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Comment choisir un compte chèques ou d’épargne

Par Karl Rettino-Parazelli
Comment choisir un compte chèques ou d’épargne beast01/Shutterstock.com

Les banques tentent de vous attirer avec des intérêts élevés, des frais réduits et même des cadeaux. Voici comment faire un choix éclairé.

Vos besoins
Les intérêts
Les frais
Les offres promotionnelles
S’éparpiller ou non?
La protection
L’empreinte environnementale
Comment changer de banque

À une époque pas si lointaine, deux types de comptes bancaires bien distincts s’offraient à vous : un compte chèques, dans lequel vous gardiez l’argent utilisé pour vos dépenses courantes, et un compte d’épargne, qui servait à mettre de côté vos surplus pour les faire fructifier légèrement, tout en les gardant à portée de main.

Cependant, la ligne très claire qui séparait autrefois ces deux produits financiers est désormais en train de s’estomper, voire de s’effacer. Plusieurs institutions financières en ligne, qu’on appelle des banques virtuelles, offrent aujourd’hui des comptes courants qui cumulent les deux fonctions : payer les achats quotidiens, tout en générant des intérêts.

C’est par exemple le cas du compte Cash de Wealthsimple, qui rapporte actuellement des intérêts d’au moins 3,25 % (jusqu’à 4,25 % si vous avez 500 000 $ d’actifs et plus), ou encore du compte courant de la Banque EQ, qui offre jusqu’à 4 % d’intérêts. Dans les deux cas, vous ne payez aucuns frais mensuels.

« Nous avons décidé de créer ce compte hybride parce que la séparation entre les comptes chèques et d’épargne a été créée artificiellement par les grandes banques, et elle n’est pas profitable pour les clients, soutient Mahima Poddar, première vice-présidente et responsable des services bancaires aux particuliers à la Banque EQ. Rien ne devrait empêcher les Canadiens de générer du rendement sur leurs dépôts, qu’il s’agisse d’argent placé dans un compte chèques ou un compte d’épargne. »

L’embarras du choix

Cette nouvelle réalité ouvre un monde de possibilités aux clients qui se demandent à qui confier leurs précieux dollars. Des clients comme Nadine Gravel, une comptable professionnelle agréée dans la trentaine qui a déjà été cliente de Desjardins, de la TD, de la Banque Nationale du Canada (BNC) et de la Banque de Montréal (BMO), et qui a décidé d’ouvrir un compte Cash Wealthsimple en janvier dernier.

Jusqu’à maintenant, l’expérience s’avère positive pour elle. La comptable se dit charmée par le taux d’intérêt élevé, l’absence de frais mensuels et la qualité du service à la clientèle. « Je suis en phase “test” », dit-elle : environ 80 % de ses liquidités se trouvent dans son compte Cash, tandis que le reste est déposé dans un compte de la BMO, avec laquelle elle a un prêt hypothécaire.

Vous songez vous aussi à ouvrir un compte dans une banque qui vous fait les yeux doux? Voici ce à quoi vous devez réfléchir avant de vous lancer.

Vos besoins

« Pour choisir un compte bancaire, vous devez commencer par cibler vos besoins », affirme Julie Brissette, conseillère budgétaire à l’ACEF de l’Est de Montréal. Une banque virtuelle peut très bien faire l’affaire si vous effectuez seulement des transactions électroniques, mais vous devrez opter pour une banque traditionnelle si la présence d’une succursale à proximité est importante pour vous.

Regardez aussi le nombre de transactions que vous effectuez chaque mois, puisqu’il peut faire varier les frais mensuels du compte que vous choisirez. Pour ce faire, Julie Brissette vous conseille d’éplucher vos relevés de compte des trois derniers mois.

Demandez-vous également quelles sont vos priorités : maximiser vos revenus d’intérêts? Limiter vos frais mensuels? Compter sur un réseau de guichets automatiques étendu? Ces facteurs sont également susceptibles d’influencer votre choix. Si vous retirez souvent de l’argent comptant, vous serez par exemple mieux servi par une banque traditionnelle comportant plusieurs guichets, ou par des banques virtuelles comme la Banque EQ ou Wealthsimple, qui remboursent les frais imposés par n’importe quel guichet au Canada (jusqu’à un maximum de 5 $ dans le cas de Wealthsimple).

