Des prothèses auditives bientôt en vente libre ?
Les prothèses auditives sont chères, et le programme de soutien de la RAMQ n’est pas pour tous. Faudrait-il rendre accessibles des prothèses d’appoint à moins de 1000 $ ?
Depuis octobre dernier, des prothèses auditives bon marché sont disponibles en vente libre aux États-Unis. L’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ) met de la pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il imite nos voisins du Sud.
Ces prothèses, dont le prix oscille entre 400 $ et 1000 $, sont destinées aux adultes ayant une perte auditive perçue comme légère à modérée. Ces appareils n’ont pas à être utilisés en permanence, mais seulement au besoin.
« Je les compare aux lunettes de lecture qu’on achète dans une pharmacie, dit Paul-André Gallant, président de l’OOAQ. Il est fort possible que la personne doive consulter un optométriste. Mais ces lunettes vont répondre à un besoin immédiat. C’est un peu le même principe pour les prothèses auditives en vente libre. »
Depuis peu, l’ordre professionnel milite pour que Santé Canada approuve ces appareils afin que les consommateurs puissent les acheter sans évaluation médicale ni ordonnance. À l’heure actuelle, seuls les audioprothésistes ont le droit de vendre, de poser, d’ajuster ou de remplacer des prothèses auditives au Québec.
« Cela changerait la donne, car les usagers qui vont se procurer ces appareils vont améliorer leur santé auditive à long terme », affirme Paul-André Gallant.
Des années avant de demander de l’aide
Selon le président de l’OOAQ, une personne qui soupçonne une perte auditive attend environ sept ans avant de demander de l’aide. Cette donnée est inquiétante lorsqu’on sait que les conséquences de la déficience auditive non traitée peuvent être importantes et multiples : fatigue cognitive, isolement social, anxiété, diminution de la qualité de vie et augmentation du risque de démence.
D’après Paul-André Gallant, le coût des prothèses auditives vendues au privé oscille entre 3000 $ et 8000 $. Leur prix est une des raisons pour lesquelles les Québécois hésitent longtemps avant de les acheter.
Les prothèses obtenues par l’entremise de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) coûtent moins de 1000 $ et peuvent convenir à la plupart des gens.
Qui a accès au programme de la RAMQ ?
Selon les situations, la RAMQ paie pour un ou deux appareils auditifs. Il faut toutefois être admissible au programme d’aides auditives du gouvernement du Québec.
Ce programme vise les adultes de 19 ans et plus qui ont une déficience auditive moyenne d’au moins 35 décibels à leur « meilleure » oreille (celle qui a la capacité auditive la plus grande).
Les jeunes âgés de 12 à 18 ans ainsi que les étudiants de 19 ans et plus doivent avoir une déficience auditive d’au moins 25 décibels à une oreille pour en bénéficier aussi.
De leur côté, les 11 ans et moins ont accès au programme s’ils ont une déficience auditive susceptible de compromettre le développement de la parole et du langage. Précisons que, si un enfant a un retard de développement du langage, la première étape est de vérifier l’intégrité de ses fonctions auditives par une évaluation de l’audition.
Notons que le programme ne couvre qu’une seule prothèse auditive si la personne âgée de 18 ans et plus ne fait pas d’études ou ne travaille pas.
« Les retraités n’ont donc pas le droit à deux prothèses, déplore Paul-André Gallant. Est-ce que vous vous voyez porter seulement un verre de correction dans une paire de lunettes ? Les retraités ont une vie sociale active, et on ne peut pas accepter que les gens qui ont des besoins dans les deux oreilles aient seulement un appareil auditif. »
Près d’un tiers des jeunes atteints de pertes auditives
À l’heure actuelle, quelque 864 000 Québécois présentent une déficience auditive permanente, soit 10 % de la population. Pour le président de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec, l’accessibilité aux prothèses auditives est devenue une question de santé publique.
Évidemment, les personnes âgées souffrent le plus de problèmes auditifs. Toutefois, les jeunes n’y échappent pas. Selon des données de Santé Canada datant de 2019, la moitié des jeunes de 19 à 29 ans rapporte avoir eu des symptômes, comme l’acouphène. Et chez les 12 à 17 ans, jusqu’à 33 % des jeunes rapportent une dégradation de leur audition survenue au cours des cinq dernières années.
« L’amplification du bruit dans les écouteurs accélère le déclin de l’audition. Les jeunes pensent que leurs oreilles se ‟réparent”, mais ce n’est pas le cas », note Paul-André Gallant.
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