S’équiper pour le ski de montagne
Gravir des montagnes par vos propres moyens pour mieux les dévaler requiert un équipement spécialisé. Des skis aux fixations en passant par les bottes, les peaux d’ascension et les bâtons, entre autres, voici tout ce que vous devez savoir pour vous équiper correctement.
Ski de randonnée alpine, ski de haute route, ski hors-piste… Malgré les apparences, ces différentes dénominations du sport qui consiste à fixer des bandes de tissu sous ses skis pour atteindre des sommets enneigés et les descendre ensuite ont toutes leurs subtilités.
« Ce n’est pas un hasard si nous nous sommes dotés d’un lexique! s’exclame Maxime Bolduc, directeur du volet ski de montagne à la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME). À notre avis, le terme “ski de montagne” a l’avantage de chapeauter tous les autres. »
Cette richesse terminologique reflète la diversité de pratiques liées à cette activité, dont la popularité a explosé dans la dernière décennie. Vous pouvez vous y adonner aussi bien dans les stations de ski, où la remontée s’effectue par des sentiers aménagés, que dans le massif sauvage des Chic-Chocs, en Gaspésie, qui est considéré comme la Mecque de ce sport d’hiver au Québec.
Par ailleurs, l’accès aux sentiers de ski de montagne coûte généralement une fraction du prix de celui aux pistes de ski alpin ordinaire. Par exemple, une journée de randonnée alpine coûte 25 $ à Tremblant, alors que le prix courant d’une journée de ski alpin s’élève à 135 $ à cette même station.
Néanmoins, peu importe l’endroit choisi, l’objectif est le même : se dépenser lors de l’ascension, pour ensuite s’amuser en descente. « Cela en fait un sport beaucoup plus complet que le ski alpin, affirme Bastien Béland-Turgeon, gérant du rayon vélo et ski d’une boutique La Cordée, à Montréal. L’équipement doit être en mesure d’exceller dans ces deux volets. »
Bien déterminer où vous pratiquerez le ski de montagne vous permettra de cibler adéquatement vos besoins. Les skis, fixations, bottes, peaux d’ascension et bâtons sont les principaux éléments à vous procurer, mais pas les seuls. Il faut prévoir au moins 1 500 $ pour un ensemble complet, excluant les accessoires, mais le prix peut grimper à plus de 3 000 $ pour de l’équipement haut de gamme.
Dis-moi où tu glisses
Au Québec, les amateurs de ski de montagne ont la chance de profiter d’une grande variété de terrains où s’éclater. Le site web de la FQME répertorie plus d’une soixantaine de lieux officiels – et légaux – dans la province. Certains d’entre eux ne sont toutefois pas affiliés à la Fédération.
« La reconnaissance de la FQME signifie entre autres que les propriétaires terriens sont protégés par une assurance responsabilité civile », précise Maxime Bolduc. Attention : bien que plusieurs stations de ski – notamment Le Massif de Charlevoix, Mont-Sainte-Anne et Tremblant – ne soient pas affiliées à la FQME, elles possèdent tout de même de telles assurances.
Votre ensemble de ski de montagne devrait posséder les caractéristiques propres aux conditions dans lesquelles vous évoluerez le plus souvent. Vous habitez en plein centre-ville? Les chances sont fortes pour que vous fréquentiez des sites assez aménagés, qui ont l’avantage d’être situés près des centres urbains.
Il faut souligner qu’entre les pistes damées, très fréquentées, et les sous-bois reculés, il y a un monde de différence. « Dans le premier cas, il faut être capable de mordre dans la neige ferme à haute vitesse. Dans le second, on cherche plutôt à flotter sur la neige folle à basse vitesse », illustre Jonathan Audet, cofondateur de Ferreol, marque québécoise de skis et d’accessoires.
Se faire le plus léger possible
La question du poids de l’équipement est aussi déterminante. Loi de la gravité oblige, grimper des pentes abruptes est beaucoup moins exigeant pour le corps si vous disposez d’un ensemble léger. Cela revêt une importance d’autant plus grande pendant des événements de type « skimo » (abréviation de l’anglais ski mountaineering), le volet compétitif de la discipline.
