Comment encadrer le temps d’écran de vos enfants?
Recommandations d’experts sur le nombre d’heures permises, conseils pratiques, outils technologiques à votre disposition pour les mettre en application : suivez notre guide pour aider vos enfants à faire une bonne utilisation des écrans.
Le temps d’écran recommandé chez les 0 à 5 ans
Le temps d’écran recommandé chez les 6 à 12 ans
Le temps d’écran recommandé chez les 13 ans et plus
Des outils technologiques pour limiter le temps d’écran
Les paramètres à connaître pour les jeux et les réseaux sociaux
Du jeune enfant qui demande à regarder un énième épisode de La Pat’Patrouille sur la tablette à l’ado hypnotisé par les vidéos TikTok sur son téléphone, de nombreux parents peinent à encadrer l’utilisation des appareils numériques à la maison.
D’après l’étude NETendances 2024, de l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval, 55 % des parents au Québec estiment d’ailleurs que leurs enfants ont de la difficulté à se déconnecter d’Internet et des écrans.
Et selon l’Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants de maternelle, de l’Institut de la statistique du Québec, 52 % des enfants de la maternelle passaient plus d’une heure par jour devant un écran en 2022.
La situation a de quoi inquiéter. Dans son livre Génération anxieuse, Jonathan Haidt, psychologue et professeur d’éthique à l’Université de New York, aux États-Unis, ne mâche pas ses mots. « Les écrans mal employés causent irrémédiablement, sinon des retards et des ratés, sinon des ravages : des enfants qui parlent en retard, des écoliers qui s’isolent, des adolescentes qui s’automutilent. »
Heureusement, il y a des moyens – y compris technologiques – pour mieux encadrer l’usage des écrans, et même pour en tirer quelque chose de positif.
Le temps d’écran recommandé chez les 0 à 5 ans
Les premières années de vie représentent la période où le contrôle des écrans est le plus important. « C’est la période où ça a un plus grand impact, parce que le cerveau des enfants se développe de manière exponentielle », explique l’orthophoniste Julie Parent, coautrice du livre Les écrans et nos enfants.
Lorsqu’ils regardent une émission sur une tablette, les jeunes perdent l’occasion de faire autre chose. « Pour se développer, les enfants ont besoin des mouvements dans les jeux libres, ils ont besoin d’interactions sociales et d’explorer leur environnement. Les écrans les privent de tout ça », ajoute la spécialiste.
La Société canadienne de pédiatrie (SCP) recommande aux parents de ne pas accorder de temps d’écran aux enfants de 0 à 2 ans, puis de limiter celui des enfants de 2 à 5 ans à un maximum d’une heure par jour. « Mais [cela] est une limite, pas un idéal à atteindre », nuance Julie Parent.
La SCP suggère aussi d’éviter les écrans au moins une heure avant le coucher, en raison de leurs effets potentiels sur la stimulation et sur la suppression de la mélatonine. Le conseil ne vaut d’ailleurs pas que pour les tout-petits, mais également pour les enfants plus vieux et même les adultes.
3 conseils pratiques pour les tout-petits
- Limitez le plus possible les écrans. Certaines activités sont acceptables, comme le film en famille le vendredi soir ou l’appel vidéo avec les grands-parents, mais le téléphone, la tablette et la console de jeux vidéo sont en général à éviter pour les jeunes enfants.
- Proposez des solutions de rechange. Une table de bricolage le matin ou un lecteur d’histoires audio remplace avantageusement les écrans. Si votre enfant utilise systématiquement ceux-ci pour se calmer, lui donner un bain ou lui lire un livre peut entraîner les mêmes bénéfices.
- Discutez du contenu. À supposer que vous allouiez du temps d’écran à votre enfant, discutez avec lui de ce qui se passe sous ses yeux, pour maximiser vos interactions.
Comment couper?
Peut-être que votre enfant regarde déjà trop les écrans et que vous ne savez pas comment poser des limites. Pour les jeunes enfants, Julie Parent suggère le retrait d’un seul coup plutôt qu’une diminution graduelle. « Ils s’adaptent bien aux changements d’habitudes lorsqu’on les encadre et qu’on met en place les conditions favorables », fait-elle valoir.
Chez les plus vieux, ou lorsque les parents ne se sentent pas en mesure de couper les écrans de façon draconienne, une approche progressive est à privilégier. « Certains auteurs préconisent aussi le retrait complet dans les cas de cyberdépendance, comme on le fait en contexte d’alcoolisme ou de dépendance à la drogue », précise cependant Julie Parent.
Peu importe la méthode choisie et l’âge de l’enfant, le parent doit bien expliquer à son jeune pourquoi le temps d’écran est diminué. Il est aussi crucial qu’il l’accompagne dans la gestion de ses émotions.
Le temps d’écran recommandé chez les 6 à 12 ans
Au primaire, le temps d’écran de loisir (et non consacré aux devoirs, par exemple) des enfants devrait être limité à moins de deux heures par jour, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.
« L’important est toutefois que les autres besoins de l’enfant pour son développement aient été comblés », soutient Sarah Hamel, qui est psychoéducatrice et l’autre autrice du livre Les écrans et nos enfants. « A-t-il eu du temps de jeu libre? A-t-il joué dehors? A-t-il interagi avec d’autres? Si on sent qu’il a eu tout ce dont il avait besoin pour se développer, ce n’est pas grave s’il regarde une émission ou s’il joue à un jeu vidéo », affirme-t-elle.
3 conseils pratiques pour les jeunes du primaire
- Profitez des écrans en famille. Regarder une émission et jouer à des jeux vidéo avec votre enfant permet non seulement de connecter avec lui, mais aussi de mieux contrôler le contenu qu’il consomme.
- Ne leur donnez pas d’appareil personnel. Avant le secondaire, les enfants n’ont pas besoin d’une tablette, et encore moins d’un téléphone, ce qui ne fait qu’encourager leur utilisation des écrans.
- Montrez l’exemple. Limitez votre propre temps d’écran, et déterminez des zones et des temps sans écran pour tout le monde, comme aux repas ou le soir avant de se coucher.
Le temps d’écran recommandé chez les 13 ans et plus
Le monde numérique est une arme à double tranchant pour les adolescents.
Il peut avoir des effets positifs, « y compris les liens sociaux avec les camarades, le sentiment d’identité, l’indépendance par rapport à la famille, l’exploration du monde socioculturel et l’acquisition de l’autonomie », indique un document de principes de la Société canadienne de pédiatrie.
L’adolescence s’avère aussi un moment où les risques d’abus, d’isolement, de dépression et de mauvaise estime de soi sont élevés, surtout en lien avec les réseaux sociaux.
« C’est un âge où le jeune est vulnérable au renforcement externe, comme les J’aime sur Instagram. Une ado qui en reçoit 2 pour une peinture qu’elle a réalisée, mais 35 pour un égoportrait avec un filtre, elle va penser que la photo a plus de valeur que sa créativité », soulève Sarah Hamel.
Aucune limite de temps officielle n’est proposée à cet âge-là. Celle-ci devrait varier d’un enfant à l’autre, et en fonction notamment du type de contenu – dessiner sur une tablette et y regarder TikTok, ce n’est pas la même chose… – et du jeune lui-même.
3 conseils pratiques pour les ados
- Tenez-les loin des réseaux sociaux. L’âge minimal pour les fréquenter devrait être de 14 ou 16 ans, selon les experts.
- Interdisez les appareils dans la chambre à coucher. Les écrans n’y ont pas leur place.
- Ayez des discussions franches et récurrentes. Des dangers des réseaux sociaux au sextage en passant par l’estime de soi, les échanges avec votre jeune doivent non seulement être francs et fréquents, mais également survenir tout au long de l’adolescence, à mesure que les préoccupations changent.
Des outils technologiques pour limiter le temps d’écran
Les téléphones et tablettes Android et iOS sont dotés d’outils qui permettent de calculer et de contrôler le temps d’écran non seulement des enfants, mais aussi des adultes.
Temps d’écran (iOS)
Pour accéder à l’outil de contrôle du temps d’écran sur iOS, allez dans Réglages > Temps d’écran sur l’appareil de votre enfant (ou sur le vôtre, si vous avez déjà créé un partage familial).
Pour instaurer une limite de temps générale, cliquez sur Limites d’apps, puis sur Ajouter une limite. Sélectionnez Toutes apps et catégories, cliquez sur Suivant et indiquez la limite quotidienne.
Vous pouvez aussi, à cet endroit précis, choisir des limites pour certaines applis (p. ex. 15 minutes sur YouTube) ou pour certains groupes d’applications, comme les réseaux sociaux.