Les intérêts

À supposer que ce soient les intérêts qui vous attirent, c’est surtout du côté des banques virtuelles que vous devez regarder. Pendant que Wealthsimple (jusqu’à 4,5 %), la Banque EQ (jusqu’à 4 %) ou Neo (4 %) proposent des taux élevés sur leurs comptes courants ou d’épargne, ceux qu’offrent les institutions financières traditionnelles sont généralement plus bas. Par exemple, un compte d’épargne Desjardins ne rapportait que 1,55 % au moment d’écrire ces lignes.

Les banques virtuelles utilisent les comptes à intérêts élevés pour attirer l’argent de nouveaux clients, comme l’explique Pierre-Benoît Gauthier, vice-président, Stratégie de placement, à IG Gestion de patrimoine. Ces comptes représentent pour elles un « produit d’appel », comparable au poulet en rabais au supermarché, selon son analogie : de la même manière qu’un épicier qui accepte de faire moins d’argent sur sa volaille prête à manger en espérant que les clients rempliront leur panier, les banques virtuelles choisissent d’engranger moins de profits grâce aux comptes courants en espérant en générer autrement, grâce à des prêts ou encore à des frais liés aux placements.

Rappelez-vous cependant que les taux offerts sont sujets à changement. Wealthsimple a par exemple abaissé celui de son compte Cash à la fin du mois de juillet (de 4 à 3,5 %), notamment en raison des récentes baisses du taux directeur de la Banque du Canada.

Les frais

Ils varient grandement d’une institution financière à une autre, et selon le type de compte bancaire que vous convoitez. Les frais sont de 0 $ au sein de plusieurs banques virtuelles, mais ils peuvent atteindre plusieurs dizaines de dollars dans le cas des forfaits les plus dispendieux. Le compte chèques Le Total de la BNC coûte par exemple 28,95 $ par mois pour les 25 à 59 ans.

Il existe néanmoins plusieurs manières de réduire ces frais, ou même de les éliminer complètement. Ainsi, plusieurs banques n’imposent pas de frais mensuels pour leurs comptes chèques si vous y conservez un solde minimal préétabli (généralement quelques milliers de dollars). Certaines offrent également un rabais si vous faites partie d’une certaine tranche d’âge ou si vous avez un profil particulier : étudiant, nouvel arrivant, professionnel, etc.

À titre d’exemple, la TD propose un compte chèques avec transactions illimitées sans frais aux nouveaux arrivants, mais seulement pendant un an. Par la suite, le détenteur doit payer 16,95 $ par mois. Assurez-vous donc de lire attentivement les conditions de chaque offre.

Les offres promotionnelles

Certaines institutions financières vous font profiter d’un taux d’intérêt bonifié ou vous donnent de l’argent si vous déposez un certain montant chez elles, tandis que d’autres offrent carrément un cadeau à l’ouverture d’un compte. C’est le cas de la Banque Royale du Canada, qui remet un iPad aux nouveaux clients qui ouvrent un compte chèques admissible.

Là encore, assurez-vous de lire les conditions liées à ces offres. Pour recevoir l’iPad, il faut par exemple effectuer deux actions parmi les trois proposées, qui comprennent notamment le dépôt direct de votre paie et l’ajout de paiements préautorisés. « On ne suggère pas de changer de compte bancaire simplement pour une offre de 200 $ », illustre Julie Brissette, de l’ACEF de l’Est de Montréal.

S’éparpiller ou non?

Il y a des avantages et des inconvénients à regrouper tous vos produits au sein d’une même institution financière. Dans la colonne des « pour », il y a la possibilité d’obtenir une prime en argent (par exemple une ristourne pouvant atteindre 50 $ chez Desjardins si vous détenez plusieurs produits admissibles), une réduction de frais (comme un rabais mensuel offert par la BNC si vous adhérez à une carte de crédit Mastercard) et peut-être même des conditions plus avantageuses lorsque vient le temps de signer une hypothèque ou de contracter un prêt.

