Vacances à la maison : reposantes, mais pas plates!

Si 57 % des Québécois prévoient passer leurs vacances dans la province cet été, 17 % d’entre eux disent vouloir rester à la maison, selon le sondage annuel de CAA-Québec sur les intentions de vacances.

L’enseignante au secondaire et mère de deux jeunes enfants Gabrielle Donais est du nombre encore cet été, puisque son conjoint ne peut pas prendre de vacances en même temps qu’elle. De plus, pour limiter son impact environnemental, elle évite désormais les voyages en avion, qui demandent en outre trop d’organisation et d’énergie avec des petits. Loin de s’en plaindre, la femme de 34 ans apprécie beaucoup ce que son quartier de Pointe-Claire et les alentours ont à offrir.

« On va se promener à vélo, jouer au parc avec les amis, aller à la plage, s’amuser dans la cour, fréquenter les bibliothèques et les piscines municipales... », indique la mère d’une fillette de 5 ans et d’un bambin d’un an et demi. Et, évidemment, ils visiteront quelques fois Zoo Ecomuseum, à Sainte-Anne-de-Bellevue, puisqu’ils possèdent un abonnement annuel à cet endroit. « J’ai l’impression que les enfants adorent ça! » lance d’ailleurs l’enseignante à propos de ces vacances en toute simplicité.

« Quand les enfants sont petits, les parents ont souvent l'impression qu'il faut faire et découvrir un paquet de choses, alors que tout ce dont ont besoin les enfants, c'est d'avoir des parents reposés et présents pour eux », confirme la psychologue Nathalie Parent.

Ainsi donc, passer les vacances chez vous est peut-être la solution pour vraiment vous reposer et rompre avec le rythme effréné des obligations quotidiennes… et pour donner un peu de répit à la planète comme à votre portefeuille!

À l’écoute de vos besoins

Entre les questions de vos collègues et votre fil Instagram, peut-être ressentez-vous une certaine pression pour faire quelque chose hors de l’ordinaire pour vos vacances… En effet, cette pression sociale est bien présente, surtout depuis la fin de la pandémie de COVID-19 et ses périodes de confinement, de l’avis de la psychologue Nathalie Parent.

« Il faut se ramener à soi et se demander : quels sont mes besoins à moi, maintenant? Quels sont les besoins de la famille pour ces vacances-là? C’est ça qui est important », explique-t-elle. La psychologue rappelle qu’il peut être très satisfaisant de se connecter à soi-même et à ses envies; bref, de ne pas faire les choses pour les autres ou pour les apparences. 

C’est d’autant plus vrai qu’organiser et faire un voyage ici ou ailleurs peut se révéler très énergivore, ce qui ne garantit donc pas le repos et la détente. Vos finances sont aussi à considérer. Planifier un voyage maintenant engendrera-t-il du stress chez vous à votre retour? Reviendrez-vous endetté? Si la réponse à ces questions est oui, c’est un pensez-y-bien.

Avec l’incertitude économique actuelle, Florence (un prénom fictif, puisqu’elle préfère demeurer anonyme) a justement préféré jouer de prudence, même si l’envie de voyager est bien présente de son côté. « Je ne veux pas me serrer dans mon budget pour passer des vacances à l’étranger », fait valoir la femme de 45 ans. Résultat : elle passera ses vacances avec son fils à Montréal… ce qui ne veut pas dire qu’elle prévoit rester confinée entre les quatre murs de son condo ! Au contraire, elle a l'intention de meubler ses semaines sans boulot de sorties et d’escapades.

Florence ne possède ni voiture ni cour arrière, si bien qu’elle doit rivaliser d’inventivité pour rendre les vacances ludiques et excitantes pour elle et son grand garçon de 7 ans. « J’aime créer de petites aventures pour nous sortir de la routine et explorer la ville et les environs », dit-elle. Un exemple : une journée débutant dans le Vieux-Montréal devient mémorable en utilisant la navette fluviale pour se rendre au parc Jean-Drapeau, y pique-niquer et s’y baigner.

L’importance de « s’ennuyer »

Il est primordial de laisser cours à l’imagination des enfants, ce qu’il n’est pas toujours possible de faire au quotidien ou même pendant des vacances d’été réglées au quart de tour.

