Bell veut vos informations, et elle les aura
Abonnés aux services mobiles de Bell, l’entreprise vous aura désormais à l’œil et récoltera des informations sur vous. Que pouvez-vous faire? Pas grand-chose.
À partir du 16 novembre 2013, le géant des télécommunications modifiera sa politique sur la protection de la vie privée de façon à pouvoir recueillir des renseignements sur les abonnés de ses services mobiles. L’objectif premier: leur envoyer des publicités ciblées selon leurs habitudes de navigation. «Depuis déjà plusieurs années, les Google, Facebook et Amazon de ce monde font de la publicité ciblée en fonction des sites que leurs visiteurs fréquentent», explique Nicolas Poitras, vice-président, services résidentiels de Bell, en entrevue avec Protégez-Vous.
«Nous, on se lance d’abord avec le mobile, et nos clients peuvent nous signifier s’ils veulent ou non faire partie de ce programme qui, on en est convaincu, respecte les lois, les règles et les normes en vigueur», poursuit-il.
«Vos renseignements personnels ne seront utilisés que par Bell Canada, ses sociétés affiliées et ses partenaires», détaille le site de l’entreprise. Cependant, précise Nicolas Poitras, il s’agit là d’un énoncé standard à tous les contrats. Dans le cas du programme de publicité pertinente, l’information ne sera partagée qu’avec les compagnies qui gèrent les publicités ciblées sur le Web. «Elles recevront des groupes cibles associés à des adresses IP. Elles ne recevront donc jamais de noms ou d’informations permettant de vous identifier», assure-t-il.
Parce que Bell considère son programme de «publicités pertinentes ciblées» comme «une valeur ajoutée pour ses clients», l’entreprise a l’intention de l’étendre aux abonnés de ses autres services, mais le délai n’a pas été précisé.
Seul refus possible: le partage de vos informations
Par voie de communiqué, Bell garantit qu’«aucun client de Bell n’est obligé de participer au programme». Un formulaire en ligne permet de se retirer du programme de «publicités pertinentes ciblées», mais ce formulaire n’offre qu’un seul autre choix: recevoir plutôt des publicités aléatoires non ciblées. «Si vous cliquez sur publicité aléatoire, vous continuerez à recevoir de la publicité comme celle qui est diffusée aujourd’hui, explique Nicolas Poitras. Vos renseignements ne seront pas utilisés pour vous présenter de la publicité personnalisée.» Mais ceux-ci seront tout de même compilés par Bell.
Autrement dit, rien ne vous permet de vous opposer à la collecte de vos renseignements personnels, mais à leur partage avec les partenaires de Bell, oui. Actuellement, il suffit d’inscrire un numéro de téléphone mobile pour remplir le formulaire de retrait, et ce, que vous soyez ou non le titulaire du numéro. Mais plus pour longtemps. Pour le moment, l’entreprise effectue tous les retraits demandés – un nombre qu’elle qualifie de «minime» – sans autre vérification. Mais Nicolas Poitras indique que le site sera bonifié «sous peu» pour que l’identité de la personne qui soumet la demande de retrait pour un numéro puisse être vérifiée.
Le 22 octobre, la compagnie Virgin Mobile, qui appartient à Bell, a annoncé qu’elle comptait adopter une politique semblable à celle de sa société mère. Selon le quotidien La Presse, «au moins une plainte contre Virgin a déjà été formulée au Commissariat à la protection de la vie privée, qui entend suivre la situation».
Des inquiétudes? Voici quoi faire
Vous êtes inquiet de la portée de l’initiative de Bell sur votre vie privée? Vous n’êtes pas le seul. Le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada recevrait des plaintes et des interrogations à ce sujet «toutes les dix minutes», selon certains médias. Le mardi 22 octobre, l’organisme a ouvert une enquête sur cette nouvelle politique de Bell. La procédure est confidentielle, mais la Commissaire à la vie privée, Jennifer Stoddart, rendra publiques ses conclusions à la condition que celles-ci répondent aux critères en matière d'intérêt public mentionnés dans la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, a-t-elle indiqué à Radio-Canada.
Infos recueillies par Bell
• Type d'appareil mobile que vous utilisez
• Vos habitudes de paiement des services mobiles de Bell (dont la méthode utilisée)
• Langue de préférence
• Code postal et données démographiques (sexe et âge)
• Pages Web visitées avec votre appareil mobile
• Mots clés utilisés pour vos recherches
• Applications téléchargées
• Fonctions de l’appareil utilisées
• Contenu télé visionné
• Emplacement de l’appareil mobile durant l’utilisation
• Habitudes d’appel (ex.: destination géographique des appels entrants et sortants)
Voici où vous pouvez porter plainte
• Commissariat à la protection de la vie privée du Canada
• Commission d’accès à l’information du Québec (qui entend elle aussi mener une enquête sur le programme de Bell)
• Commissaire aux plaintes relatives aux services de télécommunications (organisme pancanadien à but non lucratif)
• Service à la clientèle de Bell: composez le 310-BELL
• Ombudsman pour la protection de la vie privée de Bell: par courriel au [email protected] ou par la poste à Bureau de l’ombudsman pour la protection de la vie privée, 110, rue O’Connor, 14e étage, Ottawa (Ontario) K1P 1H1.

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