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Composter comme un pro

Par Marie-Eve Shaffer
Catherine Zibo/Shutterstock.com

Il vous est possible de valoriser vos restes de table et vos résidus verts de plusieurs façons, que ce soit dans un bac à compost installé à l’extérieur, un vermicomposteur ou un vivarium pour insectes. Votre municipalité est aussi en mesure de vous donner un coup de main si elle offre un service de collecte des matières organiques. Vous pouvez en plus pratiquer l’herbicyclage et le feuillicyclage. Voyez les méthodes qui vous conviennent… et qui vous répugnent le moins!

Le compostage, c’est quoi?
Le compostage municipal
Le compostage à la maison
Le vermicompostage
Le compostage avec des insectes
Le composteur de cuisine
L’herbicyclage et le feuillicyclage
Les certifications de produits compostables

« S’il y a une pratique vraiment écologique, c’est bien celle de faire son compost », fait valoir l’agronome et conférencière Lili Michaud, qui est aussi l’auteure du livre Le compost : pourquoi ? comment ? (publié aux Éditions MultiMondes).

Le compostage présente en effet plusieurs avantages, dont ceux de valoriser vos déchets organiques et de réduire le contenu de votre poubelle. Si vous le faites à la maison, vous réduisez en plus vos dépenses en compost et en engrais ainsi que la facture de votre municipalité pour le traitement de vos matières résiduelles.

« Et plus vous faites du compost près de la source, moins il y a de transport, et plus c’est écologique », ajoute Louise Hénault-Ethier, directrice du Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Une mauvaise réputation colle toutefois au compostage. Dans le cadre d’un sondage réalisé en 2021 par RECYC-QUÉBEC, 53 % des répondants ont avoué qu’ils étaient rebutés par la présence de mouches près de leur bac et 48 % par les odeurs. « Quand on composte mal, il y a des inconvénients », admet Mathieu Hodgson, éditeur du blogue Jardinier paresseux.

Pour éviter les tracas, renseignez-vous sur les rudiments du compostage et optez pour la méthode qui répond à vos besoins. Vous hésitez entre la version domestique et son pendant municipal? « L’un n’empêche pas l’autre », dit Lili Michaud, qui a adopté les deux. Le compostage municipal valorise des matières que vous ne devez pas mettre dans un composteur domestique, par exemple vos restes de viande.

Le compostage, c’est quoi ?

Il consiste en un « processus de décomposition contrôlée de la matière organique et provoquée par des microorganismes », explique Lili Michaud. Autrement dit, vos restes de table se putréfient, ce qui fait la joie de petits êtres vivants, dont plusieurs sont invisibles à l’œil nu.

Il faut souligner que le compost n’est pas un engrais, mais bien un amendement. « Il améliore les propriétés du sol et, selon sa qualité, il peut nourrir indirectement la plante », nuance Lili Michaud. Vous pouvez le mélanger avec le terreau de vos plantes d’intérieur, de votre potager et de vos plates-bandes, ou même avec celui qui se trouve à la base des arbres.

Voici les différentes méthodes de compostage auxquelles il est possible de recourir.

Le compostage municipal

Au Québec, plus de 60 % des municipalités offrent un service de collecte de déchets organiques, selon le Bilan 2021 de la gestion des matières résiduelles au Québec de RECYC-QUÉBEC. Si vous résidez dans l’une d’elles, vous avez certainement reçu un bac brun ou même des sacs mauves (si vous êtes dans la ville de Québec).

Le compostage municipal vous permet de vous débarrasser d’un plus grand nombre de restes de table qu’il y a moyen de le faire avec un composteur domestique; vous pouvez par exemple y jeter des carapaces de crustacés et des matières grasses. Bon à savoir : certaines municipalités redistribuent gratuitement ou à faible coût le compost produit.

Voici les matières qui sont généralement acceptées et refusées dans la collecte municipale. Renseignez-vous auprès de votre municipalité pour obtenir la liste complète. (Pour savoir si une matière va au compost, aux ordures, au recyclage ou à l’écocentre, vous pouvez aussi utiliser l’application Ça va où.)

