Le vintage et les biens d’occasion ont la cote
Les articles usagés, vintage et rétro sont très en demande pendant les fêtes, période empreinte de nostalgie où les souvenirs sont toujours prêts à ressurgir. Mais cet attrait pour le passé s'étend maintenant sur toute l'année. Et la pandémie semble avoir ravivé l'intérêt des consommateurs pour la revitalisation des objets.
«On vend de l’émotion, des coups de cœur et des souvenirs», lance Érick Ouellet, le propriétaire de la boutique La Chaise Rouge, située à Howick, en Montérégie. Pour cet homme d’affaires, le mois de décembre est toujours très occupé. Ses clients convoitent autant des objets de collection à offrir en cadeau – des moulins à café, des hachoirs à viande, de la vaisselle, etc. – que des décorations de Noël inusitées.
«Le fameux sapin en aluminium, si j’en avais eu 500, je les aurais tous vendus. Ceux qu’on a eus sont partis la première journée», rapporte-t-il.
La femme d’affaires et autrice du blogue Esprit Vintage, Chantal Trudel, constate aussi que cet arbre de Noël rétro est très recherché, tout comme les sapins faits en céramique, les grosses lumières et les boules de verre.
«Les décorations rétro, ça marche tout le temps, insiste-t-elle. Elles rappellent aux gens leur enfance ou même celle de leurs parents. C’est du comfort shopping.»
Une demande qui persiste à l’année
Si le temps des fêtes est une période achalandée pour les revendeurs de biens usagés, l’engouement ne se dément pas le reste de l’année. Cette tendance se dessinait bien avant la pandémie, mais elle a été accentuée par les périodes de confinement pendant lesquelles les consommateurs ont fait le ménage de leur placard et repensé leur décoration intérieure.
En 2018, 2,4 milliards d’objets usagés avaient été échangés au Canada, rapportait l’Indice Kijiji 2019, une étude réalisée par l’Observatoire de la consommation responsable de l’ESG UQAM, soit 250 millions de plus qu’en 2014. En général, les Québécois ont acheté 33 articles d’occasion et en ont revendu 28. Ils ont ainsi économisé en moyenne 1307 $.
«Depuis environ six ou sept ans, la mentalité anti-IKEA est plus présente, note Érick Ouellet. Les gens veulent des choses qui vont durer. Il y a des meubles qui ont 100 ans et qui sont toujours droits, alors que des meubles IKEA sont finis après un déménagement.»
«Avant, il fallait que l’on convainque notre clientèle des avantages d’acheter des articles usagés, ajoute l’autrice du blogue Esprit Vintage. Aujourd’hui, c’est davantage dans les mœurs. Les gens veulent consommer local et ils sont préoccupés par l’environnement.»
Avènement du Web
Qui plus est, nombre de revendeurs ont migré vers le Web bien avant le début de la pandémie, que ce soit par le biais d’un site internet ou des réseaux sociaux.
«Tous ceux qui ont fait un virage en ligne sont gagnants, autant pour ce qui est de la promotion que de la vente, soutient Chantal Trudel. Avec la pandémie, les gens sont habitués d’acheter en ligne.»
Les plateformes internet, comme Marketplace, Kijiji ou LesPacs, ont également eu pour effet d’intensifier les ventes de biens usagés, à tel point que des consommateurs s’y consacrent à temps plein, au grand dam des réels entrepreneurs. «Ça fait moins de choses dans les poubelles, mais c’est plus difficile de trouver du matériel à bon prix», souligne Patrick Girouard, propriétaire de l'entreprise Du tout pour tout.
Érick Ouellet, qui a aussi repéré des pseudo-brocanteurs, mentionne pour sa part que les consommateurs sont réticents à se présenter chez un particulier. «Les raisons sanitaires sont en cause, mais il y a aussi une pression pour acheter, explique-t-il. Et si tu arrives chez toi et que l’item est brisé, tu vas te faire dire de t’arranger avec.»
Les articles usagés les plus convoités
Qu’est-ce qui est particulièrement recherché dans les articles usagés? De petits meubles qui peuvent être facilement logés, d’après le copropriétaire de La Chaise Rouge. «Le gros buffet tape-à-l’œil avec plein de fioritures, qui mesure cinq pieds de large, personne n’en veut», dit-il.
Chantal Trudel remarque pour sa part que les matières brutes sont très prisées, comme le marbre ou le bois. «Le rotin, c’est malade, mentionne-t-elle. Tout le monde veut du rotin! La fameuse chaise Peacock se vendait 60 $ il y a deux ou trois ans. Maintenant, c’est 300 $.»
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