Des produits toxiques dans des matelas pour enfants
Les nourrissons et les jeunes enfants sont régulièrement exposés pendant leur sommeil à des produits chimiques dont une partie pourrait provenir de leur matelas, selon ce qu’indiquent deux études menées par l’Université de Toronto. Voici quelques gestes pour limiter les risques d’exposition.
Les deux études publiées le 15 avril dans la revue Environmental Science and Technology indiquent que les matelas pour enfants peuvent être une source importante de produits toxiques, dont :
- des plastifiants (les phtalates, par exemple) ;
- des retardateurs de flammes ;
- des filtres anti-UV.
Ces produits chimiques détectés par les chercheurs dans les matelas sont associés à des troubles d’apprentissage, des scores de QI plus faibles, des troubles comportementaux, des perturbations hormonales, ainsi que l’asthme et le cancer chez les enfants.
Des contaminants dans les matelas et dans l’air
Dans la première étude, les chercheurs ont analysé 16 matelas pour enfants vendus par de grandes enseignes au Canada (les marques et les enseignes ne sont pas citées). Ils ont choisi pour leurs tests des matelas abordables, entre 50 et 150 $, plus susceptibles d’être achetés. Les experts ont mesuré la présence de substances potentiellement nocives comme les phtalates et les retardateurs de flammes. Ils ont ensuite chauffé et lesté les matelas de 7 kg pour simuler la chaleur dégagée et la pression exercée par un nourrisson endormi. Les matelas émettaient alors 1,75 fois plus de produits chimiques que les matelas testés à température ambiante (21 des 45 substances chimiques recherchées comparativement à 12).
Pour la seconde étude, les chercheurs ont échantillonné l’air des chambres de 25 enfants âgés de six mois à 4 ans à Toronto et à Ottawa. Ils ont relevé des niveaux détectables de phtalates, de retardateurs de flammes et de filtres anti-UV, ces derniers étant ajoutés aux matelas pour éviter la dégradation provoquée par les rayons du soleil. Bien que la première étude ait porté sur un petit échantillon, les résultats étaient similaires à ceux de la seconde : à l’exception de deux produits, les concentrations de produits chimiques étaient plus élevées autour du lit, ce qui indique que la source provient du matelas. Cependant, ce ne serait pas la seule source de substances chimiques. Certaines pourraient provenir d’autres articles de literie puisqu’elles étaient plus présentes dans les chambres contenant un grand nombre d’oreillers, de draps, de couvertures et de protège-matelas.
Interdits dans les jouets, mais permis dans les matelas
L’utilisation des substances chimiques, notamment des plastifiants, est réglementée dans les jouets mais pas dans les matelas. Résultat, même s’ils sont conformes aux normes canadiennes, les matelas peuvent être une source prolongée d’exposition à des substances potentiellement toxiques. « Les enfants ne devraient pas être exposés aux plastifiants, mais il n’y a pourtant aucune limite concernant les matelas. Ce n’est pas logique si on veut protéger la santé des enfants », écrivent les chercheurs dans l’étude sur les matelas.
Les experts sont particulièrement préoccupés par la présence, dans tous les matelas, de produits chimiques ignifuges, bien qu’ils ne soient pas nécessaires pour respecter les réglementations en matière d’inflammabilité au Canada. Neuf des 16 matelas contenaient deux retardateurs de flammes dont le gouvernement canadien propose de restreindre l’utilisation depuis près de dix ans.
Pire, les chercheurs ont détecté dans un des matelas des concentrations élevées de phosphate de tris(2-chloroéthyle), ou TCEP, un cancérigène connu dont l’utilisation est interdite au Canada depuis 2014. Ce cancérigène a aussi été détecté dans 28 % des échantillons d’air ambiant et 40 % des échantillons des environnements de sommeil.
Quels sont les risques pour les enfants ?
Les bébés et les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables à l’exposition à ces substances puisqu’ils sont encore en développement, que leur peau est plus perméable que celle des adultes, qu’ils respirent dix fois plus rapidement qu’eux et peuvent passer jusqu’à 18 heures par jour à dormir, le nez dans le matelas.
Les auteurs des études ne semblent pas s’alarmer des concentrations de produits chimiques détectées, mais leur seule présence soulève des questions. En effet, des recherches ont montré que les phtalates sont de potentiels perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire qu’ils peuvent interférer avec le système hormonal de l’organisme, tout comme les filtres anti-UV. Certains produits chimiques ignifuges sont cancérigènes, tandis que d’autres sont associés à des risques accrus de troubles du comportement chez les enfants. Certaines substances sont aussi associées au développement de l’asthme infantile. Et les risques sont possiblement plus élevés lorsqu’une personne est exposée à plusieurs produits, plutôt qu’à un seul, ce qui est le cas avec les matelas.
Comment protéger les enfants ?
Pour l’auteure principale des deux études, Miriam Diamond, professeure au département des sciences de la Terre de l’Université de Toronto, il faut resserrer la réglementation concernant les produits chimiques nocifs utilisés dans les matelas et les articles de literie pour enfants.
Vous pouvez aussi prendre quelques mesures pour réduire l’exposition de votre enfant à ces substances :
1. Évitez les matelas contenant de la mousse de polyuréthane, des retardateurs de flammes, des PFAS et du vinyle, et privilégiez ceux portant une certification fiable, comme Global Organic Textile Standard (GOTS), Global Organic Latex Standard (GOLS) et OEKO-TEX Standard 100.
2. Désencombrez la chambre de votre enfant en réduisant au minimum la quantité de coussins, de peluches, de couvertures et de jouets qui s’y trouvent. Pour les nourrissons, la présence d’oreillers, de couvertures et de peluches est déjà à proscrire, car tous ces objets présentent un risque d’étouffement.
3. Lavez régulièrement les protège-matelas, les serviettes et les autres articles de literie, par mesure d’hygiène de base et parce qu’ils peuvent absorber les produits chimiques émis par le matelas, selon Myriam Diamond. Les protège-matelas et la literie peuvent aussi servir de barrière entre le matelas et bébé, à la condition de les choisir sans plastifiants ou PFAS.
4. Si votre enfant a plus d’un an, placez une serviette en coton éponge entre les draps et le matelas, comme le suggère Myriam Diamond. Ce tissu étant conçu pour absorber beaucoup d’eau, il va également absorber beaucoup de produits chimiques.
5. Optez pour de la literie aux couleurs relativement neutres, car il est moins probable qu’elle contienne des produits chimiques anti-UV pour préserver l’éclat des couleurs.
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