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Comment se débarrasser des scarabées japonais?

Par Caroline Bertrand
Comment se débarrasser des scarabées japonais? Winona Kay Photography/Shutterstock.com

Le scarabée japonais a beau briller de toutes ses couleurs cuivrées, il n’en reste pas moins nuisible puisqu’il dévore les fruits, les fleurs et le feuillage des végétaux. Voici quelques conseils pour vous préparer à vous débarrasser de cet insecte ravageur dès qu’il émergera du sol en juin, et à sauvegarder ainsi vos plates-bandes.

Arborant de seyantes couleurs métallisées, le scarabée japonais (Popillia japonica) est un fort joli coléoptère. Mais ne vous laissez pas séduire par son thorax vert, ses élytres cuivrés et les cinq petites touffes de poils blancs ornant son abdomen de part et d’autre : il s’agit bel et bien d’un insecte néfaste pour vos jardins comme pour les champs agricoles.

« Cet insecte peut réduire grandement la proportion de plantes cultivables et occasionner d’importants dommages aux végétaux », mentionne le site du gouvernement du Québec, qui le désigne comme une espèce exotique envahissante préoccupante.

Le scarabée japonais mange de tout 

Cet insecte d’environ 8 à 12 mm de long originaire du Japon se nourrit de feuilles, de fleurs et de fruits. Très polyphage (mangeur de tout), il s’alimente auprès pas moins de 400 espèces d’arbres, d’arbustes et d’herbacées, dont la vigne, la renouée asiatique, le rosier et les arbres fruitiers. 

Il défolie les végétaux que vous cultivez avec soin au jardin, il sévit aussi en ville comme en forêt, ne laissant des feuilles qu’il dévore qu’un squelette de nervures. Les dommages qu’il inflige à vos plates-bandes s’avèrent néanmoins contrôlables et sont plus d’ordre esthétique. 

« Les végétaux ne meurent pas à la suite des attaques du scarabée puisque l’insecte mange le feuillage, et non les racines », souligne le professeur Jacques Brodeur, expert à l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal. En revanche, la larve de scarabée, qui évolue dans le sol, se nourrit, elle, des racines de la pelouse. 

« C’est à la fin juin que l’adulte émerge du sol, où il a évolué comme larve. De la mi-juillet au début d’août, la population de scarabées atteint son apogée », indique le chercheur. Friande de soleil, cette bibitte est active par journée ensoleillée et se fait discrète si le temps devient frais ou nuageux.

De plus, il importe de savoir que les scarabées japonais évoluent en colonie… et peuvent devenir très nombreux. Ils sécrètent en effet une phéromone d’agrégation qui attire leurs congénères. Par conséquent, si vous apercevez un spécimen, il y a fort à parier que d’autres se joindront à lui. 

Comment vous débarrasser du scarabée japonais ? 

Agissez sans tarder. Dès que vous voyez un scarabée, réagissez promptement afin d’éviter qu’il n’attire d’autres congénères… ni que la plante infestée n’en attire elle-même. En effet, pour se défendre, la plante sécrète des composés volatils, mais ceux-ci… attirent le scarabée japonais. « Plus la plante est attaquée, plus elle va attirer de scarabées », résume Jacques Brodeur.

Ramassez-les. Attrapez les scarabées à la main avant de les mettre au congélateur pour les éliminer ou aspirez-les à l’aide d’un aspirateur. « En les ramassant rapidement en début de saison, on les empêche de s’établir et d’en attirer d’autres », dit l’expert.

Utilisez de l’eau savonneuse. Une façon simple et efficace d’empêcher les scarabées de proliférer est de les plonger dans une chaudière d’eau savonneuse. « Secouez la plante infestée afin que choient les scarabées dans l’eau, et le tour est joué », décrit M. Brodeur, qui recourt lui-même à cette technique.

Placez des filets d’exclusion. Recouvrez à l’aide d’un filet ou de « coton à fromage » les plantes les plus susceptibles d’attirer le scarabée, pour lui obstruer le passage. Le Jardin botanique de Montréal protège d’ailleurs ses rosiers au moyen d’un filet. « En agriculture, les filets d’exclusion servent de plus en plus », fait remarquer Jacques Brodeur. 

