Nouveau compteur d'Hydro-Québec: trop cher?
Ces derniers jours, une pub télévisée nous met en garde contre les compteurs nouvelle génération d'Hydro-Québec. Qu'en penser?
Vous l'avez certainement vue, cette publicité qui vante, sur un ton ironique, tous les «mérites» des compteurs nouvelle génération qu'Hydro-Québec envisage d'implanter sur l'ensemble de son réseau. Réalisée par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), l'annonce invite le téléspectateur à participer au «Jeu des compteurs en or», auquel personne ne gagne.
Sont ainsi dénoncés la perte de 1 000 emplois, un investissement d'un milliard de dollars jugé non rentable, le gaspillage de 3,75 millions de compteurs encore fonctionnels et, pour le consommateur, le risque de voir sa facture d'électricité augmenter.
«Une pression sur les tarifs»
Selon le Syndicat des employés de techniques professionnelles et de bureau d'Hydro-Québec (SCFP 2 000), la société d'État a en effet sous-estimé plusieurs dépenses et en revanche surestimé la rentabilité de ces nouveaux compteurs. Résultat: en bout de ligne, ce serait au consommateur d'en subir les conséquences.
Une possibilité envisagée par Hydro-Québec même, comme on peut le lire en page 42 de son rapport sur la phase 1 du projet (PDF): «Sur la période 2012 à 2017, le projet LAD (lecture à distance) exerce une pression sur les tarifs», peut-on y lire. Le même document indique également: «À partir de 2018, soit après la fin du déploiement, le projet LAD contribue à réduire le niveau de revenus requis nécessaires réduisant ainsi la pression sur les tarifs des clients».
Évidemment, sur le plan technologique, le compteur «intelligent», comme on l'appelle, a tout pour plaire: lecture à distance, branchement à distance et détection de vol devraient faciliter bien des choses. Des avantages que le SCFP 2 000 ne remet absolument pas en question. Pour le syndicat, seul le montage économique choisi pose problème et Hydro-Québec n'est tout simplement pas prête pour le grand virage.
Les petits logements directement touchés
Des craintes que partage l'Union des consommateurs, comme l'explique son analyste politiques et réglementation en matière d'énergie, Jean-François Blain: «Le projet risque de coûter beaucoup plus cher que ce qui est prévu par Hydro-Québec. De plus, les compteurs actuels sont très fiables et durables, tandis que ceux de la nouvelle génération sont plus fragiles et ont une durée de vie moindre. Le risque d'incidence sur les tarifs est donc plus fort».
Autre pierre d'achoppement, la lecture à distance en temps réel. Pour l'heure, la société d'État ne connaît pas le rythme de consommation de ses clients dans le détail, seulement un niveau de consommation global sur 60 jours. Elle facture donc une consommation moyenne journalière, sur la base de 5,5¢ par kWh pour une consommation maximale de 30 kWh par jour et de 7,5 ¢ par kWh lorsque les 30 kWh journaliers sont dépassés.
Avec la lecture à distance, Hydro-Québec aura la possibilité d'établir ses tarifs de manière plus précise, ce qui pénalisera certains consommateurs: «Actuellement, on considère par exemple qu'une personne qui a consommé 1 600 kWh sur 60 jours a utilisé moins de 30 kWh par jour en moyenne, ce qui la situe d'office dans le premier palier de tarification. Avec le nouveau système, on saura précisément s'il y a des jours où elle a dépassé cette limite, ce qui la fera passer au second palier de tarification. C'est moins avantageux pour le consommateur et cela va frapper directement les petits logements équipés de chauffage électrique, dont on connaît bien la forte hausse de consommation durant les mois d'hiver», détaille M. Blain.
AJOUT EN DATE DU 16/09/2011: Reste que les certitudes sont loin d'être acquises. Comme l'explique l'un de nos précédents articles sur le sujet, les compteurs LAD pourraient permettre aux consommateurs de réaliser des économies... On est d'accord, ce n'est pas facile de se faire une opinion!
Une question de santé publique aussi?
Pour M. Blain, le rôle des releveurs est également sous-évalué: «Ce sont les seules personnes capables de signaler quelque chose d'inquiétant, des équipements endommagés, ou encore des risques pour la santé des occupants en cas d'interruption de service. En clair, leur intervention est très importante sur le plan social». En termes de santé publique, se pose également la question de l'impact des champs électromagnétiques sur l'être humain.«C'est une zone grise au plan scientifique, constate Jean-François Blain, mais on les soupçonne d'être à la source de certains cancers.» Bref, sur ce point-là, on tombe dans le débat d'experts...
