Santé Canada veut autoriser plus de pesticides sur les petits fruits et les légumineuses
Le gouvernement fédéral propose d’augmenter – jusqu’à sept fois – les quantités permises de résidus de trois pesticides sur des petits fruits comme les framboises, les bleuets et les mûres, ainsi que sur des céréales et des légumineuses. La population est invitée à se prononcer sur le sujet jusqu’en septembre.
Mise à jour 2021/08/06
Depuis la publication de ce texte, Ottawa a suspendu les consultations pour augmenter les limites de résidus de glyphosate, de métalaxyl et de sulfoxaflore dans les aliments, jusqu’à ce que la loi soit réécrite pour imposer plus de transparence et d'indépendance dans le processus de décision.
Santé Canada suggère de modifier les limites autorisées de trois pesticides couramment utilisés au pays : le métalaxyl, un fongicide systémique qui se disperse à travers les plantes et peut être présent dans les fruits ; le sulfoxaflore, qui agit de façon similaire aux néonicotinoïdes, associés à la mortalité chez les abeilles ; et l’herbicide glyphosate.
L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada propose d’autoriser trois fois plus de résidus de métalaxyl dans les myrtilles, la chicouté et les bleuets sauvages, et presque trois fois plus de sulfoxaflore dans les bleuets sauvages. La proposition permettrait également des traces sept fois plus élevées de métalaxyl dans les framboises et les mûres.
Ainsi, la limite maximale passerait de 3 à 10 parties par million (ppm) pour les myrtilles, la chicouté et les bleuets sauvages, et de 0,2 à 1,5 ppm pour les mûres et les framboises. C’est cinq fois plus que les taux tolérés aux États-Unis pour les bleuets et trois fois plus pour les framboises. La limite maximale de résidus de sulfoxaflore passerait de 0,7 à 2,0 ppm pour les airelles rouges et les bleuets sauvages.
L’ARLA propose également d’augmenter de façon importante la limite maximale de résidus (LMR) de glyphosate permise pour les haricots secs – incluant les gourganes, les lentilles, les lupins et les pois chiches – et les pois, comme les lentilles sèches et les pois secs. La quantité autorisée passerait de 4 à 15 parties par million (ppm) pour les haricots, soit trois fois plus qu’aux États-Unis, et de 5 à 10 ppm pour les pois. En comparaison, les États-Unis imposent une limite de 5 ppm pour les haricots et de 8 ppm pour les pois. Pour la première fois, une limite de 1 ppm est fixée pour les amandes, les pacanes et les autres noix écalées.
Les trois propositions visent les aliments importés et ceux produits ici.
Mouvement contraire
Les nouvelles limites proposées sont plus permissives que celles imposées aux États-Unis et vont à l’encontre du mouvement en faveur d’une réduction des pesticides, selon plusieurs experts qui se sont prononcés dans les médias au cours des derniers jours.
L’Ordre des chimistes et les associations des biologistes et des microbiologistes du Québec ont publié une lettre ouverte dans laquelle ils disent craindre que les nouvelles normes nuisent aux efforts de réduction de l’usage des pesticides en agriculture.
« Permettre l’arrivée et la vente de produits ne respectant pas ces conditions envoie un message contradictoire à nos producteurs qui s’efforcent jour après jour de produire des aliments de qualité avec moins de résidus de pesticides », écrivent leurs présidents.
La chercheuse associée à l’Institut national de recherche scientifique (INRS) Louise Hénault-Ethier, spécialiste des pesticides, qualifie la proposition d’injustifiée puisque 99,5 % des 8000 échantillons testés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments entre 2015 et 2018 étaient conformes aux normes canadiennes.
Pourquoi cette hausse?
L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada a proposé ces nouvelles limites plus élevées après avoir reçu une demande de la multinationale Bayer (propriétaire de Monsanto, à l’origine du Roundup). Bayer a soumis des données provenant d’essais réalisés dans des champs aux États-Unis et qui montrent les taux de résidus lorsque le glyphosate est appliqué de trois à sept jours avant la récolte.
Concernant le fongicide métalaxyl, utilisé dans la culture des bleuets et des framboises, la révision des limites de résidus a été demandée à Agriculture et Agroalimentaire Canada par son fabricant, la multinationale suisse Syngenta. Et c’est à la suite d’une demande du Centre pour la lutte antiparasitaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada que Santé Canada a proposé d'augmenter les limites maximales de résidus pour l'insecticide sulfoxaflore, selon Radio-Canada.
Des dangers pour la santé ?
L’agence de Santé Canada assure que les limites proposées pour le glyphosate ne poseront pas de risques pour la santé humaine et pour l’environnement.
Peu d’études ont porté sur les liens entre le glyphosate et la santé humaine parce que, jusqu’à récemment, les chercheurs ne disposaient pas de méthodes appropriées en laboratoire pour mesurer les résidus de ces pesticides, par exemple dans l’urine. Le glyphosate est cependant classé comme cancérigène probable par l’Organisation mondiale de la santé.
Des études ont démontré que de fortes doses de métalaxyl pouvaient engendrer des effets sur le foie des animaux de laboratoire. Mais d’autres études devraient être menées pour en savoir plus sur les impacts sur la santé humaine.
Donnez votre avis
Les consultations sur la limite de métalaxyl ont pris fin cette semaine, mais vous avez jusqu’au 28 septembre pour vous prononcer sur celle du sulfoxaflore et jusqu’au 3 septembre pour donner votre avis sur la proposition concernant le glyphosate. Devant la fronde soulevée par sa proposition, Santé Canada a en effet décidé de prolonger la période de consultation sur ce pesticide.
MISE À JOUR: Ce texte a été modifié le 2 août 2021 pour ajouter les raisons pour lesquelles de nouvelles limites de résidus de pesticides ont été proposées.

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