Les entreprises spécialisées dans la conception et la fabrication de skis de montagne proposent une vaste gamme de produits qui couvrent toutes les utilisations possibles. « Tous les éléments d’un ensemble sont interreliés et doivent donc répondre aux mêmes besoins », souligne Jonathan Audet.
Cela dit, ne vous laissez pas prendre au piège de la surspécialisation : votre ensemble de ski de montagne pensé pour un usage en station peut aussi être utilisé pour des virées dans l’arrière-pays; il y sera juste moins performant.
Tout commence par les skis
Jonathan Audet est aussi étudiant à la maîtrise en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke. Son projet de recherche consiste à analyser les propriétés géométriques et mécaniques des skis afin de mieux outiller les consommateurs dans leur processus d’achat. Il en connaît donc un rayon sur le sujet.
Le poids est la première chose à vérifier, selon l’expert. « Dans un monde idéal, cherchez un ski suffisamment lourd pour bien mordre la neige pendant la descente, mais pas trop, afin de ne pas compromettre la remontée », nuance-t-il. Un ski est considéré comme lourd lorsque la balance affiche plus de 2 kg (4,4 lb).
Le poids doit être mis en relation avec la largeur au patin, soit la partie du ski qui se trouve sous la botte. Plus le ski est léger et large, plus il sera facile de le contrôler en descente hors des pistes balisées, où il y a profusion d’or blanc naturel. Le contraire est aussi vrai : ainsi, un ski lourd et étroit fait bonne figure sur des surfaces dures, voire glacées.
« Vous pouvez sans problème viser une largeur au patin de 85 à 95 mm si vous skiez en station, sur de la neige conditionnée. Pour un bon ski tout-terrain, recherchez davantage la fourchette de 95 à 105 mm », précise Bastien Béland-Turgeon. Au-delà de 105 mm, le ski sera tout particulièrement à l’aise dans la poudreuse.
De manière générale, toutes les autres caractéristiques épousent celles du poids et de la largeur au patin. Par exemple, un ski pour vous aventurer dans l’arrière-pays possédera un petit rayon de courbure, soit la courbe latérale qui court sur toute la longueur du ski, de sa partie avant à celle arrière. Cela le rendra d’autant plus manœuvrable en descente.
La même logique s’applique pour la cambrure, soit la partie arquée entre l’avant et l’arrière d’un ski qui sert à répartir le poids, la rigidité, etc.
Crédit : Ferreol
Quel type de fixation?
Les adeptes du ski de montagne se divisent grosso modo en deux catégories : ceux qui prennent leur pied en descente et les autres, qui exultent pendant les remontées. Dans quel camp vous situez-vous? La réponse à cette question orientera votre choix pour ce qui est des fixations, soit le dispositif qui sert de lien entre le ski et la botte.
On trouve trois catégories de fixations de ski de montagne sur le marché.
Fixations sur rails
Crédit : La Cordée
Les fixations sur rails (aussi appelées « à plaque ») permettent de libérer le talon pour mieux marcher avec le ski, un peu comme en ski de fond. Une fois au sommet, vous passez en mode alpin, ce qui signifie que le talon est retenu par une butée. Vous voilà prêt à skier comme en station.
« Ce sont les fixations les moins chères, mais de loin les plus lourdes. Elles sont plutôt axées vers la performance en descente », indique , de La Cordée. Vous les trouverez en effet assez encombrantes pendant les remontées. Passer d’un mode à l’autre peut aussi se révéler assez fastidieux, le mécanisme étant parfois capricieux.
Fixations à « pins »
Crédit : La Cordée
De l’autre côté du spectre, il y a les fixations dites « à pins » (ou « tech »). Minimalistes, elles se caractérisent par la présence d’une mâchoire composée de deux petites tiges métalliques dans laquelle se fixe la botte, elle-même munie d’insertions. « Grâce à elles, vous pouvez glisser le pas au lieu de lever le pied, ce qui minimise les efforts en montée », poursuit le gérant.