À ajouter

À éviter

• Tous les restes de table, y compris les os, les carapaces de crustacés et les matières grasses
• Les résidus de jardin*
• Les essuie-tout, le papier et le carton souillés

 

* Des municipalités les refusent dans le bac brun et organisent plutôt des collectes pour les résidus verts.

• Les branches, les bûches et les souches d’arbre
• Les animaux morts
• La mousse de sécheuse
• Les essuie-tout imbibés de produits nettoyants
• La pierre, le gravier, le béton et la brique
• Les sacs de plastique compostables*

* La majorité des collectes les refusent en raison de leur processus de décomposition plutôt long.

Qu’arrive-t-il avec vos déchets organiques amassés dans la collecte municipale? Ils sont en grande partie (93 %) acheminés vers un site de compostage. D’abord déchiquetées et broyées, les matières se dégradent ensuite dans un environnement où l’aération et l’humidité sont scrupuleusement contrôlées, puis elles deviennent du compost en l’espace de quelques mois. Dans les lieux de compostage extérieurs, la durée du processus de transformation varie selon les saisons.

À peine 7 % des matières organiques prennent le chemin d’une usine de biométhanisation, notamment à Québec, à Varennes et à Rivière-du-Loup. Elles se décomposent alors dans un milieu fermé, sans oxygène, et elles sont transformées en l’espace d’environ six mois en digestat. Cette substance comprend des matières organiques non dégradées, des microorganismes et des minéraux. Elle est récupérée par des agriculteurs pour fertiliser leurs terres ou, dans une moindre mesure, elle est envoyée à un site de compostage. Du méthane est également produit pendant le processus de biométhanisation et réutilisé comme source d’énergie.

Truc de pro : l’été, placez vos matières compostables dans votre congélateur et sortez-les la veille de la collecte, pour éviter les odeurs et les asticots. Si de tels désagréments surviennent, aspergez votre bac de vinaigre ou mettez-y du gros sel. Prenez l’habitude de placer du papier journal au fond de votre bac brun pour empêcher que des aliments y restent collés.

Le compostage à la maison

Vous êtes soucieux de votre empreinte environnementale? Vous avez tout avantage à valoriser vos matières organiques à la maison. « On a tendance à acheter des ressources et à se débarrasser de ses déchets, mais on peut transformer ceux-ci en nouvelles ressources », souligne Louise Hénault-Ethier, qui est également professeure associée à l’INRS.

Quatre options s’offrent à vous pour traiter vos déchets organiques à la maison.

• Le bac extérieur

Si vous disposez de l’espace approprié à l’extérieur, vous pouvez installer un composteur, ou même deux, pour vous assurer d’une meilleure gestion de vos matières. Libre à vous de le fabriquer vous-même, ou encore d’en acheter un dans une quincaillerie ou une pépinière (prix : à partir de 80 $). À noter que des municipalités offrent une aide financière pour l’acquisition d’un composteur d’extérieur.

Placez votre composteur dans un endroit accessible à l’année. Pour réduire les risques d’odeurs, ajoutez une portion de matières riches en azote (restes de table, plantes d’intérieur, etc.) pour deux portions de matières riches en carbone (feuilles mortes, marc de café, pain, etc.). Vous devez mélanger le tout chaque semaine avec une fourche – quand la terre n’est pas gelée – et, au bout de 3 à 12 mois, vous obtiendrez du compost.

Truc de pro : l’été et l’automne, faites des réserves de matières carbonées, notamment de feuilles mortes et de résidus de jardins. Vous serez ainsi en mesure de maintenir l’équilibre dans votre composteur domestique, même quand le processus de décomposition ralentit pendant l’hiver.

• Le vermicompostage

Si les vers rouges ne vous répugnent pas, vous pouvez opter pour le vermicompostage. Cette technique ne repose pas sur un processus de décomposition, mais bien sur le travail de lombrics appelés Eisenia foetida qui dévorent les restes de table. « Ce n’est donc pas du compost qui est produit, mais du fumier de vers de terre », précise Lili Michaud.

