Quand la collègue Clémence Lamarche a proposé de défendre les pelouses imparfaites, je me suis dit qu’il s’agissait en effet d’un sujet suscitant les débats. Qui ne s’est pas acharné à arracher les pissenlits de son gazon ? Mais l’heure à laquelle vous poussez votre tondeuse sur votre bout de terrain entraîne aussi des points de vue irréconciliables, ai-je pensé.
Je suis la première à pester contre le voisin qui fait vrombir sa tondeuse en pleine heure du souper le samedi soir. Est-il obligé de faire autant de bruit quand on s’assoit avec des proches pour déguster le repas qu’on a préparé avec cœur et soin, et non pas en hâte comme le reste de la semaine ?
En parcourant les médias sociaux, je me suis rendu compte que les positions sont encore plus tranchées. « Pas plus de 17 h. » « Pas avant midi. La grasse matinée, c’est sacré. » « Pas le samedi et le dimanche à l’heure du souper. »
Et il y a ceux qui défendent la liberté absolue : « Tu fais ton gazon quand tu peux. Point final. »
Des règlements municipaux
Pour assurer une bonne entente entre voisins, des municipalités ont réglementé les heures où vous pouvez entretenir votre pelouse. Si vous ne les respectez pas, vous vous exposez à des amendes de 100 à 200 $ s’il s’agit d’une première infraction.
À Rimouski, la tonte de gazon est permise entre 7 et 21 h. Même chose à Lavaltrie et Saint-Basile-le-Grand. Saguenay a repoussé l’heure limite en soirée à 22 h et Sherbrooke, à 23 h. Des villes comme Saint-Jean-sur-Richelieu et Laval ont opté pour des horaires variables selon le jour de la semaine.
À cela, il faut ajouter les règlements qui obligent l’entretien des pelouses. Mont-Laurier et Gatineau exigent que les herbes ne dépassent pas 20 cm. Alors, pas question de procrastiner trop longtemps pour la coupe du gazon !
Se présenter à ses voisins
Après avoir pris connaissance de l’horaire de votre municipalité, il faut trouver le moment qui convient à votre emploi du temps et qui ne perturbe pas l’harmonie de votre quartier. C’est là que ça se corse… Vous vivez peut-être à proximité d’adeptes de grasse matinée, de jeunes enfants qui font la sieste en après-midi ou de travailleurs nocturnes. Toutes les heures, il y a une bonne raison de ne pas sortir la tondeuse.
Pour tenter de trouver une heure acceptable, la spécialiste de l’étiquette, Julie Blais Comeau, propose de vous présenter à vos voisins et de les informer de votre horaire s’il comporte des particularités. « Il s’agit de garder les gens au courant de votre quotidien », explique-t-elle.
Discuter des irritants
Si la conduite de l’un de vos voisins vous agace, il suffit de lui en faire part. Pas de message anonyme, au risque qu’un climat de méfiance s’installe dans votre voisinage. Privilégiez plutôt une conversation face à face.
« Mais on va attendre un moment opportun, recommande Julie Blais Comeau, et parler des faits selon notre perspective. »
La spécialiste de l’étiquette en a fait l’expérience. Son voisin, avec qui elle entretenait une bonne relation, avait pris l’habitude de tondre sa pelouse le dimanche, à l’heure du souper, juste avant d’aller assister au match de soccer de fiston. « Et il avait un grand jardin. Ce n’était pas une affaire de dix minutes », souligne-t-elle.
Au bout de quelques semaines, Mme Blais Comeau a pris son courage à deux mains et lui a demandé s’il n’y avait pas « un moment plus opportun et mutuellement convenable » pour effectuer une telle corvée.
« Il a très bien compris, rapporte-t-elle. [Le dimanche soir], ça lui adonnait. Il n’avait jamais pensé que, pour moi, il y avait un décalage d’horaire. »
C’est sans nul doute le meilleur dénouement qui peut se produire, mais ça ne se passe pas toujours ainsi. D’où l’importance d’entretenir de bonnes relations avec vos voisins. Ils seront plus ouverts à écouter vos doléances, estime Julie Blais Comeau.
Cela dit, vous côtoyez quotidiennement non pas un, mais plusieurs voisins qui ont chacun leur horaire et leurs sensibilités. La tonte de gazon le samedi, en fin d’après-midi, peut convenir à l’un, mais horripiler profondément l’autre.
Que voulez-vous, à l’impossible nul n’est tenu…