Comment aider votre ado à décoller de l'écran?
Votre adolescent passe trop de temps sur son ordinateur ou son téléphone mobile ? Le dialogue et quelques petites stratégies peuvent dénouer bien des situations.
Selon l’Académie de la transformation numérique, presque tous les adolescents utilisent au moins un appareil intelligent et consacrent près de 20 heures par semaine à des activités en ligne. Leur faire lâcher les écrans pour aller jouer dehors ou disputer une partie de cartes peut sembler mission impossible.
Et comment réagir quand, lors d’une visite chez les grands-parents, par exemple, votre plus jeune est absorbé par sa tablette, votre fille dialogue avec son téléphone cellulaire et l’aîné refuse d’interrompre son jeu en ligne ? Le silence autour de la table peut gêner bien des familles…
« Pour beaucoup de parents d’adolescents, les écrans provoquent beaucoup de frustrations », reconnaît Magali Dufour, professeure agrégée au département de psychologie de l’UQAM et spécialiste en cyberdépendance. Mais il n'est jamais trop tard pour entamer le dialogue avec un jeune sur ce sujet.
Des signaux d’alarme
Actuellement, près de 18 % des jeunes sont à risque de présenter un problème d’utilisation d’Internet, selon Magali Dufour, qui a publié l’an dernier un article sur le sujet dans le Journal des psychoéducateurs. Son étude CyberJeunes, menée en 2016, révèle qu’un ado québécois sur cinq admet perdre régulièrement la maîtrise de sa consommation d’Internet, et qu’environ 7 % sont à risque de cyberdépendance.
Quel est le temps d’écran à ne pas dépasser ? Pour bien des parents, c’est la grande question ! Selon la chercheuse, on voit apparaître des problèmes à partir de plus de 4 heures d’écran par jour, ou de 30 heures par semaine. Les jeunes traités pour de la cyberdépendance peuvent jouer jusqu’à 55 heures par semaine. La norme tolérée est plutôt de 2 heures d’écran par jour maximum, et jamais plus d’une heure avant le coucher.
Quand devrait-on commencer à s’inquiéter ? La perte de contrôle est le principal signal d’alarme. Quand l’ado a de la difficulté à s’arrêter, que cela empiète sur son sommeil, sur l’école, sur ses relations avec ses amis, on peut considérer qu’on n’est plus devant une passion, mais qu’on a plutôt affaire à une dépendance.
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Attitude positive
Avant d’en arriver là, il y a moyen de mettre des règles en place. Pour éviter que des temps en famille ou des vacances ne tournent à l’empoignade, on peut aborder le sujet du temps d’écran au moment de planifier les activités de loisirs, afin de ne pas prendre le jeune par surprise. Si vous avez besoin d’aide pour établir un horaire, plusieurs outils sont disponibles sur le site pausetonécran.com ou auprès du Centre cyber-aide.
« Il faut se rappeler qu’on ne doit pas attendre une réponse instantanée de la part de l’adolescent, rappelle Magali Dufour. Le parent doit plutôt l’aider à gérer son temps de jeu et ouvrir une discussion qui ne diabolise pas son activité. »
Elle donne un autre conseil important avant de convoquer les enfants aux agapes familiales : pour éviter la grogne, donnez un préavis d’au moins dix minutes aux jeunes joueurs.
Maude Bonenfant, docteure en sémiologie et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les données massives et les communautés de joueurs, a constaté que l’attitude positive des parents face aux activités en ligne des enfants avait pour effet de diminuer le temps passé sur les écrans.
« À partir du moment où les parents s’intéressent à la pratique de leurs ados et reconnaissent leur passion, ils constatent un changement d’attitude chez eux : plusieurs se mettent à parler davantage, à manger avec les autres au souper, etc. », soutient la Dre Bonenfant.
Et, selon elle, il ne faut pas oublier que le jeu vidéo n’a pas que des effets négatifs. Il permet aux jeunes de développer des habiletés, de nouer des amitiés et de socialiser avec d’autres joueurs, d’être reconnus et valorisés à un âge où ils ont souvent du mal à sortir de leur coquille.
S’il se sent reconnu ou que sa passion en ligne intéresse ses proches, il y a de bonnes chances qu’il soit autour de la table avant que le repas n'ait refroidi !
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