Il vous est possible de fabriquer votre propre vermicomposteur ou d’en acheter un. Les prix varient de 50 $ à plus de 250 $. Vous trouverez les vers dans des boutiques spécialisées en agriculture urbaine comme Vermibec, à Saint-Placide. Prévoyez un budget d’une centaine de dollars pour un ensemble de départ.

Placez le vermicomposteur dans un endroit tranquille, à l’extérieur l’été ou à l’intérieur à longueur d’année. Installez-y une colonie de vers rouges sur une litière faite de papier déchiqueté, de sable et d’eau. Chaque ver mange tous les jours l’équivalent de son poids. En l’espace de trois à six mois, vous obtiendrez un amendement de grande qualité.

• Le compostage avec des insectes

Plutôt que d’utiliser des vers rouges, il y a moyen de recourir à des grillons ou à des larves de ténébrions meuniers pour valoriser vos restes de fruits et légumes. Ces insectes vous fourniront du fumier pour vos plantes et même, si vous le souhaitez, une nouvelle source de protéines pour votre alimentation ou celle de vos animaux domestiques (reptiles, oiseaux, etc.).

« Cette forme de compostage est accessible à monsieur et madame Tout-le-Monde », assure Louise Hénault-Ethier, qui est aussi cofondatrice de la ferme d’insectes TriCycle.

Procurez-vous d’abord un vivarium ainsi qu’une petite population d’insectes dans une animalerie ou une boutique spécialisée. Attendez-vous à une dépense totale d’au moins 50 $.

Installez le vivarium à l’intérieur pour y faire votre compost. Pour savoir comment aménager l’espace selon l’espèce d’insectes choisie, consultez le portail d’Espace pour la vie. Retenez bien que, peu importe le type d’insectes utilisé, ces derniers se reproduiront; vous aurez donc à en retirer une partie pour éviter une surpopulation.

• Le composteur de cuisine 

Ce qu’on appelle des composteurs de cuisine consiste en fait en des broyeurs et des déshydrateurs. Selon les informations fournies par les fabricants, les processus prennent quelques heures. « [Ces appareils] ne produisent pas du compost. La matière n’est pas décomposée; elle le sera dans votre jardin », précise Mathieu Hodgson.

Prévoyez payer de 500 $ à plus de 800 $ pour l’un de ces appareils. Avant de sortir votre portefeuille, vérifiez toutefois les évaluations des utilisateurs : des modèles sont jugés bruyants ou ne donnent pas les résultats escomptés.

Voici les matières organiques que vous pouvez traiter à la maison. Pour accélérer le processus de décomposition ou même le travail des vers rouges, coupez les matières en petits morceaux.

À ajouter

À éviter

Les matières azotées :

• Les restes de fruits et légumes
• Le gazon et les résidus de jardin*
• Les plantes d’intérieur
• Les poils d’animaux


Les matières carbonées :

• Les céréales, le pain, le riz et les pâtes alimentaires sans sauce
• Les écales de noix et noyaux
• Le marc de café
• Les résidus de jardin
• Les feuilles mortes*
• Les fleurs séchées
• Le papier journal déchiqueté


* Non recommandés pour le vermicompostage

• La viande et les crustacés*
• Les produits laitiers*
• L’huile, la mayonnaise et les sauces**
• Les plantes malades
• Les feuilles de rhubarbe
• Les excréments d’animaux
• Les papiers mouchoirs
• La cendre
• Les briquettes de barbecue
• Le plastique compostable

 

 

 

 


 ** Des composteurs de cuisine acceptent ces matières; vérifiez les directives du fabricant.

Quoi mettre au fond du petit bac de cuisine?

 

Que vous remplissiez un composteur domestique, un bac brun ou des sacs mauves, vous avez avantage à disposer d’un bac de cuisine. Certaines municipalités en fournissent un, mais vous pouvez en acheter un à votre goût.

