Cartes des zones de rusticité : un climat plus favorable pour certaines plantes
Les nouvelles cartes des zones de rusticité le confirment : le Québec se réchauffe. Les palmiers ne pousseront toujours pas à Montréal, mais certaines espèces d’arbres et arbustes s’acclimatent de mieux en mieux. Et certains légumes ont de plus en plus de facilité à croître. Tour du jardin.
Les scientifiques de Ressources naturelles Canada (RNCan) ont diffusé cet été les cartes des zones de rusticité révisées. Ces cartes, basées sur trente années de données (1991-2020), aident les amateurs de jardins à déterminer quelles espèces végétales ont les meilleures chances de s’épanouir sous nos climats.
« Sur ces cartes, le territoire est divisé en 10 zones avec 2 paliers par zone, de 0 à 9 ― donc 0a, 0b, 1a, 1b, etc. », explique Sarah Yoga, analyste des politiques à RNCan.
La zone 0a désigne le territoire le plus rustique et le plus froid du pays : peu de végétaux survivent dans cet environnement. Mais une plante identifiée 0a peut se cultiver aussi dans les zones supérieures comme 0b ou 1a (à quelques exceptions près). À l’inverse, la zones 9 offre des conditions plutôt propices à des plantes qui ont besoin de chaleur. Cependant, à moins d’être cultivée en serre et avec beaucoup de soins, une plante cotée 9a ou 9b survivra difficilement dans une zone portant un chiffre inférieur.

- La nouvelle carte des zones de rusticité 2025 au Canada se base sur les données climatiques de 1991 à 2020. Elle remplace l’ancienne carte publiée en 2014 et basée sur les données climatiques de 1961 à 1991, disponible ici. - Source : RNCan 2025
Un climat plus doux
La nouvelle carte des zones de rusticité « révèle une légère mais réelle tendance au réchauffement dans de nombreuses régions du pays », signalent les chercheurs Dan McKenney et John Pedlar. Au Québec, la plupart des régions ont augmenté d’une demi-zone à une zone de rusticité.
Voici quelques exemples, à titre indicatif :
Municipalité | Zone 1961-1990 | Zone 1991-2020 |
Chicoutimi | 3a | 3b |
Gaspé | 4a | 4b |
Gatineau | 4b | 5a |
Kuujjuak | 0a | 0b |
Mirabel | 5a | 5b |
Montréal | 5b | 6a |
Québec | 4b | 5a |
Sainte-Agathe-des-Monts | 3b | 4a |
Saint-Hyacinthe | 5a | 5b |
Sept-Îles | 3a | 3b |
Sherbrooke | 4b | 5a |
Source : Rusticité des plantes par municipalité, RNCan 2025 (la zone 1991 – 2020 désigne la carte publiée cet été).
Des espèces plus résistantes à nos hivers
Plusieurs jardiniers profitent de l’automne pour concevoir leurs platebandes. Ce n’est pas une mauvaise idée : il est possible d’acheter vivaces et arbustes à bas prix, puisque les pépinières préfèrent réduire leur stock avant l’hiver. Il est facile aussi de planter directement des bulbes à floraison printanière pour voir les premières fleurs pousser dès le mois d’avril.
Sur le site Web de RNCan, vous pouvez vérifier quelles espèces sont recensées dans votre région. Le site offre aussi des cartes de répartition potentielle pour certaines espèces d'arbres, d'arbustes ou de fleurs vivaces : vous pouvez ainsi voir si l'espèce que vous convoitez a des chances de s'épanouir dans votre jardin.
« De façon générale, les gains de rusticité facilitent l’implantation ou la croissance d’espèces plus méridionales qui ne survivaient pas auparavant sous des conditions plus rudes », mentionne Sarah Yoga. Elle recommande de se référer aux pépiniéristes ou aux horticulteurs avant de se lancer dans de nouvelles cultures. Ces spécialistes connaissent bien leur terroir.
Au potager - Le réchauffement progressif du climat offre de meilleures conditions pour des légumes comme les poivrons, les aubergines ou les courges. De nombreux jardiniers amateurs en cultivent déjà au Québec en serre ou à l’aide de toiles chauffantes. « Les nouveaux indices de rusticité confirment que les conditions pour ces légumes deviennent plus favorables et qu’il devient moins risqué d’en cultiver dans des zones plus au nord », assure l’analyste.
« Au Québec, les changements de zones ne nous permettent pas nécessairement de cultiver de nouvelles plantes, explique Éloïse Paquin, copropriétaire de Botanix Comptoir Richelieu. Mais celles qui étaient fragiles en hiver le sont moins maintenant. »
Arbres et arbustes – Selon Éloïse Paquin, ces conditions plus propices vont faciliter l’extension de certaines plantes indigènes vers l’est ou le nord de la province. C’est le cas, par exemple, du platane qui pousse au sud de l’Ontario et du Québec.
D’autres espèces d’arbres et d’arbustes qui ont de la difficulté à survivre durant nos hivers méritent qu’on fasse quelques essais dans les jardins :
- Deutzia
- Rosiers hybrides
- Buddleia
- Cornus florida (ou cornouiller fleuri)
- Cerisier japonais
- Métaséquoïa
Du côté des arbres fruitiers, Sarah Yoga affirme que « les pomiculteurs ont de meilleures chances qu’avant avec la honeycrisp ou la Pink Lady : ce sont typiquement des variétés de zone 5, alors qu’en zone 4, on va davantage cultiver de la spartan ou de la cortland ».
Les dangers des hivers doux
Le réchauffement climatique n’a pas que des effets bénéfiques. Avec les hivers doux, le couvert de neige tend à disparaître rapidement et protège moins les plantes vivaces qui redoutent le froid.
De plus, certains légumes, comme les salades, les navets ou les choux, habitués à des conditions plus nordiques, supportent mal la chaleur.
Parasites et plantes envahissantes
Parasites - Des températures plus clémentes sont aussi favorables aux parasites : « La tordeuse des bourgeons de l’épinette risque d’étendre ses ravages plus au nord du Québec. La punaise lanterne tachetée (ou fulgore tacheté) pourrait endommager davantage les cultures et certaines espèces d’arbres comme les érables », souligne Sarah Yoga.
Plantes envahissantes – Plusieurs plantes malvenues dans nos jardins tirent également avantage de ces conditions plus favorables :
- La vigne étrangleuse de chiens ou cynanche : présente au sud du Québec et de l’Ontario, cette plante toxique nuit aux populations de monarques et aux plantes indigènes.
- Le roseau européen : une espèce qui risque de se propager plus au nord du Québec au détriment de la végétation indigène en zone humide.
- La berce du Caucase : toxique pour les humains, elle n’a pas encore passé le fleuve, mais c’est une question de temps. Elle menace elle aussi la biodiversité.
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