Tout regrouper au même endroit rend aussi la gestion des finances « simple et facile », souligne Julie Brissette, mais à son avis, il est possible de garder le contrôle tout en faisant affaire avec différentes institutions. « Si vous prenez le temps de dresser un portrait clair de votre situation financière, il n’y a pas de problème », résume-t-elle.

Gardez toutefois en tête que plusieurs institutions financières vous obligent à conserver un compte chèques si vous avez une hypothèque avec elles. C’est la raison pour laquelle Nadine Gravel a conservé son compte BMO.

La protection

Avant de déposer votre argent dans une banque, assurez-vous que vos dépôts y sont protégés si l'institution en question fait faillite (par la Société d’assurance-dépôts du Canada [SADC] dans le cas des banques canadiennes, et par l’Autorité des marchés financiers dans le cas de Desjardins). Cette protection est de 100 000 $ par catégorie de dépôt, par personne et par institution membre. Cela signifie que si vous avez un compte chèques de 100 000 $ à la Banque Scotia et un compte d’épargne de 100 000 $ du côté de Tangerine, vous serez par exemple couvert pour 200 000 $.

Le planificateur financier d’IG Gestion privée de patrimoine Maxime Lamoureux estime que vous n’avez pas à vous en faire dans le cas des grandes banques, qui « sont tellement bien provisionnées qu’une faillite est pratiquement impossible ». Pour ce qui est des banques virtuelles, il recommande de déposer 100 000 $ au maximum dans chacune d’elles, « pour ne pas être exposé dans le cas où une banque aurait des problèmes financiers ou de liquidités ».

L’empreinte environnementale

Il est difficile d’évaluer le respect des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) de comptes chèques ou d’épargne, de l’avis de Thomas Estinès, codirecteur du Groupe investissement responsable, qui offre des services-conseils à propos de ces critères. « Il y a plus de matière quand il est question de comptes d’investissement », mentionne-t-il, puisqu’on peut alors évaluer les entreprises incluses dans un portefeuille.

Pour les comptes chèques ou d’épargne, il s’agit plutôt d’évaluer les institutions financières de manière générale, à partir de rapports comme celui que produit le groupe Investors for Paris Compliance (Investisseurs pour la conformité avec l’Accord de Paris; en anglais seulement). « À première vue, il est difficile de départager les six grandes banques canadiennes sur leurs offres », fait cependant remarquer Thomas Estinès. Pour ce qui est des banques virtuelles, on en sait peu au sujet de leur position quant aux questions environnementales, étant donné que leurs obligations de divulgation sont moins grandes que pour les autres institutions financières, d’après le spécialiste.

Comment changer de banque

Si votre choix est fait, il est maintenant temps pour vous d’ouvrir votre nouveau compte et d’y transférer le montant d’argent désiré. Mais attention : « Ça ne se fait pas en claquant des doigts, prévient la conseillère budgétaire Julie Brissette, puisque vous avez des démarches à entreprendre avec votre employeur (pour votre paie), avec les gouvernements (pour les allocations et d’autres transferts) et avec tous vos fournisseurs (pour les factures à payer). Ça demande du temps et de l’attention, pour s’assurer de ne rien oublier. »

Un truc : conservez votre ancien compte ouvert pendant quelques mois, afin de vous assurer que tout arrive et sort du bon endroit. Vous éviterez ainsi des frais pour insuffisance de fonds, qui peuvent s’élever à quelques dizaines de dollars par transaction. Finalement, fermez votre ancien compte (pour ne pas payer de frais d’inactivité) et demandez une preuve écrite, comme le recommande Julie Brissette.

« Si on fait bien ses devoirs avant de changer de banque, je ne pense pas qu’il y a de quoi être craintif », estime Nadine Gravel, qui partage pour l’instant ses dépôts entre Wealthsimple et la BMO. Mais peut-être pas pour longtemps… « Si je vois que tout se passe bien après quelques mois ou quelques années, je serai ouverte à tout transférer vers Wealthsimple », avance-t-elle.

À lire aussi : Comment obtenir jusqu’à 5 % d’intérêts dans votre compte courant

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