans les centres de jardinage (de 5 à 10 $ environ).

Pour en savoir plus : Comment aménager un jardin écologique ?

Deuxième étape : la préparation du sol

Vous souhaitez semer du gazon sur un terrain vierge ou remplacer une pelouse qui est déjà là? Dans les deux cas, il faut améliorer le sol sur une profondeur de 15 à 20 cm, comme l’explique en préambule Edith Smeesters : « Malheureusement, les nouvelles pelouses sont souvent posées à la hâte sur de la terre d’excavation, souvent compactée pendant la construction de la maison. »

Pour remplacer une pelouse, « le meilleur appareil à utiliser est un motoculteur [communément appelé rotoculteur] à rotation inversée; il pulvérisera la végétation existante de façon tellement fine que vous pourrez semer tout de suite après », précise la biologiste. C’est un appareil que vous pouvez louer à la journée, mais qui peut être difficile à trouver. Renseignez-vous auprès d’un conseiller à votre centre de jardinage ou dans un magasin de location d’outils.

Si votre terrain est nu, un motoculteur ordinaire peut suffire. Toutefois, avec ce type d’équipement, votre surface sera inégale et votre terre ne sera pas enrichie par les résidus de matières organiques et de minéraux de l’ancienne pelouse. Les experts interrogés recommandent alors d’ajouter à votre terre 10 cm d’un mélange de terre à gazon – contenant de 50 à 70 % de sable, de 25 à 45 % de limon argileux et 5 % de compost – pour l’égaliser et la nourrir.

Troisième étape : le choix du gazon

pateurin-des-pres - Pâturin des prés

Oubliez l’option pâturin des prés (ou « du Kentucky »), un gazon « trop exigeant et mal adapté au climat du Québec », affirme Larry Hodgson, auteur, adepte du jardinage facile et connu pour son site web Jardinier paresseux. C’est une espèce qui demande de réunir trop de conditions pour être une solution durable (sol meuble au pH neutre; fertilisation régulière; de cinq à six heures de soleil par jour; beaucoup d’eau). Son entretien vous en rend esclave, selon le jardinier.

entretien-minimal - Gazon à entretien minimal

Privilégiez plutôt les mélanges de semis vendus dans les jardineries; ils contiennent souvent une portion de pâturin des prés. Edith Smeesters explique que « c’est une bonne idée de choisir un mélange qui en contient un peu, car c’est une graminée malgré tout très résistante au piétinement et au froid ».

L’idéal est donc de viser un mélange dit « à entretien minimal », composé non seulement d’un peu de pâturin des prés, mais également de plantes qui sont beaucoup moins exigeantes et qui font économiser de l’engrais; par exemple la fétuque durette, la fétuque gazonnante ou de Chewing, ou encore le trèfle blanc.

Si vous souhaitez ensemencer l’ensemble de votre terrain avec un mélange de la sorte, vous pouvez également incorporer des graines de lotier corniculé, une plante herbacée vivace qui fait de jolies fleurs jaunes. Peu courante dans les préparations vendues sur le marché, elle est simple à trouver dans les centres de jardinage.

plaques-gazon - Gazon en plaques

Une autre option? Le gazon en plaques, aussi appelé « rouleaux de tourbe ». Certains producteurs québécois commercialisent désormais des variétés composées d’espèces diversifiées (graminées à gazon, plantes fourragères, couvre-sol, fleurs sauvages et autres plantes indigènes) ou à entretien minimal. Outre la valeur écologique de ces différents gazons, « ils offrent un résultat immédiat et satisfaisant », résume Edith Smeesters.

Quelles sont les différences principales entre les deux options? Avec les semis, vous devrez être patient, car il vous faudra plusieurs semaines avant d’obtenir un résultat qui sera à la hauteur de vos attentes. Toutefois, cette avenue présente l’avantage d’être moins coûteuse que les rouleaux de gazon et vous permet d’avoir une pelouse bien adaptée aux besoins de votre terrain. Vous pourrez par exemple ensemencer séparément les endroits mi-ombragés et ensoleillés avec des mélanges appropriés.