- Le menu « Toujours autorisées » permet de définir les applications qui peuvent être utilisées et les contacts qui peuvent être joints, même lorsque la limite de temps d’écran est atteinte.
D’autres fonctionnalités sont proposées sur l’écran Temps d’écran, telle la possibilité de sélectionner des applications qui peuvent toujours être utilisées ou de restreindre l’utilisation de l’appareil pendant certaines heures, comme la nuit. Si votre enfant possède un iPad et un iPhone, activez la fonction Partagez avec les appareils pour combiner le temps des deux.
Sélectionnez finalement Verrouiller les réglages de Temps d’écran sur l’appareil de votre enfant pour protéger ces réglages avec un code à quatre chiffres.
Google Family Link (Android)
Si ce n’est pas déjà fait, téléchargez l’appli Google Family Link sur le téléphone de votre enfant (par l’intermédiaire de la boutique Play Store sur Android) et sur votre propre appareil (iOS ou Android).
Votre enfant aura besoin de son propre compte Google, et ce dernier devra être associé au vôtre. L’installation de Google Family Link vous permettra de le faire, mais vous pouvez aussi passer par les paramètres Google.
Une fois le compte de votre enfant associé au vôtre, accédez à l’onglet Temps d’utilisation des écrans qui se trouve en bas de l’interface sur votre propre téléphone, puis suivez les instructions mentionnées à l’écran pour y rattacher l’appareil mobile de votre enfant.
Cliquez sur Limites de temps pour ajouter une limite quotidienne. Vous pouvez aussi sélectionner « Limites pour les applications » pour restreindre le temps d’usage de certaines applis. Notez que le temps ne compte que pour un seul appareil. Si votre enfant possède un téléphone et une tablette, il vous faudra donc limiter chaque appareil à une heure pour obtenir un total de deux heures.

