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Paniers bio: l’offre explose et se diversifie

Par Jean-François Gazaille
paniers-bio HQuality/Shutterstock.com

Après plus de 25 ans d’existence et une croissance dopée par la pandémie, le Réseau des fermiers de famille (RFF) a su s’ajuster à la demande et se diversifier. Et l’offre est appelée à se développer encore davantage, malgré la concurrence d’autres paniers bio de fruits, légumes, viandes et autres denrées

Le panier de légumes que les fermiers imposaient à leurs abonnés au moment de la naissance du réseau en 1996 a bien changé. «Au fil du temps, en réponse aux commentaires des abonnés, nos membres se sont mis à proposer des formules plus flexibles, un peu comme ce qui se fait dans les marchés publics», dit Émilie Viau-Drouin, présidente de la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ).

Institué par Équiterre et géré depuis 2020 par la CAPÉ, le réseau rassemblait à l’origine sept fermes. Cinq ans plus tard, il en comptait 77. Depuis, ce nombre a presque doublé, le réseau regroupant aujourd’hui 148 exploitations agricoles. La plupart sont situées dans le sud du Québec, mais on en trouve quelques-unes au Saguenay–Lac-Saint-Jean et en Gaspésie.

Le nombre d’abonnés aux «paniers bio» – «une expression dénaturée par d’autres acteurs du milieu agroalimentaire», déplore Mme Viau-Drouin – a également grimpé en flèche: on est passé de 250 à 30 000 familles! Rien qu’en 2021, le volume des abonnements s’est accru de 94 %, porté en grande partie par la promotion de l’achat local au plus fort de la pandémie de COVID-19. Et le Réseau des fermiers de famille pourrait encore s’étendre puisqu’il rassemble moins de 20 % des producteurs maraîchers détenant une certification biologique.

Des formules adaptées

Cette forte croissance s’est accompagnée d’une modification de la formule d’origine où le fermier choisissait le contenu des paniers en fonction de ses récoltes. Aujourd’hui, plusieurs fermiers offrent aux abonnés de remplacer certains articles, voire de choisir le contenu de leur panier.

La formule dite du «mini-marché» vous permet de choisir vous-même vos légumes selon le format du panier présélectionné. Certains maraîchers peuvent vous proposer un «panier d’échange», c’est-à-dire un assortiment de légumes que vous pourriez préférer aux récoltes de la semaine. D’autres bonifieront leur offre avec d’autres aliments biologiques frais ou transformés.

Et pour être certain de pouvoir choisir parmi des produits que vous appréciez, vous pouvez consulter la liste des fruits et des légumes cultivés par les fermiers qui desservent votre ville ou votre quartier. En consultant le site fermierdefamille.com, vous accéderez à une carte interactive affichant les coordonnées des fermes qui ont des points de livraison près de chez vous. Vous trouverez aussi des détails sur le type de panier de légumes offert et, le cas échéant, sur les autres aliments frais commercialisés sur place.

Les paniers sont souvent offerts en deux ou trois formats (comportant de 6 à 12 variétés de légumes) et livrés, selon vos besoins, chaque semaine ou toutes les deux semaines. Vous partez en vacances? Votre fermier de famille peut remettre votre panier à un proche ou simplement suspendre temporairement les livraisons.

Le coût de l’abonnement, généralement payable à l’avance, varie en fonction du nombre et du volume des paniers livrés. Le prix d’un panier varie entre 20 et 40 $. Selon les régions et les conditions de production, la livraison peut se poursuivre tout l’hiver.

Soutenir l’agriculture

Même si le réseau s’est ajusté aux exigences des consommateurs, soutient Mme Viau-Drouin, «il est important de rappeler que le panier bio, c’est l’application du principe de l’agriculture soutenue par la communauté».

L’abonnement, ajoute-t-elle, ne doit pas être uniquement fondé «sur le genre de panier que l’on veut, mais sur l’envie de soutenir un fermier» et de l’aider à développer ses activités.

Au fil des rencontres, rien ne vous empêche de conclure des arrangements à la pièce. «Ça se peut que vous souhaitiez, un jour, avoir un panier plus gros parce que vous recevez du monde. Pas grave: le prochain sera plus petit, poursuit la présidente de la CAPÉ. Et si vous voulez des œufs, votre fermier de famille sait probablement auprès de qui s’approvisionner pour vous en fournir les prochaines fois.»

Une concurrence… en apparence

Ces dernières années, de nouveaux joueurs, comme Fergus et les Fermes Lufa, sont venus élargir l’offre d’aliments bio locaux et importés, du moins dans la région montréalaise. Or, ce sont essentiellement des distributeurs – bien que les serres de Lufa produisent des légumes «sans pesticides» sur les toits d’immeubles –, et non des exploitations agricoles détenant une accréditation bio.

Les carnivores ont aussi de quoi se mettre sous la dent. Vous pouvez désormais trouver une vaste gamme de viandes locales (mais pas forcément bio) commercialisées par l’entremise de boucheries en ligne telles que monepicierbio.ca et monbeaubonboeuf.ca.

La menace qui plane sur la tête des petits exploitants de fermes bio ne vient pas de là, d’après Émilie Viau-Drouin. Lufa est une grosse entreprise qui vise essentiellement l’autosuffisance alimentaire en milieu urbain, alors que la cause portée par les fermiers de famille, c’est la vitalité des collectivités rurales et la sécurité alimentaire partout au Québec.

«On a cassé le mythe du bio qui ne peut pas suffire à nourrir tout le monde. On fait ça depuis 18 ans aux Jardins de la grelinette», dit la présidente de la CAPÉ, qui est aussi cogestionnaire de cette micro-ferme biologique à Saint-Armand.

Dans son Manifeste de la résilience, mis en ligne le 9 mai dernier, la CAPÉ en appelle justement à une «multiplication des fermes de proximité, diversifiées, biologiques et à échelle humaine». Elle réclame du gouvernement des mesures facilitant cette «révolution agricole»: accès à la terre, financement «sensé» des entreprises agricoles, appui ferme à l’agriculture biologique, multiplication des marchés publics et promotion et soutien à la distribution des aliments en circuit court.

Soutenir l’agriculture locale, ça veut dire soustraire des intermédiaires, pas en rajouter, ce qui permet d’assurer un bon revenu au fermier et des prix avantageux au consommateur, estime Mme Viau-Drouin. «Si tu mets les mesures en place, les gens vont suivre», prédit-elle.

>> À lire aussi: Achat local: comment et où trouver les aliments d’ici?, Des applications pour manger local plus facilement et Comment reconnaître les produits biologiques?

 

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