Instagram : des comptes mieux encadrés pour les ados

Plusieurs fonctionnalités pour les comptes d’ados étaient déjà disponibles sur la plateforme, mais elles l’étaient en option, et le jeune ou les parents devaient les activer. D’ici 60 jours environ, tous les comptes pour adolescents deviendront des comptes privés par défaut. Les photos et vidéos publiées ne pourront donc être vues que par leurs contacts.

D’autres outils seront aussi mis de l’avant :

• Seules les personnes que les ados ont décidé de suivre pourront leur envoyer des messages privés ;
• Les jeunes ne pourront être identifiés sur des photos que par leurs contacts ;
• Le contenu sensible bloqué par défaut inclura, par exemple, des vidéos de bagarres, des images montrant des gens en train de fumer, certaines interventions esthétiques et, bien entendu, des contenus à caractère explicite ;
• Les messages et les commentaires seront filtrés pour effacer les propos offensants ou qui s’apparentent à du cyberharcèlement.
• Les adolescents recevront une notification pour leur suggérer de fermer l’application après 60 minutes d’utilisation, et le mode veille est activé par défaut toutes les nuits de 22 h à 7 h le lendemain matin (il met les notifications en sourdine et envoie des réponses automatiques aux messages privés ).

Un ado de plus de 16 ans aura le droit de changer ces paramètres, mais les plus jeunes devront avoir votre permission pour le faire, grâce à l’outil de supervision parentale de la plateforme.

« Ce sont de bonnes mesures, estime Emeline Manson, fondatrice de l’entreprise de formation en prévention des fraudes et en cybersécurité CY-clic. La plupart de ces paramètres devraient être obligatoires pour tout le monde ».

Puis-je restreindre encore plus le compte de mon enfant ?

Le mode de supervision parentale d’Instagram a aussi été bonifié à l’occasion du lancement des comptes pour adolescents.

Si vous voulez contrôler d’un peu plus près les interactions de votre enfant sur la plateforme, vous pouvez maintenant, par exemple, voir avec qui celui-ci a discuté au cours des sept derniers jours (sans être en mesure cependant de lire le contenu des messages).

Vous pouvez également imposer une limite de temps quotidienne à votre ado, l’empêcher d’utiliser Instagram lors de certaines périodes prédéterminées (pendant les heures de cours ou la nuit, par exemple) et présélectionner les sujets des vidéos et des photos qui lui seront présentées dans l’application.

Les adolescents pourront-ils simplement mentir sur leur âge ?

Les adolescents qui souhaitent changer leur date de fête afin de se faire passer pour un adulte devront faire vérifier leur âge, comme c’est déjà le cas sur la plateforme. Il y a différentes façons de procéder, par exemple en téléversant la photo d’une carte d’identité ou en faisant un égoportrait vidéo qu’une intelligence artificielle scrute pour estimer l’âge de la personne.

Meta a aussi annoncé la mise en place de mesures pour empêcher les adolescents de créer un second compte avec une fausse date de naissance, notamment en comparant la date avec celle des autres comptes sur son téléphone. De plus, l’entreprise affirme avoir d’autres moyens d’estimer si un utilisateur est vraiment un adulte, sans toutefois en dire plus « pour ne pas donner un manuel d’instructions aux adolescents qui leur permettrait de contourner nos efforts », selon ce qu’on peut lire dans un rapport concernant le développement des nouveaux comptes.

On peut, par exemple, imaginer qu’un nouveau compte « adulte » qui visiterait une école secondaire tous les jours et qui serait principalement ami avec des adolescents pourrait être considéré comme suspect par les algorithmes de Meta.

Quand ces comptes seront-ils offerts ?

Tous les nouveaux comptes créés par des utilisateurs âgés de 13 à 17 ans sont dès maintenant des comptes pour adolescents.

Au Canada, tous les comptes existants dans cette tranche d’âge seront transférés vers des comptes pour adolescents au cours des 60 prochains jours. Les parents qui ne souhaitent pas attendre peuvent déjà activer la plupart des fonctionnalités des comptes pour adolescents sur le téléphone de leur enfant.

Une nuisance pour le développement des enfants ?

La mesure de Meta est mise en place alors que l’entreprise est la cible de nombreuses critiques pour ses effets négatifs sur les jeunes. Plus de quarante États américains ont d’ailleurs poursuivi Meta en justice l’année dernière, accusant l’entreprise de nuire à la santé des enfants.

Au Québec, la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes (CSESJ), qui a commencé ses travaux la semaine dernière à l’Assemblée nationale — lesquels dureront jusqu’au 26 septembre —, va justement scruter ces questions. Des experts des domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux, de la sécurité publique, du droit et du numérique doivent se prononcer notamment sur le temps d’écran, sur les mesures d’encadrement à l’école et sur le web, sur la cyberintimidation et sur l’accès aux réseaux sociaux.

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