Conduits d’air : à qui confier leur nettoyage ?
Devriez-vous faire nettoyer les conduits d’air de votre maison et, si oui, combien coûte un tel service ? Nous avons joué au client-mystère auprès de quatre entreprises et soumis les résultats à des experts afin de vous guider dans votre magasinage.
À quelle fréquence faire nettoyer vos conduits ?
Quelles sont les conséquences pour la santé si vous négligez de le faire ?
Les entreprises doivent-elles avoir des certifications ou licences ?
Combien ça coûte ?
Comment le nettoyage est-il effectué ?
Nettoyer les conduits de l’échangeur d’air et de la sortie de sécheuse, une bonne idée ?
Quels sont vos recours en cas d’insatisfaction ?
Votre système de chauffage, ventilation et climatisation d’air (CVCA dans le jargon de l’industrie), c’est le poumon de votre maison. Il aspire l’air des pièces par les conduits de reprise, puis le fait passer par les filtres avant d’atteindre le CVCA où l’air est chauffé (fournaise) ou refroidi (climatiseur), selon la saison. L’air est ensuite soufflé dans le réseau des conduits d’alimentation qui se rendent dans chacune des pièces de la maison où ils se terminent par un registre mural ou au sol. À la longue, la poussière et les débris s’accumulent à l’intérieur de ces conduits, en particulier dans les conduits de reprise.
Pour avoir une idée des méthodes de nettoyage des conduits d’air, des prix, de la fréquence de nettoyage recommandée et des prétentions affichées par les entreprises spécialisées dans le domaine, Protégez-Vous a joué au client-mystère en soumettant à quatre entreprises le même projet de nettoyage des conduits d’une maison équipée d’un système de chauffage et climatisation à air pulsé. Nous avons fait commenter le tout par des experts. Notre maison témoin comprend 14 pièces et est munie de 19 bouches d’aération et de 4 registres de reprise.
À quelle fréquence faire nettoyer vos conduits ?
Les quatre entreprises consultées suggèrent de procéder à un nettoyage des conduits tous les 3 à 5 ans, mais plus souvent s’il y a des animaux à la maison et systématiquement à la suite d’un sinistre ou de travaux de rénovation.
Même si la fréquence des nettoyages n’est pas encadrée par la réglementation au Québec, « certains organismes et associations d’accréditation et de normalisation reconnus ont formulé des recommandations à ce sujet », précise Patrick Poulin, conseiller scientifique à la Direction de la santé environnementale et de la toxicologie de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Aux États-Unis, la National Air Duct Cleaners Association (NADCA) recommande de nettoyer les conduits lorsqu’il y a une accumulation importante et visible de débris. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), quant à elle, suggère de les faire nettoyer lorsqu’il y a présence d’eau et de moisissures visibles.
De leur côté, l’Association canadienne de normalisation (CSA) et l’American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning (ASHRAE) suggèrent d’intégrer le nettoyage des conduits dans un programme préventif d’entretien. Selon la CSA, si les filtres sont changés ou lavés régulièrement, la fréquence de nettoyage s’établirait entre 5 et 10 ans.
« Observez l’état des parties atteignables et visibles de votre système CVCA – intérieur du boîtier, diffuseurs, grilles, etc. Si vous avez des doutes ou s’il y a présence d’eau ou de moisissures dans les conduits, contactez un professionnel accrédité (p. ex. par la NADCA), qui pourra diagnostiquer plus précisément les travaux à effectuer sur votre système et ses composants, y compris le nettoyage des conduits, si nécessaire », souligne Patrick Poulin.
La Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec (CMMTQ) recommande le nettoyage des parties visibles du système une fois l’an, incluant les grilles de retour, les registres d’alimentation et le générateur de chaleur.
Quelles sont les conséquences pour la santé si vous négligez de le faire ?
Les quatre entreprises affirment que le nettoyage des conduits sera bénéfique, notamment pour les personnes qui ont des allergies ou de l’asthme, grâce à l’amélioration de la qualité de l’air intérieur, la réduction de la moisissure et des allergènes, et l’élimination de la poussière.
« Si les conduits ne présentent qu’un léger dépôt de particules, leur nettoyage n’engendrera pas d’effets notables sur la santé des occupants », explique Patrick Poulin. Cependant, précise-t-il, l’accumulation d’eau et de moisissures dans le système CVCA est susceptible d’augmenter l’exposition à certains contaminants et pourrait engendrer des problèmes d’irritation ou des réactions allergiques chez les personnes plus sensibles. Un système de climatisation mal entretenu, par exemple, peut générer de la condensation et favoriser la dissémination de spores de moisissures dans l’air. « Dans ce cas, le nettoyage doit être fait de façon adéquate, sans quoi cela peut causer davantage de dommages, dont la remise en suspension des particules sédimentées et, conséquemment, l’exposition potentielle à des irritants et allergènes respiratoires », insiste-t-il.
Les entreprises doivent-elles avoir des certifications ou licences ?
« Aucune certification ni licence n’est obligatoire », affirme Martin Garon, président du comité d’assainissement de la Corporation des entreprises de traitement de l’air et du froid (CETAF). Toutefois, il recommande d’engager une compagnie ayant au minimum une licence d’entrepreneur en ventilation de la Régie du bâtiment du Québec. De fait, explique le porte-parole de la RBQ, Sylvain Lamothe, dans le cas où l’entreprise aurait à effectuer certains travaux de construction sur le système de ventilation, outre le nettoyage des conduits, elle doit détenir les licences valides appropriées (15.7 ou 15.8 Entrepreneurs en ventilation résidentielle et Entrepreneur en ventilation, respectivement).
