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Équiterre milite pour un indice de durabilité des appareils électroménagers et électroniques

Par Caroline Bertrand
Équiterre milite pour un indice de durabilité des appareils électroménagers et électroniques Vershinin89/Shutterstock.com

Équiterre exhorte le gouvernement canadien à créer un indice de durabilité pour les appareils électroménagers et électroniques neufs inspiré d’un indice déjà imposé en France. Dans le même sens, Protégez-Vous intègre déjà des cotes de fiabilité et de réparabilité à ses tests de produits pour aider les consommateurs à faire des achats éclairés et favoriser la consommation responsable.

Combien de fois avez-vous entendu dire que les objets du temps de nos grands-parents duraient des décennies, contrairement aux appareils fabriqués de nos jours ? L’obsolescence programmée, qui génère des produits périssables plutôt que durables, porte autant préjudice à l’environnement qu’à notre portefeuille. Le tout, dans un marché qui ne valorise pas la réparabilité des produits.

Afin d’aider la population à faire dans ce contexte des achats éclairés au possible, Équiterre exhorte le Canada à imposer à l’échelle du pays un indice de durabilité sur les appareils électroménagers et électroniques neufs qui serait affiché en magasin et en ligne pour chaque bien. C’est la proposition que l’organisme environnemental à but non lucratif (OBNL) fait dans un rapport qu’il publie cette semaine. 

« Ça n’a pas de sens qu’aujourd’hui, avec toutes les avancées technologiques, on ne soit pas en mesure de produire des biens durables, affirme Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre. D’autant que les percées technologiques permettent de fabriquer des appareils plus écoénergétiques. On pourrait combiner les deux avantages pour produire des biens qui dureraient vraiment plus longtemps. »

La création d’un indice de durabilité obligerait les fabricants à fournir à la population un maximum d’informations sur les appareils au moment de l’achat : réparabilité, fiabilité, possibilité de mise à jour, prix de la réparation, etc. « Ces informations doivent être accessibles, maintient Amélie Côté : elles permettraient aux consommateurs de faire des choix en fonction de la durée de vie d’un appareil ou du degré de facilité à le faire réparer. »

L’indice s’appliquerait d’abord aux appareils électroménagers et électroniques. Mais l’experte indique que son usage pourrait ensuite s’étendre à d’autres catégories d’objets, comme des meubles et des vêtements.

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- Exemple d’affichage de l’indice de durabilité au Québec. Image fournie par Équiterre

Points saillants d’un possible indice de durabilité 

  • Note de 1 à 10 ou de A à E associée à chaque appareil, accompagnée d’un code de couleur permettant de la comprendre en un coup d’œil.
  • Informations relatives à la fiabilité, à la réparabilité et à l’évolutivité de l’appareil.
  • Informations complémentaires détaillées sur ces critères, accessibles tant en magasin qu’en ligne au moyen d’un code QR. 

Cet indice serait établi au terme d’un processus de réflexion basé sur l’expertise d’acteurs issus de divers horizons : milieu académique, organisations environnementales, organismes de la protection du consommateur, industrie du design, secteur de la réparation, etc. « Les manufacturiers doivent aussi être autour de la table, car ils ont quand même une solide connaissance de leurs produits », relève Amélie Côté. 

« Il est essentiel que la démarche soit encadrée par la législation et définie par le gouvernement pour en assurer le sérieux et la crédibilité tant du côté des parties prenantes que des consommateurs et consommatrices, souligne l’analyste. Parce que des étiquettes et des labels, il en existe déjà beaucoup. La particularité de celui-là, c’est qu’il serait obligatoire pour tous les fabricants. » Les consommateurs pourraient donc comparer des informations objectives pour une même catégorie de produits.

Intérêt marqué pour les appareils durables 

La population montre un intérêt notable envers les produits durables, selon un sondage pancanadien d’Équiterre et de RECYC-QUÉBEC portant sur la réparabilité et la durabilité comme critères d’achat.

La fiabilité et la durabilité des biens figurent au second rang des critères de décision, juste après le prix. Près des trois quarts des répondants ont indiqué que l’affichage de la fiabilité aurait une influence sur leur décision d’achat. 

Amélie Côté estime que ce que propose Équiterre relève du bon sens : les appareils électroménagers et électroniques « coûtent de plus en plus cher ; c’est un poste de dépenses important chez les ménages — on parle de 2 177 $ par ménage canadien en 2021, indique-t-elle. C’est d’autant plus important de s’assurer que les appareils dureront longtemps et qu’ils seront un investissement fiable ».

Un indice de réparabilité existant en France 

Dans son rapport, Équiterre explique comment un indice de durabilité pourrait être élaboré et mis en œuvre avec succès. L’OBNL a analysé l’approche de la France, qui a imposé un indice de réparabilité dès 2021 sous la forme d’une note allant de 1 à 10 pour de nombreux appareils électroménagers et électroniques. Le gouvernement français élargira d’ailleurs cette pratique dès l’an prochain : un indice de durabilité entrera en vigueur pour les téléviseurs et les laveuses. 

