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Pouvoir d’achat: de moins en moins d’argent dans vos poches

Par Annick Poitras
Pouvoir d’achat: de moins en moins d’argent dans vos poches

Pour une deuxième année consécutive, ce sont les Québécois qui ont le revenu disponible par habitant le plus bas au pays. Quant à leur pouvoir d’achat, sa croissance est presque nulle.

Hausse du prix du panier d’épicerie, des taxes municipales, de l’électricité, des frais scolaires… Avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, vous avez l’impression d’avoir de moins en moins de marge de manœuvre pour honorer vos factures? Vous ne rêvez pas!

Le revenu disponible par habitant des Québécois est de 26 046 $ nets par an, le plus bas au Canada. Même s’il a progressé de 1,5 % au Québec entre 2013 et 2014, un taux d’inflation de 1,4 % est venu saper cette hausse, réduisant la croissance du pouvoir d’achat des Québécois presque à néant, soit à + 0,1.

Ainsi, les Québécois n’ont pratiquement pas eu d’argent supplémentaire à dépenser en 2014, affirme l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). L’organisme vient de mettre à jour son étude annuelle portant sur le revenu disponible, soit le montant qui reste à la disposition des ménages pour consommer et épargner, une fois les impôts, transferts et cotisations sociales payés. Cette étude analyse les données les plus récentes disponibles sur la rémunération au pays (2014).

«C’est la plus faible croissance du pouvoir d’achat enregistrée au Québec depuis neuf ans, explique Stéphane Ladouceur, analyste régional à l’ISQ. Ce ralentissement est surtout dû à la faible progression des salaires et des transferts gouvernementaux, ainsi qu’à la hausse marquée des cotisations payées par les employés à leur régime de retraite à prestations déterminées.»

Toutefois, la bonne nouvelle, c’est que le Québec figure tout de même parmi les provinces et territoires où l’évolution du pouvoir d’achat est demeurée au-dessus de zéro, de pair avec la Nouvelle-Écosse (+ 0,3 %), l’Île-du-Prince-Édouard (+ 0,5 %), le Nunavut (+ 1,1 %), l’Alberta (+ 1,1 %) et Terre-Neuve-et-Labrador (+ 2,3 %).

À l’opposé, il a reculé au Yukon (- 0,1 %), en Ontario (- 0,4 %), au Manitoba (- 0,4 %), au Nouveau-Brunswick (- 0,8 %), dans les Territoires du Nord-Ouest (- 2,5 %) et en Saskatchewan (- 3 %).

Bonnes et mauvaises mines

Même s’il est en queue de peloton au Canada, le revenu disponible par habitant augmente à l’échelle de la province. Il a crû dans l’ensemble des régions administratives, sauf en Outaouais (- 0,6 %) et sur la Côte-Nord (- 0,1 %). «La plupart des MRC dont l’économie repose sur l’exploitation des ressources minières connaissent une croissance du revenu disponible faible, voire négative», souligne Stéphane Ladouceur.

Les régions les mieux nanties sont la Montérégie (27 246 $), la Capitale-Nationale (27 219 $) et la Côte-Nord (26 917 $). À l’opposé, la Mauricie (23 555 $), la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (23 324 $) et le Bas-Saint-Laurent (23 317 $) sont les plus pauvres.

La région administrative de Montréal occupe le 5e rang (26 481 $), mais a tout de même bénéficié de la plus forte hausse du revenu disponible en 2014 (+ 2,4 %).

14 500 $ de moins qu’en Alberta

Jusqu’en 2014, c’étaient les Albertains qui avaient le portefeuille le mieux garni du pays, avec un revenu disponible de 40 495 $, soit quelque 14 500 $ de plus que les Québécois. Mais c’était avant la débandade du secteur pétrolier en 2015; la prochaine étude sur le revenu disponible permettra de quantifier à quel point cette province pourrait s’être appauvrie depuis.

Les Québécois ont aussi environ 5 500 $ de moins que le reste de Canadiens (31 539 $) pour faire rouler l’économie. Et cet écart s’accentue: en 2014, le revenu disponible des Québécois était de 18 % inférieur à celui en vigueur au Canada, comparé à 12 % en 2004.

Ce retard «historique» s’explique par le fait que «les Québécois travaillent moins d’heures et sont aussi moins nombreux à travailler. De plus, le taux d’emploi et les taux horaires sont moins élevés ici», explique Stéphane Ladouceur. Les charges fiscales expliquent également l’écart entre le reste du Canada, mais dans une moindre mesure. En effet, le Québec accuse un retard de 4 200 $ avec le reste du pays juste au chapitre de la rémunération des salariés.

Les salaires ne suivent pas le coût de la vie: vrai ou faux?

On entend souvent dire que le coût de la vie augmente, mais que les salaires ne suivent pas... Or, c’est faux! Depuis 2000, le revenu disponible par habitant, dont la principale constituante est le salaire empoché, augmente toujours plus que l’inflation, affirme Stéphane Ladouceur, de l’ISQ. «Mais l’enrichissement s’affaiblit depuis six ans, confirme-t-il, les taux étant de plus ou moins 1 %.»

En effet, le maigre 0,1 % de croissance du revenu disponible par habitant enregistré en 2014 fait pâle figure si on le compare, par exemple, au sommet de 3,9 % atteint en 2008 et 2001.

Ces maigres hausses permettent difficilement de faire face à des factures salées qui dépassent le seuil de l’inflation, comme celles de certaines denrées alimentaires, notamment la viande et les légumes, dont le prix a explosé de 15 à 20 % en quatre ans! De quoi alimenter la rumeur…