REER: pensez à l’investissement socialement responsable!
Vous vous souciez du développement durable et ne savez que faire de vos épargnes? Voici une solution REER qui vous fera du bien.
Investir de façon socialement responsable (ISR), c’est placer de l’argent dans un fonds qui prend en compte des critères extrafinanciers liés aux préoccupations environnementales et sociales ainsi qu’à la gouvernance des entreprises (critères ESG). Le tout sans négliger les préoccupations financières, tels le rendement, les frais de gestion et le capital garanti.
Cette forme de «placement durable» existe depuis les années 1970, mais c’était la première fois qu’on sondait la connaissance des Québécois en la matière. Et il était temps, selon Fabien Durif, coauteur de l’étude Les Québécois et l’investissement responsable – Portrait 2014*. «Les consommateurs ne comprennent pas du tout ce type de produits financiers, déplore le directeur de l’Observatoire ESG UQAM de la consommation responsable. C’est un frein majeur à leur investissement ISR.»
Selon l’étude, seulement 8,5 % des Québécois ont déjà investi dans un fonds ISR, dont 5,9 % dans la dernière année. C’est peu, dans un contexte où l’offre est en progression au Québec étant donné l’attrait pour la consommation responsable: en 2013, une centaine de fonds ISR étaient proposés, contre 70 en 2011. Reste qu’ils forment toujours une part minime des milliers de fonds disponibles sur le marché.
Le manque d’intérêt pour les fonds ISR tient notamment au fait qu’environ un tiers des investisseurs potentiels interrogés (37,6 %) ont l’impression que ceux-ci constituent des placements plus risqués et au rendement plus faible que des fonds réguliers. Or, «la plupart des études démontrent que le rendement est équivalent, et parfois même supérieur», assure Fabien Durif.
Vers un classement des ISR
L’étude démontre que ce sont les hommes de 25 à 44 ans résidant à Montréal et à Laval, diplômés universitaires et dont le ménage a des revenus supérieurs à 40 000 $, qui sont les plus susceptibles d’accorder une place importante aux critères ESG (gouvernance des entreprises) dans leurs placements financiers, et donc d’investir dans un fonds ISR.
Elle prouve également que les Québécois ont besoin de repères pour mieux comprendre l’investissement socialement responsable. Près de la moitié des répondants (48,8 %) souhaitent que les institutions financières produisent un indicateur de gestion responsable. Ils veulent aussi un classement des fonds d’ISR par un organisme indépendant et la création d’un label québécois d’investissement responsable. À ce jour, seule la France possède un tel label, attribué par le Centre de recherche ISR Novethic.
Les fonds ISR utilisent l’une ou plusieurs des six stratégies d’investissement suivantes:
• Le filtrage positif (la sélection d’entreprises aux critères ESG élevés);
• Le filtrage négatif (l’exclusion de secteurs que tels l’alcool, le jeu, le tabac et l’armement);
• Les fonds thématiques (la sélection d’entreprises d’un secteur précis: énergie, eau, etc.);
• L’adhésion à des principes (le fonds respecte les Principes d’investissement responsable de l’ONU publiés en 2006 et lancés au Québec en février 2013);
• L’investissement à impact élevé (le fonds garantit un certain rendement);
• L’engagement actionnarial (la sélection d’entreprises qui permettent aux actionnaires d’agir sur leurs pratiques pour les améliorer).
10 questions pour mieux choisir votre fonds ISR
- Ce fonds est-il adapté à mon profil d’investisseur et à mon horizon de placement?
- Ce type de fonds cadre-t-il avec mes valeurs et mes préoccupations? Par exemple, est-ce qu’il investit dans le nucléaire ou les sables bitumineux?
- Les gestionnaires du fonds discutent-ils avec les entreprises afin de les amener à améliorer leurs pratiques environnementales, sociales et de gouvernance? Sont-ils transparents à cet égard (publication de rapports, infolettres, etc.)?
- Est-ce que le fonds investit dans les communautés locales, notamment par l’entremise de projets de développement communautaire?
- Quelle est la politique de vote par procuration du fonds? Vote-t-il souvent en faveur des propositions d’actionnaires minoritaires portant sur des questions environnementales et sociales ainsi que sur la gouvernance de l’entreprise?
- Quel est son rendement par rapport aux indices de référence comme le S&P/TSX Total Return?
- Quel est le ratio des frais de gestion? Y a-t-il des frais d’acquisition ou de sortie (frais différés)?
- Quels sont les investissements initiaux et mensuels minimaux?
- Puis-je acheter ce fonds par l’entremise de la plupart des conseillers financiers ou exclusivement chez les conseillers de l’institution émettrice?
- Est-il assorti d’un capital garanti (fonds distinct)?
L’Observatoire tentera de répondre à ces demandes d’ici quelques années. La priorité est de bâtir un classement des fonds selon leurs performances en termes de responsabilité sociale. Ensuite, il espère mettre sur pied un label pour aider le consommateur à distinguer les bons fonds ISR. L’organisme réfléchit aussi à la création d’une accréditation pour les conseillers en placements ISR, assortie d’une formation spécifique.
Les institutions qui offrent ce type de fonds et le gouvernement doivent aussi mieux informer la population. «On a affaire à un vrai changement comportemental, résume Fabien Durif. Il faut expliquer ce qu’est l’ISR pour donner toutes les chances aux citoyens de faire un choix éclairé.»
*L’étude s’appuie sur les réponses de 1 008 internautes à une enquête électronique menée du 10 au 20 janvier 2014. Les répondants font partie d’un panel de 33 000 consommateurs représentatifs de la population du Québec établi par MBA Recherche en fonction des données de Statistique Canada; le calcul de la marge d’erreur ne s’applique donc pas.
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