Forte hausse des tarifs pour les Superchargeurs Tesla

Jérémie Tremblay roule 40 000 kilomètres par année. Pour ce conseiller syndical, l’achat d’une Tesla était tout indiqué: comme tous les autres véhicules électriques, son Model 3 lui permet de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi d’économiser rapidement, grâce aux frais de carburant évités. Tesla offre aussi un autre avantage: un réseau de Superchargeurs, des bornes de recharge rapides et exclusives aux propriétaires de Tesla.

Les Superchargeurs ont été un argument de vente pour Jérémie Tremblay, puisqu’ils lui permettent de parcourir le Québec sans trop perdre de temps à recharger son véhicule lors de ses longs déplacements. Quand il a rechargé sa Tesla à Lévis au début d’avril, il a toutefois eu une mauvaise surprise. «Je m’attendais à une facture d’environ 13 $, mais ça m’a plutôt coûté 27 $. Je ne comprenais pas, je pensais que c’était un bogue», raconte-t-il.

Quelques recherches sur Internet lui ont plutôt confirmé que les prix avaient augmenté partout au Canada, après une hausse similaire aux États-Unis l’année dernière. En changeant la façon de comptabiliser la recharge (il y a désormais jusqu’à quatre vitesses de recharge différentes, contre deux auparavant), Tesla en a aussi profité pour hausser le montant facturé à la minute, pour une puissance égale.

En début d’année, une recharge de faible puissance coûtait 0,16 $ par minute au Superchargeur du boulevard des Gradins, à Québec, et une recharge de haute puissance coûtait 0,32 $ la minute, selon une facture de Jérémie Tremblay consultée par Protégez-Vous. Depuis le début de mars, la même station demande 0,23 $ la minute pour une recharge de 0-60 kW, 0,61 $ la minute pour 60-100 kW, 1,15 $ la minute pour 100-180 kW et 1,85 $ la minute pour une recharge de 180-250 kW.

À titre indicatif, une recharge dans une borne rapide de 100 kW et plus du Circuit électrique coûte quant à elle 35,79 $ de l’heure (0,59 $ par minute).

Le pourcentage exact de la hausse est difficile à évaluer, puisque l’état de la batterie, son niveau de charge, la température et la présence ou non d’un autre véhicule à la même borne peuvent affecter la puissance utilisée et la durée de chargement. Mais, en moyenne, «le prix a pratiquement doublé», confirme Simon-Pierre Rioux, président de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ).

Des utilisateurs captifs (et prêts à payer)

Plusieurs utilisateurs mécontents de la hausse ont contacté l’AVEQ, mais, dans l’ensemble, la nouvelle n’a pas fait beaucoup de vagues auprès des propriétaires de Tesla. «La grande majorité des propriétaires rechargent surtout à la maison et ne vont que quelques fois par année dans un Superchargeur», rappelle Simon-Pierre Rioux.

Un utilisateur capable d’acheter une Tesla est aussi capable de payer la hausse.

Jérémie Tremblay le reconnait d’ailleurs: même avec la hausse, rouler en Tesla demeure avantageux pour lui. «Ce que je regrette, c’est surtout l’absence de transparence. Comme client, je veux qu’on m’explique pourquoi le prix double. Ce n’est certainement pas lié à la hausse d’Hydro-Québec ! Comme propriétaires, on reçoit plein de messages de Tesla, mais là-dessus, rien», se désole-t-il.

Les autres options de recharge sur la route sont aussi rares pour les utilisateurs de Tesla. Ceux-ci peuvent utiliser une borne de recharge 240 V, comme on en retrouve dans certains restaurants, par exemple, mais il faut s’équiper d’un adaptateur impossible à trouver pour l’instant pour profiter des vitesses plus rapides des bornes de niveau 3 du Circuit électrique.

Une situation temporaire?

Le PDG de Tesla, Elon Musk, a affirmé que le but de l’entreprise était d’obtenir un «profit modeste» avec les Superchargeurs, et a semblé rejeter le blâme sur le Canada pour justifier l’importance de la hausse, lorsqu’un propriétaire ontarien lui a posé la question sur Twitter. «Le Canada requiert une recharge à la minute, et non par kWh. Nous essayons de faire changer ça», a noté l’entrepreneur.

Dans les faits, le Canada est bel et bien en train de revoir sa réglementation pour que les propriétaires de véhicules électriques paient selon l’énergie utilisée, et non selon la durée de la recharge, une mesure qui serait notamment plus juste entre les différents véhicules, et qui permettrait d’économiser l’hiver, lorsque l’opération est plus lente.

«Il faudra attendre encore un an ou deux avant que ça entre en fonction», estime toutefois Simon-Pierre Rioux de l’AVEQ.

Reste à voir si le prix de recharge moyen des Tesla reviendra au niveau du début 2022 ou si la hausse persistera, malgré les nouvelles méthodes de mesure.

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