La plupart des Québécois sont préoccupés par l’environnement. Le Baromètre de l’action climatique 2022 le confirmait en janvier dernier : 85 % d’entre eux posent des gestes pour l’environnement et 86 % estiment qu’il est nécessaire d’agir au plus vite pour freiner les changements climatiques.
Dans un reportage sur les logos aux prétentions vertes publié l’an dernier, nous avions mentionné des exemples d’entreprises qui répondaient aux préoccupations écologiques de leur clientèle de façon très maladroite, voire trompeuse.
Keurig Canada, par exemple, indiquait que ses capsules de café étaient recyclables dans tout le Canada. Dans les faits, elles l’étaient seulement au Québec et en Colombie-Britannique. Le Bureau de la concurrence lui a infligé une amende de 3,8 millions de dollars pour ne pas avoir fourni de bonnes informations aux consommateurs.
Plainte contre Shell
La pétrolière Shell fait aussi l’objet d’une plainte au Bureau de la concurrence. Avec son programme Adoptez une conduite carboneutre, elle propose de compenser les émissions de gaz à effet de serre que produisent les automobilistes dans leurs déplacements s’ils payent avec son système Shell AutoPayé et qu’ils optent pour l’essence V-Power. Cette initiative s’inscrit dans sa stratégie pour atteindre la carboneutralité en 2050.
Greenpeace Canada, qui a déposé la plainte, conteste les déclarations de carboneutralité faites par Shell et lui reproche de tromper les consommateurs. Salomé Sané, chargée de la campagne Nature et Alimentation de l’organisation, nous indiquait ces derniers jours que la plainte est toujours à l’étude au Bureau de la concurrence. « Étant donné que cette même publicité a été retirée aux Pays-Bas vu son aspect mensonger, nous avons bon espoir que ce sera également le cas ici », a ajouté Salomé Sané.
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Des reproches à Énergir
Plus récemment, la coalition Sortons le gaz !, qui rassemble entre autres Greenpeace Canada, la Fondation David Suzuki, Équiterre et Écohabitation, a porté plainte contre Énergir devant l’Office de la protection du consommateur (OPC). Elle accuse le distributeur de gaz naturel « de représentations fausses et trompeuses » pour avoir proposé à sa clientèle de payer un supplément afin d’inclure de 30 à 100 % de gaz naturel renouvelable (GNR) « à leur profil de consommation ». Dans son site internet, Énergir les invite à « ⦋faire⦌ partie des premiers clients à choisir ⦋le GNR⦌ » et à « passer à une énergie propre ».
Le hic, c’est qu’Énergir ne possède pas un réseau pour le gaz naturel fossile et un autre pour le GNR. Toutes les molécules sont mélangées. Alors, même si vous payez le surplus, vous ne recevez pas du GNR dans les proportions demandées. Environ 1 % de l’approvisionnement d’Énergir vient de sources renouvelables. La Presse et Radio-Canada ont rapporté que des clients ont réclamé un remboursement quand ils ont compris ce qui était acheminé dans leurs tuyaux.
Énergir s’est défendue d’induire ses clients en erreur. Dans un courriel qu’elle leur a envoyé, l’entreprise explique que « lorsque vous achetez du GNR, vous obtenez la garantie qu’une quantité équivalente a été achetée auprès d’un producteur et injectée dans le réseau d’Énergir, en remplacement du gaz traditionnel. »
On verra ce que conclura l’OPC au sujet des messages d’Énergir à propos du GNR ou même ce que le Bureau de la concurrence décidera au sujet du programme de Shell. Dans tous les cas, les entreprises doivent se le tenir pour dit : les consommateurs veulent faire leur part pour l’environnement, mais ils veulent avoir l’heure juste.
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