En novembre dernier, des médias américains ont rapporté la disparition d’Emily Sotelo, une jeune femme de 19 ans, dans le secteur du mont Lafayette au New Hampshire. Il a fallu quatre jours de recherche, dans des conditions difficiles de forts vents, de poudrerie et de température sous zéro, pour retrouver la randonneuse, le jour de son 20e anniversaire. Elle était morte de froid.
Tout porte à croire que l'Américaine avait franchi les trois sommets de son parcours, mais qu'elle a manqué un tournant lors de la descente et s'est perdue. Emily Sotelo s’était donné comme objectif d’atteindre les 48 plus hauts sommets du New Hampshire avant son 20e anniversaire. Elle était expérimentée. Mais elle est partie mal préparée, et surtout incorrectement vêtue pour des conditions météorologiques en montagne.
Cette triste histoire nous rappelle l’importance de bien nous préparer pour une randonnée, surtout en conditions hivernales. Même si l’on est en forme, expérimenté, et même pour une escapade d’une seule journée !
Connaître ses limites
À la base de toute préparation, il faut connaître vos limites et celles des gens qui vous accompagnent : condition physique actuelle, expérience, connaissances, équipement, etc. Ne vous surestimez pas et évitez de prendre des risques inutiles qui pourraient vous mettre en danger, vous et vos proches. Pensez aussi à la sécurité des patrouilleurs qui devraient partir à votre recherche en cas de problème. Tout cela devrait dicter vos choix.
Opter pour un itinéraire approprié
Randonner l’été et au début de l’automne est une chose, le faire en hiver en est une tout autre. Chaque pas est plus demandant et la vitesse de progression est plus lente. Votre équipement et le contenu de votre sac à dos sont aussi plus lourds. Vous devez donc prévoir le niveau de difficulté et la durée de votre expédition en conséquence.
Par exemple, le gestionnaire de la Vallée Bras-du-Nord, dans la région de Portneuf, estime le rythme de ses visiteurs en hiver à 2 à 3 km/h en moyenne. Or, cette vitesse de progression peut ralentir après le passage d'une tempête qui laisse aussi peu que 5 cm de neige. « Aussi étonnant que ça puisse paraître, c’est parfois impossible de progresser à plus de 1 km/h ! », prévient le site web de la Vallée.
Si vous avez peu d’expérience, commencez par des sentiers bien balisés et fréquentés, qui sont aussi un peu plus courts et faciles (avec moins de dénivelé, moins accidentés, etc.) que ce à quoi vous êtes habitué le reste de l’année. Ainsi, vous apprendrez à connaître votre rythme à travers différentes conditions hivernales.
S’informer sur les conditions météorologiques et du sentier, ainsi que sur les heures d’ensoleillement
Il faut connaître son itinéraire et les conditions du sentier qu’on souhaite explorer. Informez-vous auprès du gestionnaire de l’endroit, en consultant son site internet ou en discutant avec une personne préposée à l’accueil. Des sites fiables, comme Balise Québec, peuvent aussi aider votre planification.
De même, il est essentiel de s’informer sur les conditions météorologiques annoncées au bas comme au sommet de la montagne. Acceptez de remettre votre projet à une autre fois si la météo s’annonce mauvaise ou trop changeante, ou encore si les conditions sont inadéquates pour vous et l’équipement que vous avez sous la main.
Assurez-vous aussi de connaître l’heure du coucher du soleil le jour de votre randonnée pour ne pas vous faire avoir : la noirceur s’installe rapidement en automne et en hiver, et elle vient aussi avec le froid !
Vérifier l’état de son matériel
En début de saison, et même avant chaque sortie, vérifiez l’état de votre équipement afin de vous assurer qu’il ne vous fera pas défaut en milieu de parcours.
Aviser son entourage
Randonner en solitaire est évidemment plus risqué, surtout sur un sentier moins fréquenté, mais, même si vous partez en couple ou avec des amis, avisez au moins un membre de votre entourage du lieu précis et de l’heure à laquelle vous estimez être de retour d’expédition. Envoyez-lui un petit message ou passez-lui un coup de fil après avoir terminé votre activité pour lui confirmer que vous êtes de retour au chaud et au sec.
