Système de santé: trop de radiologies inutiles?
Les Québécois pourraient attendre moins longtemps avant de passer une radiographie si on éliminait les examens non nécessaires.

Photo: Shutterstock
En éliminant les nombreuses radiographies prescrites inutilement, il serait possible de réduire les coûts du système de santé et de diminuer les temps d’attente, affirme le Dr Jacques Lévesque, président de l’Association des radiologistes du Canada.
Ce radiologiste a réagi aux propos du chef du département de radiologie de l’Hôpital de Turin, qui déclarait la semaine dernière dans un congrès de radiologie en Italie que le tiers des radiologies prescrites en Italie le seraient sans motif suffisant, ce qui entraîne des opérations inutiles.
Au Canada, la situation ne serait toutefois pas aussi alarmante, croit le Dr Lévesque, bien qu’aucune étude n’ait encore été menée spécifiquement sur le nombre et la pertinence des examens radiologiques prescrits au pays. Le site de l’Association mentionne cependant que «de plus en plus d’études rapportent que de 10 à 20 % des examens d’imagerie ne sont pas nécessaires», ce qui engendre une perte de temps et nuit à la qualité des soins.
Éliminer les examens superflus
Le Dr Lévesque inclut dans les radiographies non pertinentes celles effectuées en double, par manque d’information. Actuellement, un patient qui déménage ou qui change de médecin doit demander son dossier médical afin de le remettre à son nouveau médecin. Ce dossier comprend aussi un CD de radiographies. Sinon, il est impossible pour le spécialiste de prendre connaissance des antécédents de son nouveau patient. Pourtant, depuis l’implantation du système d’archivage numérique (PACS), les examens radiologiques sont archivés sur un site sécurisé. Mais la Commission d’accès à l’information du Québec a refusé de donner aux cliniques médicales l’autorisation de consulter les radiographies antérieures.
«Comme médecin, il est donc difficile de savoir si une radiographie de contrôle est nécessaire ou non, alors on la refait. Dans ce cas, la Commission ne travaille pas dans l’intérêt du patient», déplore le Dr Jacques Lévesque.
Une solution?
Le radiologiste parle avec enthousiasme d’un logiciel à l’essai dans des cliniques américaines qui permet de repérer les examens superflus. Le principe est simple: lorsqu’un médecin prescrit une radiographie, il indique le type d’examen demandé et les renseignements cliniques concernant le patient. Le logiciel compare ensuite ces informations à des lignes directrices. Autrement dit, si le médecin demande une radiographie pour un traumatisme mineur, sans signes ni symptômes particuliers, le logiciel pourrait lui répondre que l’examen n’est pas recommandé.
L’utilisation de ce logiciel a jusqu’à présent permis une diminution significative du nombre de tomodensitométries aux États-Unis, selon le Dr Lévesque, qui y voit une solution pour réduire les coûts croissants de notre système de santé. «Au Québec, il faut que les sommes allouées à la santé et à la radiologie soient consacrées aux bons examens, au bon moment. De cette façon, on va réduire les coûts, l’exposition inutile des patients aux rayons X et le temps d’attente», conclut-il.
2,2 milliards de dollars
C’est le coût d’exploitation annuel lié à l’imagerie diagnostique au Canada. En éliminant 10 % des examens inutiles, des dépenses de 220 millions de dollars pourraient être évitées, selon l’Association canadienne des radiologistes.
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