Deepfakes : des médecins québécois connus ciblés par des fraudeurs sur Facebook
Des personnalités connues du domaine de la santé s’inquiètent de voir des fraudeurs utiliser l’intelligence artificielle pour créer de fausses vidéos les mettant en vedette dans le but de vendre des traitements et des pilules miracles sur Facebook.
« Apparemment, je suis rendu un grand spécialiste de la prostate. En voici un 3e qu’on me signale en 24 h. Juste pour être bien clair : C’EST UNE ARNAQUE IA ! N’ACHETEZ PAS ! », écrivait le Dr Alain Vadeboncœur, le vrai, sur sa page Facebook le 22 juillet. Le médecin urgentologue à l’Institut de cardiologie de Montréal avait vu dans les jours précédents plusieurs vidéos de lui parlant d’allongement du pénis, de dysfonction érectile et autres sujets urologiques.
Le Dr Vadeboncœur se bat depuis plusieurs années contre des fraudeurs qui utilisent son identité et sa crédibilité pour promouvoir de faux traitements sur Facebook et autres réseaux sociaux.
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Désormais, les arnaqueurs ont une nouvelle arme : les deepfakes. Ces vidéos hypertruquées reproduisent la voix et l’image du médecin pour vanter des traitements bidon et donner des conseils médicaux. Ces vidéos ne sont pas parfaites — on y remarque des pauses peu naturelles dans les propos des intervenants, par exemple —, mais suffisamment réalistes pour qu’un internaute s’y fasse prendre. Une des dernières vidéos mettant en vedette le Dr Vadeboncœur mène à un faux site de L’actualité, où il tient une chronique régulière.
Le spécialiste a tenté à maintes reprises d’alerter Meta et de faire retirer les fausses publicités, sans succès. Aujourd’hui, il lance souvent des appels à la prudence sur sa page Facebook afin d’éviter que des internautes ne tombent dans le piège et il s’efforce de rectifier les faits sur les faux conseils qu’on lui attribue. Malgré tout, il dit recevoir régulièrement des commentaires ou des questions sur les traitements dont il ferait la promotion.
Le Dr Marquis et l’arthrite
Des vidéos utilisant l’intelligence artificielle se servent également de l’image du Dr François Marquis, chef de service des soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui intervient régulièrement dans les médias.
Dans ces deepfakes, un faux Dr Marquis vend une cure bidon contre l’arthrite. On y voit même des extraits d’entrevues, tous aussi faux, avec les journalistes Céline Galipeau (Radio-Canada) et Annie-Soleil Proteau (TVA). Ces vidéos lui valent chaque semaine de nombreux appels et courriels de gens qui s’interrogent ou qui se sont fait frauder, disait-il récemment dans une entrevue au Journal de Montréal.
Le Dr Marquis a porté plainte au Service de police de la Ville de Montréal, mais les enquêteurs peuvent difficilement intervenir lorsque les vidéos sont diffusées à partir de l’étranger. Il a aussi avisé le Collège des médecins du Québec puisqu’en vertu de leur Code de déontologie, les médecins ne peuvent utiliser leur titre professionnel pour promouvoir un produit.
Isabelle Huot et les pilules amaigrissantes
Des deepfakes de la nutritionniste Isabelle Huot sont utilisés pour vendre des pilules amaigrissantes à des prix pouvant atteindre quelques centaines de dollars. Les fraudeurs sont allés jusqu’à reproduire la cuisine de la docteure en nutrition pour leur fausse séquence vidéo.
L’experte en nutrition a signalé à Meta, la maison mère de Facebook, les publicités frauduleuses qui usurpent son identité, mais la vidéo est réapparue quelques jours plus tard.
Un phénomène en hausse
Les fausses publications qui mettent en vedette des professionnels de la santé semblent avoir commencé à se propager pendant la pandémie. Au début, c’étaient surtout des images associées à un produit ou des articles fictifs citant les professionnels visés. Les deepfakes sont apparus il y a un ou deux ans. Et avec l’évolution de la technologie, ils sont de plus en plus convaincants. Il faut être alerte pour les identifier.
Le 17 juin dernier, le Centre antifraude du Canada a d’ailleurs émis une alerte concernant la hausse des fraudes impliquant l’hypertrucage de vidéos. L’organisme national n’a toutefois aucune statistique précise sur ce phénomène.
L’animatrice Marie-Claude Barrette a déposé en 2024 une demande d’action collective contre Meta, au nom de plusieurs personnalités publiques dont l’identité est usurpée dans des publicités mensongères sur Facebook.
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