« Ce qui aidera les enfants, c'est qu'ils puissent s'ennuyer de temps en temps, car ça stimulera leur créativité, leur imagination et leur inventivité, soutient la psychologue Nathalie Parent. Quand ils ne savent pas quoi faire, c'est là qu’ils créent des choses, par des jeux de rôles, du bricolage ou diverses activités, et ça, c’est bénéfique pour le cerveau, pour la santé psychologique et pour la réparation du niveau de stress. »

Attention, toutefois : la psychologue, qui est aussi l’auteure de plusieurs ouvrages sur les enfants, souligne que « ne rien faire » ou « s’ennuyer » se fait sans la télévision, l’ordinateur, le téléphone ou la tablette. « Les écrans peuvent être une fuite facile, mais ce n’est pas une façon de se retrouver avec soi-même », dit-elle.

Évidemment, il y a moyen d’être plus flexible à l’occasion pour ce qui est du temps d’écran, par exemple en proposant aux enfants une journée « cinéma maison » par temps pluvieux. « Il faut se donner du temps sans écrans et du temps pour se laisser aller un peu… Tout est dans l’équilibre, en fait! » résume Nathalie Parent.

L’art de décrocher

Décrocher avec un grand D à la maison, surtout à l’ère du télétravail, est-ce vraiment possible? « Il faut se donner les moyens de le faire, par exemple ne pas aller lire ses courriels, voire ne pas aller dans son bureau si on travaille de la maison », insiste Nathalie Parent.

« Juste rêvasser, prendre le temps de relaxer et d’aller à son rythme, ça, c’est réparateur », ajoute-t-elle. Cependant, pour vous sentir réellement satisfait de votre congé, il vous faudra aussi miser sur le plaisir, la découverte ou l’émerveillement en faisant des choses qui vous sortent de votre quotidien.

En effet, selon la psychologue, des études démontrent que pour avoir de « vraies » vacances qui aident le corps autant que le cerveau, deux types d’occupations sont essentiels, où que vous soyez :

1. Des activités qui favorisent le repos et la détente, comme lire, jardiner ou lézarder au soleil, si ce sont des activités qui vous plaisent et vous apaisent.

2. Des activités stimulantes, par exemple aller au musée, au cinéma ou au théâtre (si vous ne prenez jamais le temps de le faire), apprendre un instrument de musique, essayer une nouvelle activité sportive, etc.

Et le ménage dans tout ça? Évidemment, rien ne vous oblige à oublier complètement les tâches ménagères du quotidien. Si vous désirez en profiter pour donner un grand coup et finalement trier les vêtements des enfants ou faire le ménage du garage que vous reportez depuis deux ans, allez-y! Malgré tout, assurez-vous que les corvées ne prennent pas trop de place et qu’elles ne vous empêchent pas de vous amuser.

Entre spontanéité et organisation

Vous l’aurez compris, les vacances se veulent le moment approprié de sortir d’un cadre strict et de faire place à la spontanéité : une heure de réveil flexible, un horaire laissant place aux envies du jour… Néanmoins, un équilibre est nécessaire si vous ne voulez pas non plus nuire aux besoins de stimulation, comme le signale Nathalie Parent.

« Chaque membre de la famille peut dresser une liste de ce qu’il a vraiment envie de faire, de découvrir ou d’essayer pendant les vacances, suggère la psychologue. Par exemple, chaque parent peut écrire une activité pour lui-même, une autre pour le couple et une activité pour la famille. » Un tel aide-mémoire vous sera utile les jours où l’inspiration vous manque, ou alors pour mettre à votre agenda les plus incontournables ou rassembleuses de ces idées.

« Se mettre dans cet état, soit penser aux vacances qui s’en viennent et à ce qu’on aimerait faire, c’est se projeter et, déjà, ça peut nous procurer du bien-être », souligne-t-elle.

Jouer au touriste dans votre région

Les vacances à la maison représentent le moment idéal de découvrir (ou redécouvrir) votre propre région. Florence, par exemple, a prévu passer une nuit dans un hôtel avec piscine à Montréal, pour s’amuser et changer d’air avec son fils. Avec ou sans son enfant, la citadine aime redécouvrir sa ville à travers ses musées, ses restaurants, ses festivals et ses quartiers aux différents visages.

Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, prêche évidemment pour sa paroisse quand il vous suggère de visiter le site web de Bonjour Québec, un bon point de départ qui vous mènera d’ailleurs aux sites des différentes associations touristiques régionales et locales.

« Allez voir ces sites comme le ferait un touriste et vous découvrirez les perles qu’on met en valeur pour votre propre région. Vous aurez des surprises! » lance-t-il avec enthousiasme. Ainsi, vous découvrirez peut-être qu’une entreprise offre des randonnées de planche à pagaie sur le plan d’eau près de chez vous ou qu’un parc urbain situé à quelques coins de rue propose une séance de cinéma hebdomadaire en plein air.

Soyez curieux et attentif aux attraits qui vous entourent. « Un élément qui est sous-estimé – parce qu’on ne les remarque plus toujours à force d’avoir le nez collé dessus –, ce sont les fameux panneaux bleus touristiques », croit Martin Soucy. Bleuetières, sentiers, vignobles, observatoires : on dénombre plus de 9 000 panneaux de la sorte dans la province. « En y portant attention, vous découvrirez peut-être une merveille dont vous n’aviez pas connaissance tout près de chez vous », poursuit-il.

Lui-même et sa famille ont découvert de cette façon, en s’installant à Québec, un sentier qui se trouve près de leur maison. « À marée basse, ça nous permet de marcher sur le bord du fleuve jusqu’à un petit casse-croûte et de revenir, raconte Martin Soucy. Quand on regarde ça, on s’étonne d’être chez nous! »

4 suggestions pour profiter de l’été à peu de frais

Partez à l’aventure… en transport collectif

Au-delà des transports en commun présents dans les différentes municipalités, plusieurs moyens permettent aux citadins sans voiture, ou qui désirent réduire leurs déplacements en solo, de visiter des espaces naturels. Par exemple, l’entreprise Navette Nature (ou NANA) propose un transport en autobus scolaire pour visiter de nombreux parcs nationaux et régionaux à partir du centre-ville de Montréal. Le transport vers trois parcs-nature de l’île est même offert gratuitement! De même, que vous soyez à pied, à vélo ou en patins à roues alignées, regardez du côté des navettes fluviales de Montréal (entre l’île Sainte-Hélène, Longueuil et le Vieux-Port de Montréal) et de celles de l’entreprise Navark, qui propose de multiples trajets et destinations; par exemple de Châteauguay à Lachine, de Varennes à Repentigny ou de Longueuil à l’île Charron.

Enfourchez votre vélo

Le réseau de voies et pistes cyclables est bien développé au Québec. Pensons seulement à la Route verte, qui sillonne de multiples régions et parcs nationaux : dépassant les 5 300 km, elle formerait le plus grand itinéraire cyclable d’Amérique du Nord, selon son site web, qui suggère de nombreuses idées d’escapades. (Si vous souhaitez transporter vos montures dans d’autres régions, jetez un coup d’œil à notre guide d’achat de porte-vélos.)

Visitez les bibliothèques

Plusieurs activités pour jeunes y sont organisées, comme l’Heure du conte ou un club de lecture estival. Dans les plus grandes municipalités (comme Montréal, Québec, Sherbrooke et Longueuil), une seule carte d’abonnement – gratuite pour les résidents –permet de faire des emprunts dans plusieurs établissements.

Repérez les fêtes de quartier et les festivals 

« Au-delà des grands événements, comme le Festival d’été de Québec ou ceux de la place des Festivals, à Montréal, il y a des spectacles et des festivals gratuits dans chacune des régions », mentionne Martin Soucy. Au même titre, pourquoi ne pas prendre en note quelques dates de festivités dans les différentes villes près de chez vous pour profiter des feux d’artifice, des jeux gonflables et d’autres activités? Par exemple, la Ville de Terrebonne, dans Lanaudière, célèbre son 350^e anniversaire tout l’été. Parmi les activités au programme : AVA – Terrebonne au fil de l’eau, un spectacle aquatique multimédia.

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