Se préparer… même à l’imprévisible
Cela dit, même en choisissant un itinéraire adéquat pour votre niveau et une journée qui s’annonce en principe parfaite, vous n’êtes pas à l’abri de changements soudains de météo, ou alors d’un bête accident. Vous devez en être conscient et vous préparer en conséquence.
Quoi apporter pour une randonnée d’hiver ?
Voici une liste d’articles recommandés pour une randonnée hivernale d’une journée. (Évidemment, il faut se servir de son gros bon sens. On ne va pas au parc national du Mont-Saint-Bruno comme on irait au mont Lafayette…)
- Un sac à dos et, idéalement, une housse protectrice en cas de neige ou de pluie.
- Des crampons ou des raquettes, selon les conditions de neige, ou idéalement les deux. À certains endroits, la quantité de neige peut surprendre !
- Des bâtons de marche et des guêtres (qui, entre autres, empêchent la neige d’entrer dans vos bottes) sont des équipements facultatifs, mais bien utiles dans plusieurs circonstances.
- La carte des lieux, idéalement en papier, dans un contenant étanche, en plus de la version numérique téléchargée préalablement dans chacun des téléphones des membres du groupe. Certaines applications mobiles permettent d’utiliser ou de télécharger des cartes en utilisant le GPS de votre téléphone, sans qu’un réseau cellulaire soit nécessaire, comme Ondago (cartes officielles) et AllTrails (tracés d’utilisateurs).
- Votre téléphone, à maintenir au chaud, par exemple contre votre corps, pour éviter qu’il se décharge trop rapidement.
- Des vêtements chauds de rechange en extra, par exemple de bonnes mitaines et un manteau de type « doudoune » compressé dans votre sac à dos.
- De l’eau en quantité suffisante. Il est important de boire régulièrement, même si vous ne ressentez pas autant la soif qu’en été. Pensez aussi que votre sac d’hydratation demeure un bon moyen pour traîner beaucoup d’eau, mais que le tuyau qui se rend à votre bouche pourrait geler rapidement, par temps très froid, même s’il est équipé d’un étui isolant. Une bouteille d’eau standard dans un étui isolé ou une bouteille elle-même isolée est souvent essentielle. Disposez-la à portée de main et remplissez-la au besoin.
- De la nourriture en quantité suffisante. Grignotez régulièrement et prévoyez-en en extra.
- Des lunettes de soleil (n’oubliez pas non plus d’appliquer de la lotion solaire sur votre visage).
- Un ou des sacs pour y mettre vos déchets à rapporter (incluant le papier hygiénique).
- Des papiers-mouchoirs.
- Une lampe frontale ou une lampe de poche ainsi que des piles supplémentaires (au risque de me répéter : la noirceur est si vite arrivée !).
- Une trousse de premiers soins.
- Une couverture d’urgence.
- Vous pourriez aussi apporter quelques chauffe-mains ou chauffe-orteils de longue durée (au cas où).
- Un sifflet (pour signaler votre présence en cas d’ennui).
- Une boussole.
- Une petite trousse de réparation pour votre équipement, contenant des pièces de rechange ou du matériel pour remplacer ou réparer ce qui pourrait briser, par exemple des courroies de raquettes.
- Un outil multifonction et/ou un couteau de poche.
- Des allumettes et/ou un briquet ainsi qu’un allume-feu dans un contenant étanche, à utiliser en cas d’urgence seulement. Improviser un feu n’est ni simple ni sécuritaire.
- Vous explorez plus sérieusement et hors des sentiers fréquentés ? Songez à vous procurer un appareil GPS, voire satellite.
Enfin, sachez que des formations pour apprendre les rudiments de la randonnée hivernale ou pour les randonneurs plus avancés existent, notamment auprès de Rando Québec. Vous pourriez aussi participer à des sorties de groupe.
Amusez-vous, mais soyez prudent… et surtout prévoyant ! (Je m’inclus là-dedans !)
>> À lire aussi : Notre guide d’achat de manteaux d’hiver, mais aussi nos guides d’achat de raquettes à neige, de crampons et de skis de fond. Pour d’autres petits conseils pour la randonnée hivernale, voyez mon billet sur le système d’habillement multicouche et mes 8 conseils pour avoir moins froid l’hiver.