Renouvellement d’hypothèque : survivre au choc des taux d’intérêt
À quoi vous attendre si vous devez renouveler votre hypothèque en 2023? Comparez vos options et préparez-vous comme il faut avant de rencontrer votre banquier.
La hausse des taux d’intérêt plonge plusieurs propriétaires dans l’angoisse. Ceux qui ont bénéficié de taux hypothécaires à moins de 3 %, voire 2 %, font face aujourd’hui à des taux qui dépassent allègrement les 5 % au moment de renouveler leur prêt.
Et ce n’est pas fini. La Banque centrale du Canada a encore augmenté son taux directeur en décembre, pour une huitième fois depuis mars. Un scénario qui pourrait se prolonger en 2023.
Comment amortir le choc ? « Cela dépend de votre profil, de votre situation et de vos objectifs financiers », résume Charles-Olivier Ledoux, planificateur financier chez IG Gestion de patrimoine.
Si la hausse de vos paiements mensuels vous empêche de dormir, vous pourriez profiter du renouvellement pour prolonger la période d’amortissement du prêt, en étalant par exemple le remboursement du solde sur une nouvelle période de 25 ou 30 ans. Les paiements mensuels étant répartis sur une plus longue période, ils diminueront. Cependant, cette décision a un coût, puisqu’elle implique de payer plus d’intérêt.
Renouveler maintenant ou attendre ?
Vous pourriez également renégocier votre hypothèque sans attendre afin de profiter d’un taux plus bas. Les banques permettent en général de renouveler jusqu’à six mois avant l’échéance, sans pénalité. Avant cette période, des frais peuvent s’appliquer. Il s’agit de calculer si le jeu en vaut la chandelle. La pénalité doit être moins élevée que l’économie en intérêt pour que l’opération soit intéressante.
Si on n’est pas pris à la gorge, on peut aussi augmenter les paiements ou les accélérer pour réduire le solde du prêt à renouveler, ou encore faire un paiement forfaitaire. Selon votre entente, les institutions financières permettent de verser de 10 à 20 % de la valeur empruntée sans subir de pénalité.
« Renouveler une hypothèque, cela se prépare », dit Charles-Olivier Ledoux. Il suggère de profiter de l’occasion pour faire le ménage dans son bilan financier. Par exemple, consolider ses autres dettes dans un seul paiement pour bénéficier d’un taux d’intérêt plus bas. L’argent ainsi économisé peut ensuite être réinjecté dans le paiement de l’hypothèque.
Cet exercice est utile pour les propriétaires qui craignent de ne pas se qualifier pour renouveler leur prêt. En effet, depuis le 1er juin 2021, ils doivent se qualifier au taux d'intérêt hypothécaire négocié avec la banque plus 2 % ou 5,25 % (celui qui est le plus élevé des deux). Par exemple, pour un prêt à 6 %, il faut pouvoir supporter un taux de 8 %. Ce « test de résistance » s’applique si l’on veut refinancer sa résidence, changer de prêteur ou recourir à une marge de crédit hypothécaire.
Alors, taux fixe ou variable ?
C’est la question à un million de dollars, selon Charles-Olivier Ledoux. Il estime que le taux variable continue d’être intéressant, malgré les hausses, si on est prêt à assumer un certain risque à court terme, car la hausse pourrait ralentir, voire cesser, au cours des deux derniers trimestres de 2023, selon plusieurs analystes.
Si la prudence vous fait pencher pour un prêt à taux fixe, le conseiller suggère de choisir le terme le plus court possible. « Les taux risquant de baisser dans quelques mois, on évite ainsi d’être pris et de devoir payer une pénalité salée pour casser l’hypothèque au milieu du terme. »
Garder des liquidités
Enfin, « prioriser le paiement de l’hypothèque n’est pas toujours la solution magique pour rester à flot », soulève le planificateur financier. Il reste judicieux de conserver des liquidités afin de mettre en place un fonds d’urgence ou de cotiser à un REER pour minimiser l’impôt.
« Tout est une question d’équilibre », conclut Charles-Olivier Ledoux . Et aussi de patience. Plutôt que de céder à la précipitation, mieux vaut peser le pour et le contre, rester vigilant et attendre l’évolution de la situation avant de prendre des décisions financières à long terme.
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