Martin Garon précise que le fait d’être membre d’une association reconnue telle que la NADCA ou la CETAF est un bon indicateur du sérieux de l’entreprise et de son implication dans l’industrie. À noter que deux des quatre entreprises contactées étaient certifiées par la NADCA et l’une d’entre elles était recommandée par CAA-Québec.
Au final, avant de choisir un entrepreneur, demandez au moins trois soumissions. Vérifiez si les entreprises détiennent des licences ou sont membres d’associations professionnelles, si elles ont une assurance responsabilité et depuis combien de temps elles sont en affaire. Aussi, n’hésitez pas à demander des références à vos voisins.
Combien ça coûte ?
Les entreprises sollicitées ont utilisé des méthodes de calcul différentes : l’une d’elles s’est basée sur le nombre de pièces, une autre a pris en compte le nombre de bouches d’aération et les deux autres ont proposé un prix fixe. Seule une compagnie a fourni une estimation du temps requis pour effectuer les travaux (de 4 à 5 heures). Les prix, sans les taxes, varient de 360 à 550 $. Deux entreprises incluent le nettoyage du conduit de la sécheuse, ce qui explique leur prix plus élevé (455 et 550 $, taxes en sus).
« L’emplacement, la taille et l’âge de la maison, le type de système de chauffage et climatisation [p. ex. l’accessibilité aux conduits] sont des facteurs qui peuvent faire varier les prix », explique Henri Bouchard, chargé de projets à la direction générale de la CMMTQ. Pour Martin Garon, pas de doute : « Le client devrait toujours demander combien de temps l’entreprise prévoit pour faire les travaux afin d’évaluer si le taux horaire est raisonnable. »
Selon lui, pour une équipe de deux techniciens avec les équipements, ce taux horaire devrait se situer entre 100 et 120 $. Par conséquent, si les travaux exigent 4 heures, le coût ne devrait pas excéder 500 ou 600 $, en incluant le temps de déplacement d’une heure. « En revanche, si une compagnie demande 250 $ et qu’elle prend 1 heure 30 pour faire le nettoyage dans un bungalow, le client doit se questionner sur la qualité des travaux ! », prévient-il.
Comment le nettoyage est-il effectué ?
Les quatre entreprises contactées proposent la méthode par succion-pulsion (aussi appelée succion-friction-pulsion ou SFP). Elles appliquent toutes un traitement antibactérien des conduits une fois le nettoyage fait.
« Quand on parle d’un système à air pulsé, la méthode généralement utilisée est succion-pulsion, c’est-à-dire que l’on branche sur une section de conduit un collecteur de poussières (à filtration HEPA de préférence) et que l’on brosse l’intérieur du conduit [fouet mécanique] pour déloger la saleté et la diriger vers le collecteur de poussières », explique Martin Garon.
Avant d’accepter le traitement antibactérien, Santé Canada vous recommande de vérifier d’abord si un numéro d'enregistrement de produit antiparasitaire ou un numéro d'identification de médicament (DIN) apparaît sur l'étiquette du produit. Sur celle-ci, une mention devrait aussi indiquer que le produit peut être utilisé dans les conduits de ventilation.
Nettoyer les conduits de l’échangeur d’air et de la sortie de sécheuse, une bonne idée ?
Deux des quatre entreprises appelées par notre client-mystère incluent dans leur prix le nettoyage de l’échangeur d’air (si relié au système CVCA) et celui du conduit de la sécheuse. Les deux autres l’offrent en échange d’un supplément.
« C’est une bonne idée de procéder au nettoyage des échangeurs d’air et des conduits de sécheuses, confirme Martin Garon. Encore une fois, tout est question d’inspection pour déterminer la fréquence requise. »
« Vous devez avant tout faire un bon entretien de tous vos systèmes – échangeur d’air, thermopompe, etc. La règle d’or est de bien lire les manuels d’entretien des appareils, insiste Benjamin Zizi, coordonnateur technique chez Écohabitation. En cas d’accumulation de poussières, de charpies ou autres, il est pertinent de faire évaluer le nettoyage nécessaire par des spécialistes. »
Quels sont vos recours en cas d’insatisfaction ?
La meilleure façon de déterminer si le nettoyage a été bien fait est d’effectuer une inspection visuelle avant et après. « Les entreprises devraient fournir un rapport photographique des différents éléments nettoyés », recommande Martin Garon de la CETAF. Seule une des quatre entreprises sollicitées offre, au besoin, l’inspection par caméra et la prise de photos.
L’Office de la protection du consommateur (OPC) suggère au consommateur insatisfait de porter plainte auprès des organismes qui encadrent ce type d’entreprises, ainsi qu’à l’OPC. Il peut aussi mettre en demeure l’entreprise de reprendre le travail ou de rembourser, en tout ou en partie, les sommes qu’elle a encaissées. L’étape suivante serait de déposer une demande à la division des petites créances de la Cour du Québec.
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Mise à jour (6 février 2022) : contrairement à ce qui était indiqué dans une précédente version de cet article, certains produits antibactériens sont approuvés par Santé Canada pour l’utilisation dans les conduits de ventilation. Nous avons modifié l’article en conséquence.
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