Surtourisme: cinq destinations à éviter
Voyager n’a jamais été aussi facile. Mais certaines destinations sont victimes de leur succès : elles subissent les effets du « surtourisme », un achalandage tel qu’il nuit à l’environnement, aux habitants et même à l’économie locale.
Il y en a du monde pour s’enlacer au pont des Soupirs (Venise), plonger la main dans l’eau de la fontaine de Trévi (Rome) ou arpenter les rues de New York, la tête perdue dans les gratte-ciel ! En 2023, près de 1,3 milliard de personnes ont mis leur casquette de touriste pour découvrir un coin du monde en dehors de leur pays, indique l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). C’est 400 millions de plus que l’année précédente.
Et évidemment, nous voulons tous voir les mêmes joyaux de la planète, au point d’engendrer dans certains coins un achalandage tel qu’il entraîne des effets nocifs et destructeurs pour la population locale, l’environnement et l’équilibre d’une société.
Voici cinq destinations où les effets du surtourisme sont manifestes.
Venise, Italie
Venise (nord-est de l’Italie) est réputée pour ses quelque 200 canaux qui serpentent à travers la ville et sur lesquels on peut se déplacer en gondole. Venise a une architecture unique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais le nombre de touristes n’a cessé d’augmenter ces dernières années, au point que la ville a décidé de réglementer son accès.
Depuis cette année, il faut donc se munir d’un droit d’accès d’un montant de cinq euros pour y entrer — le but étant de contrôler le flux de touristes. Cette mesure a notamment évité à Venise d’être ajoutée à la liste du Patrimoine mondial en péril. Reste à voir si cela sera suffisant pour préserver la Cité des Doges.
Barcelone, Espagne
La capitale de la Catalogne a connu de fortes manifestations contre le tourisme de masse, parce que la population d’un million d’habitants bondit à 12 millions en période estivale. La région subit une sécheresse sans précédent, à laquelle s’ajoute une augmentation du prix des loyers de 18 % en une année à cause des locations à court terme de type Airbnb.
« L’impact du surtourisme n’est pas le même, que l’on soit un acteur de l’industrie du voyage ou un citoyen », explique Luc Renaud, professeur au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM. Il cite le chercheur italien Claudio Milano, qui propose, selon lui, une définition intéressante : « On peut parler de surtourisme lorsque la qualité de vie ou la perception que la qualité de vie de la communauté est altérée par la pratique du tourisme. » Il ajoute que ce qui compte, c’est le sentiment des habitants de la région au quotidien, ce que semblent connaître les Barcelonais.
Le Portugal
Toujours dans le sud de l’Europe, le Portugal est une destination prisée des Européens, mais aussi, et de plus en plus, des Canadiens. Le pays qui se situe à l’ouest de la péninsule ibérique a attiré de nombreux touristes, des investisseurs étrangers ainsi que des « travailleurs nomades », qui profitent du climat et d’un coût de la vie souvent plus bas.
Les locations de courte durée de type Airbnb ont représenté pas moins de 40 % des nuitées en 2023. Forcément, cela a un impact sur les villes et villages qui voient leur environnement changer. Les prix des loyers augmentent et les Portugais et Portugaises ont de plus en plus de difficultés pour se loger.
Les calanques de Marseille, France
Avec les Jeux olympiques, la France s’est préparée à un fort achalandage, bien que Paris soit habituée à recevoir beaucoup de touristes. Mais, pour d’autres régions françaises, le surtourisme a des conséquences sur l’environnement naturel. C’est par exemple le cas des calanques de Marseille.
Alors qu’autrefois, elles accueillaient jusqu’à 2500 visites par jour, les calanques n’en reçoivent plus que 400 par jour, pour le troisième été consécutif. Cette mesure vise notamment à protéger les zones sensibles de la dégradation due à fréquentation excessive du site.
Il faut dire qu’avec son eau turquoise et ses criques, les calanques offrent un paysage idéal pour les égoportraits de vacances et les publications sur Facebook ou Instagram. Car Internet a sa part de responsabilité dans le surtourisme. La numérisation du tourisme, qui permet de réserver un hôtel à l’autre bout du monde 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, a fortement contribué à la diffusion des trésors cachés. Comme l’indique Luc Renaud, « les réseaux sociaux ont eu un effet catalyseur sur l’importance sociale du voyage. Car, ajoute-t-il, voyager alimente un statut social. »
Les Îles-de-la-Madeleine, Québec
Il n’est pas nécessaire de quitter le pays pour constater les effets du tourisme excessif, ou tout au moins nuisible à la région visitée. Les Îles-de-la-Madeleine sont un bon exemple de l’impact que peut avoir l’augmentation du tourisme. Quelque 60 000 visiteurs viennent annuellement aux îles, avec un pic à 73 000 touristes en 2022 !
Bien que la redevance ne soit pas obligatoire pour le moment, les personnes qui visitent l’archipel sont invitées à payer la Passe Archipel d’un montant de 30 $. L’argent ainsi récolté contribue à la préservation de l’environnement naturel de l’archipel, en améliorant notamment la gestion des matières résiduelles. Ces fonds permettront également d’améliorer les infrastructures récréotouristiques.
Limiter l’impact de ses voyages
Pour résumer, on ne peut pas dire aux gens d’éviter de visiter Paris, ou de ne pas se rendre à Venise. « C’est normal que les gens veuillent aller à ces endroits-là, car ce sont des endroits quasi mythiques », admet Luc Renaud.
Mais, si c’est possible, on pourrait éviter la haute saison touristique, par exemple. « Si vous prévoyez de voyager, vous pourriez aussi le faire moins souvent mais plus longtemps, pour limiter l’impact de vos futurs voyages », propose le chercheur. Une option à considérer.
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