« Pour semer, utilisez un épandeur mécanique – pour une distribution uniforme des semences sur une grande surface – et passez dans les deux sens pour plus d’uniformité », détaille Edith Smeesters. Puis recouvrez légèrement les semences à l’aide d’un râteau en éventail. Enfin, arrosez le tout régulièrement, pour garder le sol humide jusqu’à la germination, comme le précise la biologiste. 

Si vous avez choisi le gazon en plaques, il est très important de l’arroser abondamment et régulièrement, pour que les plaques s’enracinent solidement. Pendant combien de temps? « Cela dépend beaucoup des conditions et de la saison, explique Michèle de Repentigny, du Service marketing du Groupe Richer, qui commercialise ce type de pelouses. Mais, la règle d’or, c’est de maintenir les deux premiers pouces de sol sous les plaques de gazon humides en tout temps pendant la période d'implantation, soit de 14 à 21 jours suivant la pose ». Soulevez le coin de quelques plaques de gazon pour vérifier si la terre est bien humide.

>> À lire aussi : Notre test de 13 tondeuses et Vers blancs sur la pelouse : comment les contrôler?

Quatrième étape : la tonte et l’entretien

Le chiffre magique : 7,5 cm, soit la hauteur que votre gazon devrait avoir. La raison est simple : « Un gazon haut a plus d’énergie [qu’un gazon court] pour résister au stress [un épisode de sécheresse, par exemple] et procure de l’ombre sur le sol, ce qui évite la déshydratation », soutient Edith Smeesters.

Ne multipliez pas les tontes et privilégiez ce qu’on appelle l’« herbicyclage ». Il s’agit tout simplement de ne pas ramasser les résidus de la tonte. Pourquoi? « En se décomposant, les rognures nourrissent le gazon, car elles contiennent abondamment d’azote, de phosphore et de potassium, les minéraux les plus prisés par le gazon, explique Larry Hodgson. Ainsi, chaque fois que vous tondez, vous fertilisez ! »

Cinquième étape : l’arrosage

En général, vous n’aurez pas besoin d’irriguer la pelouse avant la fin du mois de juin, selon le Guide d’entretien écologique de la pelouse du jardin botanique de Montréal. Par la suite, arrosez-la plus ou moins régulièrement en vous fiant au degré de sécheresse du sol pour déterminer le bon moment pour le faire. En l’absence de pluie pendant plusieurs jours, « il faut appliquer 2,5 cm d’eau par semaine, ce qui correspond à un arrosage de quelques heures », explique le guide.

Cela dit, si votre pelouse réunit toutes ces qualités : en bonne santé, dense, variée, riche en matières organiques et en minéraux, et assez haute (7,5 cm) – une belle pelouse écologique, en somme! –, elle survivra à deux semaines de sécheresse. L’organisme Écohabitation estime qu’un gazon nécessite de quatre à cinq litres d’eau par mètre carré; tenter de maintenir sa verdure ne se veut donc pas un choix responsable sur le plan écologique.

Larry Hodgson se fait rassurant : « Oui, votre gazon peut jaunir, mais ce n’est que la dormance estivale, un phénomène naturel. Quand la pluie et la fraîcheur reviendront, il reverdira, tout simplement. »

Transformer une pelouse existante

Si vous avez un gazon constitué d’une seule variété de graminées (du pâturin des prés, par exemple), vous pouvez le transformer en pelouse durable, résiliente et biodiversifiée. Comment? En l’enrichissant progressivement avec de nouvelles espèces, par exemple de la fétuque durette, de la fétuque gazonnante, du trèfle blanc ou encore du serpolet (une variété de thym).