- En plus de limiter le temps d’écran, l’onglet « Contrôles » de Google Family Link permet de restreindre le contenu accessible à vos enfants.
La section Contrôles de Google Family Link vous permet quant à elle de limiter le contenu accessible aux enfants, notamment sur le Web. Ces restrictions, comme plusieurs autres, peuvent néanmoins être déjouées par les adolescents motivés et habiles avec les technologies.
Et qu’en est-il des consoles?
Les consoles Switch, Xbox et PlayStation offrent toutes des contrôles parentaux, qui permettent de limiter le temps d’utilisation. Celui-ci ne sera toutefois pas lié au temps d’écran Android et iOS.
Les paramètres à connaître pour les jeux et les réseaux sociaux
Dans son rapport déposé en mai 2025, la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes recommande la mise en place d’une majorité numérique interdisant l’inscription et l’accès aux réseaux sociaux avant l’âge de 14 ans sans le consentement des parents. Le psychologue Jonathan Haidt recommande pour sa part de retarder cet accès jusqu’à au moins 16 ans.
Peu importe l’âge choisi, notez que plusieurs réseaux et jeux populaires offrent des paramètres qui vous permettent de contrôler leur usage.

En configurant la supervision parentale sur Instagram, vous serez en mesure de contrôler les paramètres de sécurité et de vie privée ainsi que les préférences de contenu du compte de votre enfant (en plus de l’empêcher de mentir sur son âge pour contourner les protections par défaut).
Cliquez sur Centre familial dans les paramètres de l’application dans votre compte personnel, sur votre téléphone, pour lancer la procédure.

Snapchat
La plateforme de messagerie éphémère Snapchat propose un « centre familial » qui permet de voir les amis de votre ado, de surveiller avec qui il communique et de restreindre le contenu de nature délicate qu’il est susceptible de voir dans les sections Stories et Spotlight (l’équivalent pour Snapchat des vidéos TikTok).
Créez un compte, ajoutez votre jeune comme ami, accédez à la section Réglages de l’application et sélectionnez Centre parental pour lancer la procédure.

TikTok
TikTok contrôle certains paramètres de sécurité par défaut pour les adolescents, mais ces derniers peuvent souvent les modifier eux-mêmes (afin que tout le monde puisse voir leurs vidéos, et non seulement leurs amis, par exemple).
Dans les paramètres de TikTok, dans votre compte personnel et sur votre appareil, cliquez sur Connexion Famille pour associer votre compte à celui de votre enfant et pour pouvoir mieux contrôler ses paramètres de sécurité ainsi que le contenu auquel il a accès.

Fortnite
Fortnite offre aussi un contrôle avancé des paramètres, y compris la possibilité de filtrer les mots grossiers et de contrôler qui peut ajouter votre enfant à sa liste d’amis.
Pour modifier ces paramètres, rendez-vous dans son compte à lui dans un navigateur web. Cliquez sur son nom d’utilisateur, puis sur Compte, et finalement sur Contrôle parental, et entrez un code à six chiffres pour avoir accès aux paramètres et les protéger.

Roblox
Vous devrez vous créer un compte parental sur Roblox, puis l’associer à celui de votre enfant pour pouvoir contrôler ses paramètres, comme le type de jeux auxquels il a accès et qui peut discuter avec lui.
La marche à suivre est assez longue. Suivez les étapes détaillées sur le site web de Roblox pour savoir comment procéder.
À lire aussi : Comment aider votre ado à décoller de l’écran?, Comment configurer le contrôle parental sur vos appareils mobiles et En chiffres : le temps d’écran des jeunes du secondaire

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