Nous croisons une brigadière scolaire, Dominique. Elle s’assure que les automobilistes ont bien arrêté leur véhicule quand nous traversons un boulevard très achalandé à la rentrée des classes. « Faites attention ! Il y a des fous partout », nous a-t-elle lancé quelques jours après le retour des enfants sur les bancs d’école.
Des automobilistes qui filent à vive allure, qui frôlent les piétons, qui négligent d’immobiliser leur voiture aux arrêts obligatoires ou qui l’arrêtent dans des zones interdites… Dominique en a vu de toutes les couleurs en l’espace de quelques jours… devant une école ! « Et c’est la même chose pour tous mes collègues », m’a-t-elle confié.
En tant que parent, il y a lieu de s’inquiéter. D’autant plus que peu d’automobilistes respectent les limites de vitesse dans les zones scolaires. Au cours d’une « activité d’observation » menée en octobre 2022, la Fondation CAA-Québec a constaté que 92 % des automobilistes circulaient trop vite à proximité d’une école de Québec. Ce pourcentage grimpait à 96 % près d’un établissement scolaire de Montréal.
N’empêche, à un certain âge, les enfants ont besoin de plus d’autonomie. C’est le cas de ma fille, qui est en sixième année. Elle revient donc de l’école par elle-même à pied ou à vélo. Avant de la laisser aller seule, je lui ai montré quelques comportements à adopter… dans l’espoir qu’elle ne soit pas la cible d’un chauffard.
Le bon trajet
J’ai d’abord déterminé avec elle le trajet le plus sécuritaire pour se rendre à l’école et en revenir. Le chemin est bordé de pistes cyclables et de trottoirs. Il y a en plus une traverse piétonne et une intersection, toutes les deux supervisées par des brigadières scolaires.
Piétons Québec conseille aux parents d’effectuer quelques fois le parcours avec leur progéniture. « Accompagner les enfants à pied vers l’école lorsqu’ils sont plus jeunes leur permet de se familiariser avec le trajet et leur quartier, et d’apprendre à marcher en toute sécurité », indique la directrice générale, Sandrine Cabana-Degani.
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Les règles de sécurité routière
Comment traverser une intersection ? De quel côté de la route est-il préférable de marcher ou de rouler à vélo ? Que faire s’il n’y a pas de trottoir ? Selon Magali Bebronne, directrice des programmes chez Vélo Québec, les enfants doivent apprendre les règles de sécurité routière : les explicites, comme les priorités de passage aux intersections, mais aussi les plus implicites, comme anticiper les comportements. Par exemple, à vélo, il ne faut pas frôler de trop près les voitures stationnées pour éviter un emportiérage.
Pour aider nos enfants à bien comprendre toutes les règles de la route, il existe plusieurs outils pédagogiques. Par exemple, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a conçu une série de capsules vidéo et des jeux interactifs pour les enfants âgés de 5 à 8 ans. Une vidéo a également été produite pour les élèves du primaire dans le cadre de la campagne de sensibilisation À l’école à pied ou à vélo… je suis capable, lancée à Gatineau en 2015. Vélo Québec a aussi créé le programme Cycliste averti pour les élèves de 5e et 6e années du primaire.
Au-delà de toutes les règles de sécurité routière, j’ai conseillé à ma fille de faire preuve de patience. Par exemple, à une intersection, il est préférable qu’elle attende que l’automobiliste la regarde et lui fasse signe de traverser. S’il ne tourne même pas le visage vers elle, mieux vaut patienter quelques secondes.
Les autobus scolaires
Quand nous arrivons à vélo, ma fille et moi devons passer juste à côté du débarcadère des autobus scolaires pour entrer dans la cour d’école. Nous débarquons alors de nos vélos et nous marchons sur le trottoir afin d’éviter les conflits sur la chaussée.
Jetez un coup d’œil aux capsules vidéo ludiques intitulées Les aventures de Sam et Bloup, de la Fédération des transporteurs par autobus. Elles montrent les bons comportements à adopter près d’un autobus jaune, mais aussi à l’intérieur. Il y a également un livre sur les péripéties des deux personnages que j’ai lu à ma fille. Vous pouvez sûrement le trouver à votre bibliothèque municipale.
Le principe de prudence
Bien entendu, je peux montrer à ma fille le bon comportement à adopter à vélo ou à pied. Mais je ne contrôlerai jamais celui des automobilistes qui ne réalisent pas que conduire une voiture est un privilège et non un droit. Un privilège qui s’articule autour d’une responsabilité primordiale, celle « de faire preuve d’une prudence accrue à l’égard des usagers plus vulnérables » (art. 3.1, Code de la sécurité routière).
Des organismes comme Piétons Québec et Vélo Québec insistent d’ailleurs à longueur d’année sur l’importance de mieux cohabiter sur la route, notamment en réclamant de nouveaux aménagements et des mesures de coercition pour ralentir la vitesse dans les rues. Les municipalités relaient le même message. La Ville de Laval tente ainsi d’inciter les automobilistes à lever le pied dans une nouvelle campagne de sensibilisation plutôt colorée mettant en vedette le chanteur Claude Bégin. La Ville de Montréal emboîte le pas en équipant les sacs à dos des enfants de radars de vitesse, à l’instar des municipalités de Saguenay, Rivière-du-Loup et Longueuil.
Et je fais de même avec cette chronique. Automobilistes, soyez prudents. Ralentissez. Ne heurtez pas ma fille.
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