Palmarès des entreprises durables: des producteurs de gaz naturel et pétrole!

Qu’ont en commun BG Group, Enbridge, EnCana, Neste Oil, Nexen, Origin Energy, Petroleo Brasileiro, PG&E, Repsol, Statoil - première au classement -, Suncor et Tokyo Gas? Ces 12 entreprises pétrolières et gazières sont classées parmi les 100 entreprises les plus durables au monde.

En parcourant cette liste, publiée chaque année par le magazine Corporate Knights, nous nous attendions plutôt à tomber sur des fabricants d’éoliennes ou des assureurs, qui utilisent plus l’ordinateur que le charbon. À la limite, nous pensions peut-être voir une entreprise forestière soucieuse de bien gérer les ressources naturelles. Mais autant de producteurs de pétrole, ça non! Surtout pas les canadiennes Enbridge, Encana et Suncor, actives dans l’exploitation des sables bitumineux albertains reconnus comme une importante source de pollution.

Même que la feuille de route récente de certains est loin d’être sans tache. Prenons Suncor. En décembre dernier, la société a été condamnée par le gouvernement canadien à verser une amende de 200 000 $ pour avoir rejeté des substances toxiques dans une rivière. D’autres font face à de solides critiques. «Ce n’est pas dans l’intérêt du Québec d’accepter le pétrole sale d’Enbridge», affirmait en janvier dernier Steven Guilbeault, d’Équiterre, à propos du projet de l’entreprise d’étendre son pipeline plus à l’est du pays.

La réponse est dans la méthodologie

Comment des producteurs de pétrole peuvent-ils se retrouver dans le palmarès? Selon Corporate Knights, la réponse se trouve dans la raison première du classement: féliciter les meilleures entreprises d’un secteur d’activité, peu importe le secteur. «Pour ces entreprises, l’un des buts n’est pas de démontrer qu’elles ne polluent pas, mais plutôt qu’elles gèrent bien leur pollution», explique Jean-Sébastien Trudel, président d’Ellipsos, un groupe conseil spécialisé en développement durable.

Pourquoi alors tant de pollueurs dans ce classement et si peu d’entreprises vertes? «Parce que les pollueurs ont davantage de comptes à rendre en matière de gestion des déchets et sont donc plus transparents et faciles à évaluer», ajoute M. Trudel.

Il faut aussi savoir que les critères ne sont pas tous à caractère environnemental. Par exemple, une entreprise gagne des points si sa direction compte un fort pourcentage de femmes. Offrir un cadre de travail sécuritaire est aussi noté favorablement. «Il y aura toujours matière à critique dans tous ces choix subjectifs. Mais je sais que, pour plusieurs de ces acteurs, ce classement est leur bulletin dont ils retirent une grande fierté et qui influence leurs décisions futures», conclut Jean-Sébastien Trudel.

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