Maltraitance envers les aînés: forcer ou non la dénonciation?
Refus de soins, négligence, menaces, manipulation: nos aînés ne sont pas à l’abri de la maltraitance. Le gouvernement cherche à comprendre l’étendue du problème.
Alors que la population québécoise vieillit à la vitesse grand V, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, a décidé de documenter le sujet en faisant appel à une spécialiste du milieu universitaire: Marie Beaulieu, professeure titulaire au département de Service social de l'Université de Sherbrooke et chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement du CSSS-IUGS. Il répond ainsi au dépôt d’un projet de loi, le 10 octobre dernier, par l’opposition libérale, visant à obliger le signalement des situations de maltraitance envers les aînés hébergés dans le réseau de la santé et des services sociaux.
Maltraitance invisible
Malheureusement, la démarche risque de rater sa cible, déplore Pierre Blain, directeur général du Regroupement provincial des comités des usagers – qui représente les personnes qui utilisent le réseau de la santé. «J’ai l’impression qu’elle va s’attarder au personnel de la santé, alors que le problème n’est pas là. Ils vont s’occuper du 3 % des aînés qui vivent en résidence en oubliant les autres; or, la plupart des cas de maltraitance se trouvent dans les familles; les rares statistiques le prouvent.»
Ce reproche vaut aussi pour le projet de loi, précise-t-il.Pierre Blain croit tout de même qu’il faut documenter la maltraitance chez les aînés puisqu’il n’existe pas de véritable étude sur le sujet. Mais il faudrait toucher tous les milieux et tous les types de maltraitance: violence physique, sexuelle ou psychologique, négligence, menaces et retenues financières.
Et il est d’avis qu’il faut aussi s’attaquer à une maltraitance dont personne ne veut parler, soit la maltraitance institutionnelle, quand les règles et les façons de faire font qu’une personne ne se sent pas respectée. «Par exemple, lorsque du personnel décide qu’on n’habille pas certaines personnes parce que c’est trop compliqué et que, de toute façon, elles ne s’en rendent pas compte», illustre-t-il.
Sensibiliser les aînés
Pierre Blain et les comités d’usagers misent aussi beaucoup sur la sensibilisation des personnes âgées et de leur entourage. «Pour les aînés à domicile, il y a le phénomène de la peur et du chantage, par exemple la menace de supprimer des soins ou des sorties. Comment une personne de 80 ans peut-elle lutter contre ça?», lance-t-il. Selon lui, les grandes campagnes sociétales, telle celle lancée par le gouvernement au printemps sous le thème Avec la maltraitance, la vie est moins rose qu’on pense, peuvent faire beaucoup pour changer les comportements et inciter les victimes à dénoncer le personnel ou le membre de la famille qui les maltraite.
La maltraitance, c’est quoi?
«Il y a maltraitance quand un geste singulier ou répétitif, ou une absence d’action appropriée se produit dans une relation où il y devrait y avoir de la confiance et que cela cause du tort ou de la détresse chez une personne aînée.»
12 000 appels en trois ans
La ligne Aide Abus Aînés (1 888 489-2287) a reçu plus de 12 200 appels entre le 1er octobre 2010 et le 30 avril 2013. De ce nombre, un peu plus du tiers étaient émis par la victime et un autre tiers par un membre de la famille. Parmi les aînés concernés par ces appels:
• 60 % vivaient à domicile
•
22 % habitaient en résidence d’hébergement privée
• 5 % vivaient en milieu d’hébergement public
Source: Plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées 2010-2015.

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