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- Évolution du code couleur associé aux indices français de réparabilité et de durabilité. Image tirée du rapport d’Équiterre

L’indice français intègre de multiples critères, tels que la disponibilité de la documentation technique et des pièces de rechange, le prix de ces dernières ainsi que la facilité à démonter l’appareil.

Actuellement, d’autres pays ou régions dans le monde — Belgique, Espagne, Royaume-Uni, Taïwan, Union européenne, État de New York, etc. — réfléchissent ou travaillent aussi à la mise en place d’indices similaires.

Plusieurs avancées pour le droit à la réparation 

La recommandation d’Équiterre d’implanter un indice de durabilité au Canada s’inscrit dans une période que l’organisme qualifie de charnière pour le droit à la réparation en Amérique du Nord. 

Le Québec fait d’ailleurs figure de proue : en 2023, c’est la première province canadienne à adopter une loi sur le droit à la réparation, la Loi protégeant les consommateurs contre l’obsolescence programmée et favorisant la durabilité, la réparabilité et l’entretien des biens

En vertu de cette loi, les fabricants et les commerçants de plusieurs catégories d’appareils électroménagers et électroniques ou d’automobiles doivent fournir une garantie de bon fonctionnement d’une durée prédéterminée selon le bien. Services de réparation, pièces de rechange, outils et documentation doivent aussi être offerts dans un délai et à un prix raisonnable.

Toutefois, ces améliorations à la Loi sur la protection du consommateur font fi d’un indice de durabilité.

À lire aussi : La réparabilité est-elle vraiment à notre portée?

De l’avis d’Amélie Côté, la garantie de bon fonctionnement exigée par le gouvernement pourrait très bien coexister avec un indice de durabilité. « La garantie de bon fonctionnement exige un nombre d’années fixe par catégorie de biens, alors que l’indice de durabilité permet de déterminer entre deux appareils lequel est le plus durable », compare l’analyste. 

Afin de favoriser la consommation durable, Protégez-Vous intègre des cotes de fiabilité et de réparabilité à ses tests de produits, dont les gros et les petits électroménagers.

Vous pouvez en outre vous inspirer du guide 100 trucs pour faire durer vos appareils domestiques que Protégez-Vous a réalisé en collaboration avec RECYC-QUÉBEC et l’Observatoire de la consommation responsable (OCR) de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM).

Renforcer l’accès à la réparabilité

Selon Amélie Côté, l’implantation d’un indice de durabilité permettrait aussi de contrer les entraves à la réparation des appareils qu’ont relevées les Canadiennes et Canadiens dans une étude d’Équiterre, publiée en 2022, sur l’accès à la réparabilité. 

Trois personnes sur cinq, selon l’étude, ont dû faire face à au moins un bris d’appareil électroménager ou électronique en deux ans — l’appareil se brisait en moyenne 2,6 années après l’achat. Or, seulement 19 % d’entre elles avaient fait réparer leur appareil.

Qu’est-ce qui explique ce faible recours à la réparation ? D’abord, la perception selon laquelle les appareils électroménagers et électroniques seraient irréparables. S’ensuivent le coût de la réparation, les délais d’attente, la difficulté d’accéder aux pièces détachées et aux outils ainsi qu’un manque d’accès à l’information pour réparer soi-même ou trouver des services de réparation, indique le nouveau rapport d’Équiterre.

« Produire, acheter, jeter, surtout après quelques années seulement, ça n’a pas de sens, se désole Amélie Côté. On sait qu’on a l’expertise pour produire des biens durables : on l’avait déjà il y a 100 ans. Il est encore possible de le faire. C’est essentiel si on veut faire une transition vers une économie circulaire et non linéaire, comme celle qu’on voit en ce moment. »

Afin de connaître les réparateurs proches de chez vous, consultez la carte interactive des réparateurs à l’échelle du Québec, de Protégez-Vous, réalisée en partenariat avec RECYC-QUÉBEC.

La réparation des appareils, un secteur d’avenir

Aux yeux de l’analyste, la réparation représente un secteur d’avenir, et doit faire partie intégrante de la transition vers des modèles d’affaires plus durables. « Le secteur de la réparation devrait se développer plutôt que de diminuer, mais en ce moment, on constate la tendance inverse », fait observer Mme Côté.

Entre 2001 et 2021, le domaine de la réparation et de l’entretien de matériel électronique et de précision ainsi que celui de la réparation d’articles personnels et ménagers ont perdu 47 % de ses employés, selon des données de Statistique Canada compilées par Équiterre.

« La possibilité d’appliquer les garanties de la nouvelle loi sera limitée si l’offre de services de réparation n’est pas au rendez-vous et si l’on n’a pas accès aux pièces de rechange », prévient Amélie Côté. 

À voir : Notre série de vidéos Fais durer tes appareils, réalisée en collaboration avec RECYC-QUÉBEC

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