Le Canada a connu au cours des 12 derniers mois sa pire épidémie de rougeole depuis plus de 30 ans. En 2025, 5 162 cas ont été recensés, comparativement à une moyenne annuelle de 91 personnes infectées de 1998 à 2024. La précédente grande éclosion remonte à 2011, année où 776 cas ont été répertoriés au Québec.

La situation des derniers mois a amené l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), le bras régional de l’Organisation mondiale de santé (OMS), à retirer au Canada son statut de pays ayant éliminé la rougeole. Ce statut, que le Canada détenait depuis 1998, indique qu’il n’y a pas eu de transmission continue de la maladie pendant au moins 12 mois.

Cette révocation est un signal d’alarme pour le Canada. Un avertissement comme quoi il faut maintenir les efforts de prévention et de vaccination, selon le D^r Nicholas Brousseau, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et membre du comité d’immunisation de la province.

L’Ontario et l’Alberta particulièrement touchées

L’épidémie a commencé en octobre 2024 au Nouveau-Brunswick. Elle s’est ensuite propagée dans les autres provinces. L’Ontario et l’Alberta ont été particulièrement touchées en 2025, avec respectivement 2 393 et 1 946 cas et chacune un décès de nourrisson, en date du 10 novembre.

L’éclosion en Ontario a pris fin en octobre. Dans les dernières semaines, des cas ont continué d’être enregistrés en Alberta, en Colombie-Britannique, au Manitoba et en Saskatchewan.

Le Québec a connu deux éclosions au cours de cette période. La dernière a pris fin en avril 2025, avec un total de 36 cas.

La majorité des éclosions sont survenues dans des milieux sous-vaccinés. En Alberta, environ 90 % des personnes infectées n’avaient pas été immunisées contre la rougeole.

Selon l’OMS, pour maintenir une immunité collective, le taux de vaccination devrait atteindre 95 %. Dans certaines régions de l’Alberta, il est d’à peine 30 %. Au Québec, il dépasse 90 %, selon l’INSPQ.

La faute de l’hésitation vaccinale ?

La montée des cas de rougeole s’explique en partie par une hausse de la circulation du virus à l’échelle mondiale. « Il y a beaucoup de gens qui voyagent, qui passent d’un pays à l’autre. C’est un risque important quand la population est sous le seuil de l’immunité collective », explique le D^r Brousseau.

La désinformation au sujet des vaccins a aussi contribué à la baisse du taux de vaccination, des parents choisissant de ne pas faire immuniser leurs enfants.

Au Canada, la couverture vaccinale est sous les 95 %, et le taux d’enfants ayant reçu leurs deux doses avant l’âge de sept ans est passé de 87 à 79 % entre 2017 et 2021, selon l’Agence de la santé publique du Canada.

Retrouver son statut

Le Canada pourrait retrouver son statut de pays ayant éliminé la rougeole quand la transmission de la souche actuellement en circulation aura été interrompue pendant au moins 12 mois. Pour y parvenir, il faudra accroître la couverture vaccinale partout au pays.

« Il va falloir travailler en collaboration avec le fédéral et les provinces et redoubler d’efforts pour augmenter la vaccination. Il va falloir une volonté politique et un leadership du fédéral pour en faire une priorité », résume le D^r Brousseau.

Le Venezuela et le Brésil se sont aussi fait retirer leur statut de pays ayant éliminé la rougeole par l’OPS en 2018 et 2019. Ils ont réussi à le regagner cinq ans plus tard, après avoir haussé leurs taux de vaccination.

Une maladie très contagieuse

La rougeole est une infection virale très contagieuse. Une personne infectée peut en contaminer 18. La maladie se manifeste par de la fièvre, de la toux, de la congestion nasale accompagnée d’écoulement et une conjonctivite. Des rougeurs sur la peau surviennent ensuite. La maladie peut entraîner la perte de la vue ou de l’audition, des dommages permanents au cerveau ou même la mort.

La rougeole se transmet par contact direct avec des sécrétions et par des gouttelettes en suspension dans l’air. Celles-ci peuvent traverser deux mètres pour pénétrer dans les voies aériennes et rester en suspension pendant deux heures, ce qui multiplie les possibilités de transmission.

Comme il n’existe pas de traitement, la vaccination est la meilleure façon de se protéger de la maladie et de ses complications.

Environ 10 % des personnes infectées vont être hospitalisées en raison de complications comme la pneumonie. Une personne sur 1 000 souffrira d’encéphalite, une inflammation du cerveau, et on estime qu’un à 10 cas de rougeole sur 10 000 se termine par un décès.

Les complications surviennent surtout chez les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et les personnes immunosupprimées. Les bébés de moins de 1 an sont particulièrement vulnérables, puisque la première dose du vaccin ne peut être donnée avant l’âge de 12 mois.

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