Les Québécois consomment mieux… et moins

Année après année, la tendance se confirme: les Québécois adoptent des comportements de consommation de plus en plus responsables. Selon le Baromètre annuel de la consommation responsable au Québec publié cette semaine, l’année 2015 aura notamment été marquée par la tendance des Québécois à la «déconsommation».

La rénovation, le bricolage, la fabrication d’objets ou le recyclage: toutes ces pratiques ont progressé cette année, selon les données recueillies entre le 10 et le 22 septembre 2015 auprès d’un panel Web de 1 006 personnes représentatives de la population québécoise.

Ces pratiques sont le signe que les Québécois essayent de mieux et surtout de moins consommer, explique Fabien Durif, professeur au Département de marketing de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et directeur de l’Observatoire de la consommation responsable. «C’est d’ailleurs ce qu’ils font lorsqu’ils renoncent à acheter certains produits dont ils n’ont pas besoin; 82 % des répondants à notre enquête reconnaissent en effet que l’usage d’un produit est plus important que le fait de le posséder.»

Faire des économies, mais pas uniquement

La «déconsommation» des Québécois passe non seulement par une réduction de leur consommation d’énergie et d’essence, mais également par l’augmentation de pratiques de type «faire soi-même», comme cuisiner, cultiver ses propres légumes, confectionner vêtements et accessoires, recycler et transformer les objets…

Historiquement, la plupart de ces pratiques étaient considérées plutôt comme des loisirs créatifs. «Aujourd’hui, en recyclant ou en fabriquant eux-mêmes, il y a une volonté de la part des consommateurs de, oui, faire des économies, mais aussi de réduire le gaspillage et de protéger l’environnement», précise Fabien Durif.

Collaborer pour mieux consommer

Pour la première fois depuis sa création en 2010, le Baromètre a mesuré l’impact de la consommation collaborative, c’est-à-dire la manière dont les plateformes de mises en relation de consommateurs influencent le quotidien des Québécois.

Kijiji, Airbnb, Uber, sites de covoiturage, financement collaboratif… Parmi toutes ces plateformes, ce sont Airbnb et Uber qui ont été les plus médiatisées en 2015, rappelle le chercheur. Selon les données du Baromètre, près de 1 Québécois sur 10 déclare avoir utilisé le service d’hébergement Airbnb et 7,5 % de la population a essayé au moins une fois les services de transport d’Uber dans la dernière année.

Ces services se développent fortement et leur utilisation n’est pas perçue comme illégale par une majorité de consommateurs. «Avec Uber et Airbnb, ils consomment entre eux et ne voient pas en quoi cela peut poser problème», constate le professeur de marketing. D’ailleurs, près de 70 % des utilisateurs québécois d’Airbnb ne souhaitent pas que les pouvoirs publics encadrent davantage ce service avec de nouvelles lois.

Local, bio, équitable

Les produits fabriqués ou cultivés localement gagnent en popularité dans le quotidien des consommateurs. Ainsi, parmi les 20 produits écoresponsables que les Québécois achètent le plus, neuf sont des produits cultivés ou produits dans la province. C’est le cas par exemple des pommes locales, consommées par près de 95 % des répondants.

Les 20 produits écoresponsables les plus achetés par les Québécois

1.  Sacs d’épicerie réutilisables
2.  Fraises cultivées localement
3.  Tomates cultivées localement
4.  Pommes cultivées localement
5.  Salade cultivée localement
6.  Pain fabriqué localement
7.  Viande et volaille élevées localement
8.  Ampoules fluocompactes
9.  Appareils certifiés Energy Star
10. Papier hygiénique fait de papier recyclé
11. Papier essuie-tout fait de papier recyclé
12. Papiers mouchoirs faits de papier recyclé
13. Ampoules LED
14. Papier à impression fait de papier recyclé
15. Confitures fabriquées localement
16. Sac à ordures biodégradables
17. Biscuits fabriqués localement
18. Produits d’entretien ménagers verts
19. Piles rechargeables
20. Café torréfié localement

Source: Observatoire de la consommation responsable, École des sciences de la gestion, UQAM, novembre 2015