Votre navigateur n'est plus à jour et il se peut que notre site ne s'affiche pas correctement sur celui-ci.

Pour une meilleure expérience web, nous vous invitons à mettre à jour votre navigateur.

Hausse du salaire minimum: suffisant pour vivre décemment?

Par Emmanuelle Gril
salaire-minimum-2 Aleksandar Malivuk/Sutterstock.com

Depuis le 1er mai dernier, le salaire minimum a augmenté de 0,75 $ de l’heure pour s’établir à 14,25 $. Mais peut-on vraiment vivre décemment avec un tel montant ? La réponse est nuancée.

Au salaire minimum, une personne seule qui travaille à plein temps peut espérer gagner 25 935 $ brut, soit 21 491 $ après impôts, calcule la Chaire de recherche en fiscalité et finances publiques (CFFP) de l’Université de Sherbrooke. Or en 2022, le seuil de la pauvreté varie entre un revenu disponible de 20 796 $ à 22 332 $, selon le lieu de résidence. Donc, malgré son augmentation, il est clair qu’au salaire minimum on ne peut guère faire de folies, tout au plus surnager au-dessus du seuil de la pauvreté…

Pas de folies à faire

Ce constat ressort clairement de l’étude réalisée par la CFFP afin d’analyser les effets de la hausse de 2022. Il faut savoir que pour déterminer le seuil de faibles revenus, Statistique Canada a recours à la Mesure du panier de consommation (MPC). Cette dernière représente le revenu nécessaire pour pouvoir se procurer un ensemble de biens et de services considérés comme de base (logement, alimentation, transport, habillement et autres nécessités).

Les chercheurs de la CFFP ont conclu que malgré l’augmentation du salaire minimum, une personne seule ne sera pas en mesure de combler ses besoins de base, son taux de couverture de la MPC affichant un déficit de - 1,1 %. Un couple travaillant tous deux au salaire minimum et ayant deux enfants connaît lui aussi un manque à gagner de -1,9 %. Autrement dit, il faudra se serrer la ceinture pour réussir à joindre les deux bouts et il n’est pas certain que l’on y parviendra sans s’endetter.

Prestations pour pallier le coût de la vie

En fait, le taux de couverture de toutes les catégories de ménages s’est détérioré entre 2021 et 2022 en raison de l’inflation galopante qui réduit notre pouvoir d’achat. Autre facteur responsable de ce décalage : l’indexation des programmes de transferts sociaux (crédits d’impôt pour solidarité, allocations famille, etc.) qui demeurent à la traîne par rapport à l’inflation.

Pour pallier ce décalage, Québec a récemment mis en place un ensemble de correctifs afin d’atténuer la hausse du coût de la vie. Ainsi, deux mesures temporaires et ponctuelles permettent aux contribuables de recevoir des crédits d’impôt s’ils répondent à certaines conditions.

Si on les fait entrer dans l’équation, la situation des ménages au salaire minimum s’améliore un tant soit peu, leurs revenus disponibles grimpant de 5,7 à 9 % selon les cas. Tous réussissent aussi à couvrir leurs besoins de base et même un peu plus. Après impôts et cotisations, incluant les prestations sociales et pour le coût de la vie, les revenus disponibles d’une personne seule passent donc à 24 450 $. De son côté, un couple gagnant le salaire minimum, avec deux enfants, empocherait 60 179 $, soit bien davantage que les 51 870 $ de son salaire brut annuel.

Un revenu viable?

L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) mène régulièrement des études à propos du revenu viable. De quoi s’agit-il? Du montant d’argent nécessaire pour vivre dignement, c’est-à-dire pour être en mesure de combler ses besoins de base, mais aussi de disposer d’une marge de manœuvre pour voir aux imprévus, épargner pour la retraite, se constituer un fonds d’urgence, etc.

La plus récente recherche de l’IRIS révèle qu’au Québec, une personne sur cinq vit sous le seuil du revenu viable. En 2022 pour une personne seule, celui-ci est évalué entre 25 128 $ et 34 814 $ après impôts, selon la ville de résidence. La fourchette pour un couple avec deux enfants est de 61 385 $ à 70 322 $. La chercheuse de l’IRIS Julia Posca note que dans la province, c’est la ville de Sept-Îles où le revenu devra être le plus élevé pour être viable, en raison du manque de transports en commun qui force les résidents à acheter une voiture, voire deux pour un couple. La croissance fulgurante du prix de l’essence vient aussi peser très lourd dans le budget.

De l’avis de la chercheuse, pour assurer un revenu viable, le salaire minimum devrait être établi à au moins 18 $ de l’heure. Or, si le gouvernement semble ouvert à une augmentation, il semble que celle prévue l’an prochain viserait plutôt 15 $ de l’heure.

Petite consolation : grâce au crédit de solidarité, crédit pour la TPS, prime au travail, bouclier fiscal et diverses allocations pour les travailleurs et les familles, la plupart des Québécois au salaire minimum s’en sortent généralement mieux que les autres Canadiens. En effet, selon une autre étude de la CFFP, une fois les impôts payés et les prestations perçues, le revenu disponible qui en résulte place le Québec en bonne position, en particulier pour les familles monoparentales et les couples avec deux enfants et un seul revenu. Dans ces deux cas spécifiques, leur revenu disponible est même le plus élevé au pays. C’est toujours ça de pris…

>> À lire aussi : Prix de l’essence : 13 trucs pour économiser à la pompe et Surveiller l’exactitude des prix pour économiser à l’épicerie

  Ajouter un commentaire

L'envoi de commentaires est un privilège réservé à nos abonnés.

Il n'y a pas de commentaires, soyez le premier à commenter.