Edith Smeesters recommande de faire cette opération – aussi appelée sursemis – soit au printemps, soit à la fin de l’été. Dans un premier temps, et si votre terrain est très compacté (par le piétinement, par exemple), aérez votre pelouse à l’aide d’un aérateur manuel. Il en existe de plusieurs sortes : rouleau avec des pics; semelles avec pointes à fixer sous vos chaussures; fourche à dents creuses que vous enfoncez dans le sol à intervalles réguliers, de façon à en retirer des « carottes » de terre… « Complétez l’opération avec une application de compost [le terreautage], qui pénétrera facilement dans les trous, poursuit la biologiste. C’est une opération très importante pour régénérer une pelouse abîmée ou pour simplement la stimuler. » Elle conseille un compost commercial bien tamisé à appliquer à la volée avec une pelle, puis le faire pénétrer avec un râteau éventail.

aerateur-manuel - Aérateur manuel
aerateur-pics - Aérateur-rouleau avec des pics

Vous pouvez également nourrir votre terre avec des engrais naturels. Renseignez-vous auprès de votre centre de jardinage pour connaître les quantités à répandre. Sachez toutefois qu’en temps normal, « si vous ajoutez du compost, que vous laissez le gazon coupé au sol et que vous avez du trèfle dans votre pelouse, vous n’avez même pas besoin d’engrais », affirme Edith Smeesters.

Des municipalités écolos

De plus en plus de municipalités québécoises encouragent des pratiques écologiques et durables en matière de jardinage. Aux propriétaires qui ont une pelouse recouverte de pâturin des prés, la Ville de Rosemère, par exemple, recommande « d’améliorer à long terme la santé de [leur] pelouse en y ajoutant chaque année d’autres types de graminées ».

En 2021, Laval est quant à elle devenue la première ville au Québec à bannir le glyphosate – l’ingrédient actif du désherbant commercialisé sous le nom de Roundup – de son territoire.

Pour sa part, la Municipalité de Saint-Bruno-de-Montarville « interdit en tout temps l’arrosage manuel » (avec un tuyau relié au réseau de distribution) pour la pelouse. Enfin, certaines municipalités adoptent des approches plus globales. Saint-Zotique, en Montérégie, a ainsi approuvé en 2019 un Règlement portant sur le programme d’initiatives pour la lutte [contre les] changements climatiques. Il comprend un volet sur l’entretien et la tonte de la pelouse, et un autre sur l’octroi d’une subvention pour l’achat de matériel écoresponsable (moins polluant) et favorisant l’herbicyclage (une lame déchiqueteuse pour tondeuse, par exemple).

>> À lire aussi : Les bienfaits du jardinage écologiqueL’ABC d’un premier potager et Jardins d’intérieur : 12 modèles testés

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  • Par PEDRO PIQUERO
    01 Mai 2022

    j'aimerais que vous poubliez l'endroit ou se procures le pâturin des prés,ainsi qie les les autres produits que vous parlez,deux centres du jerdinage que j'ai visites,ils avain des semences ordinaires ainsi que du treffel blanc en me dicant que le micro treffle ca valait rien ????

  • Par LOUIS MARIE POISSANT
    26 Avril 2022

    Vous écrivez : "En effet, l’enjeu est de taille et les pelouses, publiques comme privées, peuvent aider à réduire les îlots de chaleur en milieu urbain. Comme le détaille Guillaume Grégoire, une pelouse durable résiste mieux aux épisodes de canicule, aux maladies et aux infestations (de vers blancs, par exemple)."
    Ouf ! Ce n'est pas faux, c'est ce que j'étudiais à l'université Laval vers 1978...
    Il est évident que l'évapotranspiration est supérieure à celle de l'asphalte, au même titre qu'un visage avec barbe courte réchauffe plus qu'un visage imberbe. C'est le moins mauvais de deux maux.
    Dans les pelouses bucoliques d'Irlande et d'Ecosse, où le manque de terre labourable laissait les prés broutés rasés par les brebis. De là les manoirs des riches et cette manie d'imiter les riches bourgeois typiquement nord-américaine. Les graminées courtes , même avec -horreur - un peu de trèfle blanc, est le pire écosystème pour la gestion des pluies en milieu urbain au Québec en été. Je m'inquiète de cette propension de la revue de donner si peu d'espace et d'importance à une vision globale, systémique.