Évitez les pesticides. « Je ne recommande pas les pesticides, surtout pas pour les petites surfaces… à moins que les gens ne veuillent absolument aucun insecte dans leurs jardins », affirme l’expert. Recourir à cette méthode irait, il va sans dire, à l’encontre de la protection de la biodiversité.

Changez les espèces cultivées. Pour prévenir l’afflux de scarabées dans votre cour, le mieux est d’éviter de cultiver des espèces dont ils raffolent. « Si vous observez au fil des années dans votre jardin que le coléoptère défolie certains végétaux en particulier, vous pourriez envisager d’y substituer d’autres espèces », conseille le spécialiste. 

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Pourquoi vous méfier des pièges à phéromones 

Conçu expressément pour attirer les scarabées japonais grâce à une phéromone sexuelle et une odeur florale, le piège aux phéromones, dans lequel meurent les scarabées, est diablement efficace… voire trop pour être employé dans votre cour. « On ne les recommande pas », affirme sans ambages le chercheur. 

« C’est tellement efficace qu’il attire les scarabées dans un périmètre de 200 à 300 mètres environ, prévient-il. Si vous êtes seul à en avoir dans votre jardin, vous allez attirer tous les scarabées du voisinage. »

Le piège risque ainsi d’empirer la situation en attirant davantage de scarabées que si vous n’en utilisiez pas. L’afflux d’insectes saturera rapidement le piège, et ne pouvant y pénétrer faute d’espace, les scarabées risquent plutôt d’infester vos végétaux. 

Un parasite à la rescousse

Vous apercevez sur le thorax d’un scarabée japonais un ou plusieurs petits œufs ? Ne vous débarrassez alors surtout pas du coléoptère.

Il s’agit d’œufs d’un ennemi naturel du scarabée : la mouche tachinide Istocheta aldrichi. Lorsque la larve éclora, elle pénétrera dans son hôte pour s’en nourrir de l’intérieur, ce qui le tuera. 

Ce parasite originaire du Japon, « qui n’attaque que le scarabée japonais », souligne Jacques Brodeur, a été introduit il y a très longtemps aux États-Unis par des chercheurs afin de contrer la propagation du scarabée. Il s’est ensuite propagé au Québec… et c’est tant mieux !

Le spécialiste et ses pairs espèrent que les populations du parasite se multiplieront, ce qui contribuera à ralentir la prolifération du scarabée japonais. 

Le scarabée japonais se propage au Québec

Au Québec, le scarabée japonais vivait auparavant en Montérégie, mais il se disperse aujourd’hui le long de la vallée du Saint-Laurent, et rapidement. « On l’a observé pour la première fois dans la région de Québec il y a quatre ou cinq ans ; l’année dernière, on l’a vu pour la première fois sur l’île d’Orléans », indique Jacques Brodeur.

Avec le réchauffement climatique, le scarabée devrait poursuivre sur sa lancée dans les prochaines années, lui qui évolue là où la température au sol oscille entre 7,5 °C et 27,5 °C. « Compte tenu de sa capacité de développement en fonction du climat, on prévoit qu’il ira aussi loin que le Bas-Saint-Laurent d’ici quelques années », observe le chercheur.

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Qu’en est-il des larves de scarabée dans le sol ?

La larve du scarabée japonais cause, elle aussi, des dégâts à votre cour, surtout à votre pelouse puisqu’elle se nourrit de ses racines. 

Elle ressemble à s’y méprendre à celle du hanneton, le fameux ver blanc. Or, dans tous les cas, les méthodes pour vous en débarrasser s’avèrent identiques. 

Du côté de la lutte biologique, vous pouvez recourir aux nématodes, des prédateurs naturels qui s’achètent en pépinière et en quincaillerie. « La qualité de votre sol influera sur l’efficacité de cette méthode », dénote toutefois Jacques Brodeur. 

Si vous optez pour des méthodes chimiques, comme les pesticides, renseignez-vous auprès de votre municipalité pour connaître la réglementation à ce sujet. 

Repérer le scarabée et d’autres insectes sur iNaturalist 

Une façon simplissime de donner un coup de pouce à la science ? Si vous apercevez un scarabée (parasité ou non), Jacques Brodeur vous invite à le photographier et à publier l’image sur le site d’iNaturalist. Par ce geste, vous aidez les chercheurs à suivre la progression de l’insecte (et de son parasite létal) à l’échelle du territoire. 

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