«Depuis plusieurs années, Hydro-Québec suit de très près la question des effets de la radiofréquence, indique Patrice Lavoie, conseiller stratégique à la direction de la communication. Les compteurs de nouvelle génération sont sécuritaires et ne présentent aucun risque pour l'être humain. Ils sont conformes aux normes de Santé Canada et d'Industrie Canada.» Il précise par ailleurs que ces compteurs se situent bien en deçà des limites établies et que dans la majorité des cas, le niveau d’exposition d’une personne qui se tiendrait à un mètre d’un compteur est de 23 000 fois inférieur aux limites établies par Santé Canada.
«De plus, la puissance d’un compteur de nouvelle génération est très faible puisqu’elle est de 0,425 watt, comparativement aux ampoules électriques de 15, 60 ou 100 watts, par exemple. La puissance est comparable à celle des téléphones cellulaires (environ 0,2 watt)», poursuit-il.
Pour en savoir plus à ce sujet, vous pouvez consulter notre dossier sur les champs électromagnétiques.
Conflit d'intérêts?
La Régie de l'énergie, organisme chargé d'accorder (ou non) les investissements d'Hydro-Québec, a déjà commencé à plancher sur la question des compteurs intelligents. Une décision est attendue pour le début de 2012, mais c'est sous toutes réserves.
«On sait très bien qu'Hydro-Québec est la principale vache à lait du gouvernement québécois. Or, quel est l'objectif d'Hydro-Québec? Verser davantage de dividendes à son actionnaire, le gouvernement. Ce n'est plus une société d'État, mais une société commerciale dont les clients sont captifs, une entreprise monopolistique. De l'autre côté, il y a la Régie de l'énergie, qui selon moi a déjà reçu les instructions de son employeur, j'ai nommé... le Conseil des ministres. Cette situation de conflit d'intérêts évident est assez inquiétante, il me semble», insiste M. Blain.
Réponse de la société d'État sur ce point: «Hydro-Québec respecte les lois en vigueur, dont la Loi sur Hydro-Québec et la Loi sur la Régie de l'énergie, qui encadrent et réglementent ses activités».
MISE À JOUR DU 29 SEPTEMBRE 2011: Hydro-Québec réagit aux commentaires des internautes
Suite aux nombreux commentaires postés en réaction à notre article sur les compteurs de nouvelle génération, Hydro-Québec tient à préciser différents points:
• Déroulement de la phase actuelle: La phase initiale de déploiement est actuellement en cours et se poursuit jusqu'en mai 2012. Le processus se déroule bien. Environ 2 000 compteurs ont été installés dans la MRC de Memphrémagog, 6 000 à Boucherville et environ 1 000 (sur un total de 19 000) dans le secteur Villeray, à Montréal. Sous réserve d'approbation par la Régie de l'énergie du Québec, le déploiement massif de l'installation des compteurs débutera dès mai 2012.
• Choix des compteurs de Landis+Gyr: Hydro-Québec a lancé un appel de candidatures public pour la fourniture de compteurs et de l'infrastructure de mesurage avancée. Quatorze entreprises se sont manifestées. Par la suite, un appel de propositions a été envoyé seulement à ceux qui se sont préqualifiés, soit huit candidats sur 14. Hydro-Québec a reçu six soumissions qui ont fait l'objet d'une évaluation rigoureuse tant sur les plans technique qu'économique et selon une grille de pointage détaillée dont un pointage attribué au contenu québécois. Au terme de cette évaluation, Hydro-Québec a retenu deux finalistes: Landis+Gyr er Elster. Landis+Gyr fournira l'infrastructure de mesurage avancée ainsi qu'un maximum de 80 % des compteurs. Elster fournira un minimum de 20 % des compteurs, et ce, en utilisant la solution technologique du finaliste principal.
• Impact sur les tranches de tarifs: Le déploiement de l'infrastructure de mesurage avancé n'a pas comme objectif de modifier la facturation. Le choix de cette technologie entraînera une plus grande efficience par le biais d'un nouveau moyen pour obtenir les données de consommation. Dans le cadre de ce projet, la base d'établissement des premiers 30 kWh consommés par jour restera la même que présentement.
• Tarifs différenciés: Concernant le tarif différencié dans le temps, Hydro-Québec a réalisé, à la demande de la Régie de l'énergie, un projet pilote dont les résultats ont démontré qu'il n'y a actuellement pas d'intérêt au Québec pour ce type de tarification. Un changement tarifaire ne fait pas partie du périmètre du déploiement de l'infrastructure de mesure avancé.
• Coûts de l'électricité au Québec: Les tarifs d'électricité au Québec sont parmi les plus bas en Amérique du Nord.

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