 

Pour éviter de le nettoyer après chaque vidange, utilisez des sacs de plastique compostables ou même des sacs en papier avec une pellicule cellulosique, s’ils sont acceptés dans la collecte municipale. Vous pouvez aussi placer, dans le fond du bac, du carton ou du papier journal. Certaines villes, dont Brossard, Cowansville et Laval, ont mis en ligne des vidéos pour expliquer comment fabriquer un sac parfait pour le petit bac au moyen de feuillets publicitaires.

L’herbicyclage et le feuillicyclage

Vous n’avez pas envie de vous casser la tête? L’herbicyclage et le feuillicyclage sont susceptibles de vous convenir. Le premier consiste à tondre le gazon sans ramasser les touffes, tandis qu’il s’agit de passer la tondeuse sur les feuilles mortes à l’automne dans le cas du second. D’une façon ou d’une autre, fini la corvée de râtelage de la pelouse!

Ces deux techniques présentent l’avantage de préserver l’humidité de votre pelouse et de la fertiliser. En outre, vous réduisez votre empreinte environnementale en laissant les matières sur place.

Truc de pro : munissez votre tondeuse d’une lame conçue pour le déchiquetage. Des municipalités offrent à leurs résidents une aide financière à l’achat d’un tel outil; renseignez-vous auprès de la vôtre. 

Les certifications de produits compostables

Vous voyez un logo avec la mention « compostable » sur un produit jetable? Sachez que ce dernier peut être composté seulement dans des installations industrielles. Comme ce ne sont pas toutes les villes qui acceptent de tels produits dans la collecte municipale, consultez l’application mobile Ça va où? de RECYC-QUÉBEC avant de les mettre dans votre bac ou votre sac de compost.

• BPI Compostable

Cette certification s’applique entre autres à des sacs, à des tasses, à des dosettes de café, à des ustensiles et à des emballages. Pour l’obtenir, les matériaux doivent en grande partie se décomposer en l’espace de six mois dans des sites de compostage industriels. La qualité du compost doit également être analysée, notamment en ce qui a trait à la présence de métaux, de fluorine et de composés organiques volatils. La certification, qui est administrée par une entreprise privée, est renouvelable tous les trois ans auprès d’un organisme certificateur.

Verdict du Décodeur : Bon

• CAN/BNQ 0017-088 – Spécifications pour les plastiques compostables

Les produits et les emballages de plastique certifiés par cette norme peuvent se décomposer dans des installations où la température, l’humidité, la présence de microorganismes ainsi que le rapport entre le carbone et l’azote sont contrôlés. Découlant du protocole international ISO 17088, la norme CAN/BNQ 0017-88 a été élaborée par le Bureau de normalisation du Québec. Elle encadre la biodégradation, la désintégration pendant le compostage, le contenu de métaux lourds et les propriétés du compost. Des matières autres que le plastique peuvent également obtenir cette certification, qui est renouvelable tous les deux ans.

Verdict du Décodeur : Très bon

À lire aussi : Recyclez comme un champion!

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  • Par Raynald Pepin
    06 Septembre 2023

    On dit que «S’il y a une pratique vraiment écologique, c’est bien celle de faire son compost». Cependant, on ne mentionne pas que le compostage émet du méthane, puissant gaz à effet de serre. Or il semble que le compostage domestique émet plus de méthane que le compostage municipal parce que le compost est peu ou pas aéré et n'a pas toujours la bonne proportion d'humidité, de carbone et d'azote. Ç'aurait été bien d'avoir l'heure juste là-dessus!

    journalist
    Par Céline Montpetit de Protégez-Vous
    20 Septembre 2023

    Bonjour Monsieur Pepin,
    Du méthane peut en effet être produit pendant le traitement des matières organiques… lorsqu’il n’y pas d’oxygène. C’est le cas pendant le processus de biométhanisation et l’enfouissement. Le méthane peut être récupéré et réutilisé comme source d’énergie. Dans un composteur domestique, aucun méthane n’est émis. RECYC-Québec indique d’ailleurs qu’avec le compostage avec oxygène — notamment celui qu’on fait à la maison avec un bac de compost —, « les émissions fugitives de méthane associées à l’enfouissement sont évitées, ce qui contribue à réduire les GES ». J’espère que cela répond à vos préoccupations.