Tesla n’aime (vraiment) pas les traitements antirouille

Tesla refuse de couvrir la réparation de la suspension de certains véhicules qui ont reçu un traitement antirouille, blâmant l’application d’un tel traitement. Selon au moins un garagiste québécois, non seulement le constructeur ne recommande-t-il pas l’application d’un traitement antirouille sur ses véhicules, mais cela a pour effet d’annuler automatiquement sa garantie, au moins sur certaines réparations.

À l’Association pour la protection des automobiliste (APA), on constate que Tesla a des ennuis généralisés avec la suspension de certains de ses véhicules. Les propriétaires de « beaucoup de Tesla au Québec » ont eu à faire remplacer les bras de suspension de leur véhicule, indique George Iny, directeur de l’organisme. « Normalement, c’est couvert par la garantie », assure-t-il. Pour que la garantie ne soit pas applicable, « il faudrait déterminer si un antirouille peut contribuer à la détérioration » de la pièce de suspension, ajoute George Iny.

Le simple fait de s’occuper de son véhicule ne devrait pas annuler la garantie du constructeur, ajoute Éric Bolduc, propriétaire de l’atelier Antirouille Bolduc, spécialisé dans les véhicules Tesla. « C’est insensé. Un constructeur ne peut pas annuler la garantie sur ses véhicules parce que leurs propriétaires veulent en prendre soin », dit-il.

L’entrepreneur ajoute que le problème s’étend aussi du côté de certains concessionnaires Hyundai et Kia qui refusent de passer certaines réparations sous la garantie du constructeur sous prétexte que ce dernier « ne recommande pas » l’application d’un traitement antirouille. « Ne pas recommander, ce n’est pas comme interdire », dit Éric Bolduc.

Aluminium et corrosion

Une des raisons pour lesquelles des constructeurs garantissent leurs véhicules contre la rouille et déconseillent d’appliquer un traitement est qu’ils utilisent des matériaux comme l’aluminium dans leur fabrication. C’est connu : l’aluminium ne rouille pas. Or, fine nuance : il peut quand même être victime de corrosion. Et le résultat est le même : le métal peut se perforer s’il n’est pas protégé.

En gros, la corrosion est une détérioration du métal et de certains polymères provoquée par l’oxydation, alors que la rouille est la corrosion de l’acier due à l’oxydation et à l’humidité. Les alliages à base d’acier peuvent être victimes de rouille.

Les cas de Tesla qui présentent de la rouille et de la corrosion prématurément sont documentés. Dans certains cas, on a observé de la corrosion sur des véhicules âgés de moins de trois ans. Chez Antirouille Bolduc, où on dit avoir traité plus d’une dizaine de milliers de Tesla au fil des ans, on indique avoir déjà refusé dans le passé de tels véhicules car certains composants étaient déjà « rouillés de bord en bord ».

« Tesla fabrique ses véhicules très rapidement et parfois, il va coller de l’acier sur de l’aluminium, ce qui accélère la corrosion et la rouille », observe Éric Bolduc. Cela se produit même si le constructeur assure avoir appliqué suffisamment de colle entre les deux pièces pour éviter qu’elles entrent en contact.

À l’Office de la protection du consommateur (OPC), on confirme, sans pouvoir les dénombrer, qu’il y a bel et bien des clients qui se sont plaints d’un non-respect de la garantie par le constructeur. L’organisme se garde bien de tirer une quelconque conclusion, mais fournit l’information nécessaire aux consommateurs qui se sentent lésés. « Les plaignants reçoivent une trousse d’information qui leur explique comment exercer un recours civil pour forcer le constructeur à honorer les garanties. Ils sont invités à remplir un formulaire de mise en demeure, première étape avant d’avoir recours au tribunal, le cas échéant », explique Charles Tanguay, porte-parole de l’OPC.

Tesla, qui ne possède pas de service de relations avec les journalistes et qui refuse toute demande provenant d’un média, n’a pas répondu à nos questions à ce sujet.

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