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Une première marque automobile chinoise au Canada dès 2025 ?

Par Alain McKenna
Une première marque automobile chinoise au Canada dès 2025 ? testing/Shutterstock.com

Des véhicules produits en Chine circulent déjà au Canada. Ce n’est qu’une question de mois avant qu’une première marque entièrement chinoise débarque chez nous.

L’automobile connaît une période de hautes turbulences. C’est normal. Nous vivons une époque de grands changements technologiques. À l’échelle mondiale, on estime que, d’ici 2040, le moteur à combustion interne sera surclassé comme principal groupe propulseur par le moteur électrique. Quoi qu’en disent les gouvernements réactionnaires qui vont et qui viennent, le mouvement est déjà amorcé.

Vu de l’Amérique du Nord, ce mouvement vers l’électrique semble avoir privilégié une entreprise en particulier : Tesla. Ce n’est pas rien : c’est la première fois en au moins 25 ans qu’une nouvelle entreprise perce le marché automobile nord-américain.

Vue d’ailleurs dans le monde, l’électrification profite à plusieurs autres constructeurs d’automobiles. La plupart sont des marques chinoises. Car le marché chinois de l’auto électrique est en avance sur le reste de la planète.

À preuve : en date de janvier 2024, 60 % des véhicules électriques vendus dans le monde sont fabriqués en Chine. Encore mieux, les ventes de véhicules électriques en Chine sont en forte croissance. Selon le journal Nikkei, en 2023, les ventes ont bondi de 38 % en un an, pour atteindre 9,5 millions de véhicules neufs vendus entre décembre et janvier derniers. Déjà, en 2022, il s’était vendu 82 % plus de véhicules électriques neufs en Chine qu’en 2021.

Il s’est aussi vendu 2,8 millions de véhicules hybrides branchables en Chine en 2023, une hausse de 85 % par rapport à l’année précédente.

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Merci, président Trump !

Le Canada et les États-Unis sont pour le moment peu affectés par ce qui se passe dans le secteur automobile chinois. Cela dit, on trouve quand même chez nous des véhicules assemblés en Chine, ou qui sont vendus par une filiale d’une entreprise chinoise.

Par exemple, General Motors vend sous son enseigne Buick en Amérique du Nord deux petits VUS d’entrée de gamme, les Encore GX et Envista, qui sont assemblés en Chine. Chevrolet vend, de son côté, le Trax, une variante meilleur marché de l’Envista.

Chez nous et chez l’Oncle Sam, ce sont les marques suédoises Polestar et Volvo qui mènent la charge pour l’industrie chinoise dans l’auto électrique. Les deux constructeurs appartiennent à la société chinoise Geely, qui se garde bien d’afficher son logo sur les véhicules qu’elle vend sur notre continent.

Mais la timidité des marques chinoises par rapport au marché nord-américain est en train de s’effriter.

D’abord, deux constructeurs chinois de véhicules légers ont des usines d’assemblage au Mexique. La société d’État chinoise BAIC (Beijing Automotive Group) y a établi une usine pour ses véhicules de marque Foton. L’autre est JAC Motors (Jianghuai Automobile Company). Ce groupe est détenu à 50 % par la société Volkswagen.

Trois autres constructeurs chinois devraient les rejoindre bientôt. La société chinoise BYD (pour « Build Your Dreams », rien de moins) ne vend pas de voitures électriques en Amérique du Nord, mais elle y vend des autocars et des camions électriques depuis quelques années déjà. BYD, soit dit en passant, est une société chinoise détenue en majorité par des intérêts américains, dont la firme Berkshire Hathaway du milliardaire et investisseur légendaire Warren Buffett.

BYD est un des plus grands vendeurs de voitures électriques en Chine et songe à ouvrir une usine au Mexique. Ses rivaux Chery et MG sont dans la même situation.

L’intérêt d’ouvrir une usine en Chine pour un constructeur chinois est double. Le premier : le Mexique est une porte d’entrée vers l’Amérique latine, qui représente quand même un marché de consommateurs non négligeable. De plus, en vertu du plus récent accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM), ce dernier pays est aussi la porte d’entrée vers le marché automobile nord-américain, le deuxième plus important marché sur la planète après… la Chine.

L’ACEUM présente des clauses qui taxeraient lourdement des véhicules de marque chinoise s’ils étaient importés en Amérique du Nord directement de Chine. Mais ces dispositions peuvent être contournées si ces mêmes véhicules sont assemblés au Mexique avec un minimum de composants achetés auprès de fournisseurs locaux.

C’est ce que les sociétés chinoises sont en train de faire.

Mais pas toutes ! La société Nio, une marque de véhicules électriques qui a longtemps été surnommée la « Tesla chinoise », songe à importer ses véhicules aux États-Unis directement de Chine et de payer les taxes en conséquence. Elle pourrait débarquer aux États-Unis dès 2025. Le marché automobile nord-américain, on le sait, est très intégré. Si un véhicule peut être vendu aux États-Unis, il peut aussi bien être vendu au Canada…

Le cas de l’Europe

Cette stratégie est déjà en cours en Europe, où les marques chinoises sont de plus en plus présentes. La firme d’analyse PwC calcule qu’il se vendra en 2025 en Europe 800 000 véhicules électriques d’origine chinoise, dont un peu plus du tiers (330 000 véhicules) seront de marque occidentale.

C’est un bond impressionnant puisqu’en 2023, ce sont 200 000 véhicules d’origine chinoise qui ont été vendus en Europe, dont 130 000 seulement étaient à moteur électrique, toujours selon PwC.

Détail important : si ses prévisions se réalisent, l’Europe deviendra pour la première fois un importateur net d’automobiles, puisqu’il s’y achètera plus de véhicules assemblés à l’extérieur du continent qu’il y aura de véhicules européens vendus à l’étranger.

L’Amérique est donc la cible suivante pour l’industrie automobile chinoise. PwC prédit une croissance de 35 % des ventes de véhicules électriques à l’échelle mondiale en 2024. Cela devrait renforcer la capacité d’investir des entreprises qui sont déjà bien lancées dans ce créneau de transport et qui sont en train de se conformer aux règles pour entrer dans tous les marchés de la planète, y compris chez nous.

Et la plupart de ces entreprises sont chinoises.

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