L'amiante chrysotile, matière dangereuse
Des médecins québécois pressent le gouvernement canadien de faire ajouter l’amiante sur la liste des substances dangereuses de la Convention de Rotterdam.
Alors que s’ouvre le 20 juin à Genève, en Suisse, la Convention de Rotterdam sur le commerce mondial des substances dangereuses, 48 médecins québécois font pression sur le gouvernement canadien sur le dossier sensible de l’amiante chrysotile. Dans une lettre ouverte adressée le 13 juin au premier ministre Stephen Harper, ces professionnels de la santé l’enjoignent d’accepter l’inscription du chrysotile sur la liste des produits dangereux reconnue par la Convention de Rotterdam.
Dans leur courrier, les praticiens québécois rappellent que «toute la communauté médicale et scientifique indépendante québécoise, canadienne et internationale est unanime» pour reconnaître que «dans ses utilisations actuelles, le chrysotile est une substance dangereuse qui entraîne un trop grand fardeau de maladie». Amiantose, cancer du poumon, cancer de la plèvre… «L’amiante est à lui seul la cause du plus grand nombre de décès professionnels par maladie au Québec et au Canada», poursuivent-ils.
Un danger reconnu…
«L’amiante chrysotile est une épidémie au même titre qu’une autre», insiste le Dr Pierre Deshaies, de l'Association des médecins spécialistes en santé communautaire du Québec et l’un des signataires de la lettre ouverte. Dans une étude portant sur l’Utilisation de l’amiante chrysotile au Québec datée de 2005, l’Institut national de la santé publique du Québec confirmait que le produit «est un cancérigène prouvé chez l’humain» et que son «utilisation sécuritaire n’est pas réalisée au Québec».
Au niveau fédéral, Santé Canada aurait émis dès 2006 un avis sur le classement du chrysotile sur la liste des produits dangereux. Dans un document révélé cette semaine, Paul Glover, à l’époque directeur général du programme de la sécurité des milieux à Santé Canada et actuel sous-ministre adjoint du ministère fédéral, rappelait que «la préférence de Santé Canada serait d’inscrire l’amiante chrysotile sur la liste, dans une démarche concordante avec les principes d’une utilisation sécuritaire qui exigent que l’on donne aux gens toutes les informations nécessaires pour manipuler ce produit correctement, avant qu’ils ne l’achètent».
… mais minimisé par le gouvernement canadien
La Convention de Rotterdam, qui fait la promotion d’un commerce responsable, exige notamment l’obtention d’un consentement éclairé préalable entre pays exportateur et importateur dès lors qu’il s’agit d’un produit dangereux. Le gouvernement canadien, accusé de faire le jeu de la filière de l’amiante, assure que «depuis plus de trente ans, le Canada fait la promotion de l'utilisation sécuritaire et contrôlée du chrysotile sur la scène internationale et nationale», ainsi que l’a rappelé le ministre fédéral de l'Industrie, Christian Paradis, dans La Presse canadienne.
«L’amiante est une pestilence universelle, estime pour sa part le Dr Fernand Turcotte, professeur émérite de santé publique à l’Université Laval. A l’origine, c’est un malheur entièrement fabriqué au Canada. Rien que pour cela, notre gouvernement devrait faire preuve d’un peu plus de responsabilité et de décence que n’importe quel autre pays». Et donc, selon les médecins québécois, cesser de bloquer la recommandation d’inclure le chrysotile sur la liste de la Convention de Rotterdam.
Photo: iStockphoto

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