Attention : le déchaussage de ces fixations en cas de chute est moins sûr qu’avec des fixations à châssis classiques. De plus, la partie arrière de la fixation est parfois fixe, et donc dénuée d’ajustements. Cette absence de débattement complique sérieusement la descente (le skieur doit être en parfaite maîtrise technique de ses skis).
Fixations hybrides
Crédit : La Cordée
Les fixations hybrides sont les plus populaires. Elles combinent les avantages des fixations traditionnelles (la stabilité en descente) avec celles à « pins » (l’efficacité en montée), poids intéressant en prime. « C’est le meilleur des deux mondes », résume Jonathan Audet.
Des bottes confortables
Crédit : La Cordée
Il existe plusieurs catégories de bottes de ski de montagne. Certaines ressemblent à s’y méprendre à des versions moins rigides et plus légères de bottes de ski alpin. D’autres, au contraire, ne méritent pas le titre de bottes, tant elles s’approchent à vrai dire des chaussures. Dans tous les cas, il faut vous assurer que les bottes sont compatibles avec les fixations.
La recherche d’un équilibre entre les performances en montée et en descente influencera le choix de vos bottes de ski de montagne. « Vous voulez qu’elles soient le plus ajustées possible. Le talon ne doit pas lever pendant l’essai en magasin », dit Jonathan Audet. Le but : que le pied et la botte forment un tout.
En matière d’options, recherchez des bottes dont les chaussons peuvent être ramollis par la chaleur. « Cela permet de “travailler” l’ajustement, donc de minimiser les points de pression », souligne Bastien Béland-Turgeon. Certains modèles sont munis de semelles internes orthopédiques, avec support de la voûte plantaire, par exemple.
Un conseil : présentez-vous en boutique avec la paire de chaussettes que vous prévoyez porter pendant vos sorties de ski de montagne; vous pourrez ainsi choisir des bottes dans lesquelles vous vous sentez vraiment à l’aise. « Le confort représente LE critère auquel vous devez vous fier », insiste-t-il.
Choisir ses peaux d’ascension
Crédit : La Cordée
Ce qu’on nomme encore parfois « peau de phoque » est en fait une bande de tissu coupée de manière à couvrir le dessous d’un ski, sur lequel elle est d’ailleurs collée d’un côté. De l’autre, des poils courts inclinés permettent au ski de glisser en un seul sens, ce qui vous permet de remonter la pente.
De nos jours, les peaux d’ascension sont faites de mohair, de nylon ou d’un mélange des deux (dans une proportion de plus ou moins 70-30). « Vous obtenez ainsi le juste milieu entre glisse et adhérence », soutient Bastien Béland-Turgeon. Bien qu’elles soient lourdes et abrasives, les peaux en nylon ont néanmoins la réputation d’être les plus durables.
Un mot sur les bâtons
Pour être adaptés à la pratique du ski de montagne, les bâtons doivent à la fois être télescopiques et dotés de pointes en carbure ainsi que de paniers larges, afin de maximiser la surface de contact. Comme c’est le cas avec le ski de fond, des bâtons légers – lorsqu’ils sont en fibre de carbone par exemple – se font facilement oublier.
L’équipement complémentaire
Avalanches, blessures, intempéries : la pratique du ski de montagne comporte son lot d’impondérables auxquels il faut être prêt à faire face. « Vous ne penseriez pas toujours à traîner une pelle à manche télescopique, mais celle-ci peut littéralement vous sauver la vie », fait valoir Maxime Bolduc.
Sur son site web, la FQME dresse un inventaire de tous les indispensables à vous procurer pour vos sorties, dans l’arrière-pays ou non. Parmi eux figurent entre autres un détecteur de victimes d’avalanche (DVA), une trousse de premiers soins ainsi qu’un traîneau d’évacuation, dont certains modèles sont portatifs.
Avant d’acheter du neuf
Si vous ne faites pas attention, vous équiper de A à Z pour le ski de montagne peut rapidement faire grimper la facture à plusieurs milliers de dollars. Pour réduire les coûts, Maxime Bolduc vous suggère de vous tourner vers le marché de seconde main. « Louer un ensemble pour une journée d’essai avant d’investir est aussi une bonne idée », conclut-il.
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