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Comment freiner la circulation autour des écoles

Par Sophie Mediavilla-Rivard
Comment freiner la circulation autour des écoles Lopolo/Shutterstock.com

Dos d’âne, limitations de vitesse, élargissements des trottoirs… Plusieurs municipalités tentent de freiner la circulation autour des écoles pour accroître la sécurité des enfants. Les incidents touchant des enfants ces dernières semaines se multiplient et rappellent l'urgence d'agir.

Dans les premières semaines de la rentrée, cet automne, plusieurs enfants ont été happés dans les rues de Montréal, près des autobus scolaires ou sur le chemin d'école. Ces incidents rappellent l'importance d'accroitre la sécurité des enfants sur le chemin ou aux abords des divers établissements scolaires.   

Des projets-pilotes difficiles à mettre en place

L’an dernier, quatre écoles primaires de Québec ont participé au projet pilote des rues-écoles, pour oeuvrer en ce sens. La circulation des voitures avait été interdite devant celles-ci entre 7 h 30 et 8 h ainsi qu’entre 15 h et 15 h 30, soit aux heures d’arrivée et de sortie des élèves. 

Or, « une seule des écoles qui ont participé à cette expérience a marqué son intérêt pour la poursuivre cette année », indique Pierre-Luc Lachance, conseiller municipal et vice-président du comité exécutif à la Ville de Québec.

Il est vrai que, pour fermer les rues durant des périodes fixes et veiller au bon déroulement de la circulation, il faut des bénévoles. « Ça demande une forte mobilisation citoyenne pour soutenir les rues-écoles, explique Pierre-Luc Lachance. Une journée, une fois de temps en temps, ça peut aller, mais plus on veut répéter cette opération, plus ça nécessite un fort engagement de la part des citoyens. Et on a senti que certaines écoles trouvaient lourd de prendre en charge cette gestion-là. » Car « la Ville est là pour accompagner le conseil d’établissement et les parents qui portent ce genre de projet, poursuit le conseiller, mais ce n’est pas elle qui est responsable des opérations ». 

« De son côté, dit M. Lachance, la Ville de Québec ne dispose que de peu de ressources pour soutenir les rues-écoles, et ces ressources sont plutôt mises à profit en ce qui concerne les brigadiers scolaires. »

Une autre raison rend difficile le déploiement de rues-écoles. « Ça exige une configuration de rue qui le permet, précise le conseiller municipal. On ne peut pas fermer un boulevard, contrairement à une rue locale où c’est plus simple d’organiser les détours. »

Revoir les corridors scolaires

Parallèlement, la Ville de Québec réalise cette année 22 chantiers pour sécuriser les accès piétonniers vers des écoles. Entre 2020 et 2023, elle a sécurisé 70 corridors scolaires. « Notre objectif est qu’en 2025, nous ayons complété nos interventions pour les 115 écoles primaires du territoire », déclare Pierre-Luc Lachance.

Qu’est-ce qui est prévu ? Une nouvelle signalisation, des marquages au sol, l’ajout et l’élargissement des trottoirs et la création d’intersections surélevées. Avec la mise en place de mesures concrètes autour des écoles, « il n’y a plus de place pour faire un demi-tour ou pour se garer directement devant l’école », explique le conseiller qui rappelle que les comportements problématiques viennent souvent des parents eux-mêmes. 

Selon Pierre-Luc Lachance, l’impact des mesures physiques de sécurité autour des écoles est beaucoup plus concret que ce que peuvent apporter des projets pilotes comme les rues-écoles. Il fait remarquer qu’aucun accident grave n’est survenu à Québec depuis la mise en place de cette stratégie routière en 2020, là où les infrastructures ont pu être adaptées. « L’essentiel est de freiner les automobiles à proximité des écoles, insiste-t-il. Et si le trafic ralentit, plus de parents vont oser laisser leur enfant aller à l’école à pied ou à vélo. »

Des mesures d’atténuation à Sherbrooke

« À Sherbrooke aussi, les mesures d’atténuation semblent porter leurs fruits aux abords des écoles », constate Caroline Gravel, directrice du service de l’ingénierie, des eaux et des projets majeurs de la Ville, à la suite d’un projet pilote adopté en 2021 dans le cadre de la stratégie globale d’apaisement de la circulation. La vitesse aux abords de l’école a effectivement diminué d’environ 4,2 km/h, après l’installation de radars pédagogiques (des panneaux lumineux qui affichent instantanément la vitesse à laquelle circule un véhicule). L’effet est encore plus marqué avec l’installation de dos d’âne qui font chuter la vitesse de 9 km/h.

À la suite de cet essai pilote, Sherbrooke a ciblé 12 écoles primaires autour desquelles elle compte contenir la vitesse grâce à l’ajout de dos d’âne, au marquage au sol et à une nouvelle signalisation. La Ville va également installer des radars pédagogiques permanents et limiter la vitesse à 30 km/h en tout temps autour de plusieurs écoles.

Plus de radars à Montréal, demande la mairesse

Depuis cinq ans, la Ville de Montréal déploie son Programme de sécurisation aux abords des écoles (PSAÉ), ce qui lui a permis jusqu’ici « d’apaiser » la circulation autour de 121 écoles, 7 garderies et 7 parcs. Ce programme inclut l’aménagement d’avancées de trottoir et de passages piétons surélevés. Pour 2024, 32 établissements scolaires dans une dizaine d’arrondissements devraient bénéficier de mesures similaires.

La Ville souhaite aussi ajouter des radars photos et a sollicité l’aide de Québec pour en obtenir 300 supplémentaires, selon un communiqué diffusé par le bureau de la mairesse Valérie Plante. « À l’heure actuelle, la métropole ne dispose que de huit radars photos sur l’ensemble de son territoire, peut-on lire, [ces radars supplémentaires] permettraient de réduire de 42 % les accidents sur les routes où ils sont installés. »

Des mesures dans d’autres villes

De nombreuses autres villes essaient d’accroître la sécurité des enfants en contenant la vitesse et la circulation autour des établissements scolaires. L’an dernier, par exemple, Brossard a installé un feu de ralentissement éducatif (Fred) près d’une école accueillant des enfants du préscolaire, primaire et secondaire. Le système a la forme d’un feu de circulation qui vire au rouge lorsqu’un véhicule roule au-delà de la limite de 30 km/h.

Le concept rappelle celui d’un radar pédagogique, mais son aspect visuel provoque « une prise de conscience efficace », indique le site Web de la Ville de Brossard. Le Fred est déjà utilisé en Europe et aurait fait ses preuves dans la gestion de la circulation autour d’établissements scolaires en France.

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