Les activités hivernales, comme la randonnée, le ski et bien d’autres choses encore, sont merveilleuses. Or, pour les apprécier, il faut apprendre à bien gérer le froid, notamment en s’habillant selon le principe du multicouche et en se limitant à de courtes pauses pour éviter de perdre sa chaleur.
Cela dit, il ne faut pas se leurrer: à un moment ou à un autre, il y a de l’inconfort. De mon côté, je vis bien avec cet inconfort. Sauf pour mes pieds! J’ai beau essayer plusieurs méthodes et chaussettes, j’ai toujours froid aux pieds, surtout aux orteils. Dans certaines conditions, il m’est arrivé de dépasser la limite du supportable, et là, le plaisir en prend pour son rhume.
Bien conscient de la chose, mon amoureux m’a offert pour Noël le summum du high-tech: des chaussettes chauffantes. Oui, madame!
J’étais la première à trouver ces «bidules» un peu exagérés, moi qui possède surtout de vieux vêtements dépareillés, loin des morceaux techniques et chers que plusieurs croient à tort indispensables pour s’adonner à des sorties plus aventureuses.
Mais je dois bien admettre qu’après avoir testé ces chaussettes chauffantes Therm-ic, je suis très satisfaite.
J’ai pu les essayer à quelques occasions, notamment lors d’une escapade de trois jours et deux nuits en refuges pendant laquelle la température a varié de -10 à -25 °C (en journée et sans facteur vent).
Comment ça fonctionne?
De petits éléments circulent dans le tissu de la chaussette. Une fois les batteries installées, connectées par de simples boutons-pression et mises en marche, la chaleur se propage, essentiellement sous les orteils.
Différents niveaux d’intensité de chaleur existent. En principe, la chaleur doit être imperceptible. En d’autres mots: on devrait simplement s’apercevoir que l’on n’a pas froid.
Si le froid nous assaille lors d’une pause, on augmente l’intensité de la chaleur. Inversement, on va souvent l’abaisser en bougeant pour éviter d’avoir trop chaud et d’inviter l’humidité qui cause de l’inconfort et provoque les coups de froid au repos.
L’efficacité et la chaleur
Sur le modèle que je possède – Powersocks heat women de Therm-ic –, il y a trois niveaux de chaleur. La lumière sur la batterie clignote ou s’illumine d’une façon précise pour chacun.
Pendant ma longue randonnée avec mon gros sac à dos, je mettais les piles en marche et réglais le niveau de chaleur à 1 juste avant le départ, puis je les éteignais une fois rendue au refuge. Entre les deux, j’ajustais le niveau au besoin. Je n’ai pas dépassé le deuxième niveau lors de la journée la plus froide et, en fait, j’aurais pu rester à 1 en me remettant en mouvement plus vite.
En effet, à la suite d’une de nos courtes pauses pour manger et boire (5 à 6 minutes maximum chaque heure), j’ai commencé à avoir froid. J’ai augmenté l’intensité d’un seul de mes bas. Globalement, la différence était plutôt subtile entre les deux et, une fois en marche, j’étais bien. Toutefois, le pied s’est réchauffé un peu plus vite au deuxième niveau.
Dans le contexte d’une activité dynamique, comme la randonnée ou le ski, j’ai l’impression qu’on utilise le niveau 3 pour un gain rapide de chaleur après avoir eu très froid, mais qu’on ne laisse pas les chaussettes à cette température bien longtemps, car c’est trop chaud.
L’autonomie des batteries
L’autonomie des batteries varie selon le modèle choisi. Évidemment, plus le niveau de chaleur est élevé, plus elle est courte. Voyons le cas de mon produit selon l’ensemble de batteries utilisé:
Niveau de chaleur | S-Pack 700 | S-Pack 1200 | S-Pack 1400 |
1 | 6 à 8 h | 12 à 14 h | 14 à 16 h |
2 | 4 à 5 h | 5 h 30 à 7 h 30 | 6 à 8 h |
3 | 1 h 45 à 2 h 15 | 3 h 45 à 4 h 15 | 4 h 30 à 5h |
Temps de recharge (approximatif) | 3 h 30 | 5 h | 6 h |
Source: informations tirées du livret d’instructions du produit de marque Therm-ic.
Les batteries que j’ai reçues – j’ai été très gâtée – offrent de 14 à 16 heures de chaleur au plus bas niveau, selon l’entreprise. La température ambiante et l’âge des batteries, notamment, peuvent influencer cette durée.
C’est toutefois l’angle mort de mon expérience terrain: je n’ai pas testé l’autonomie réelle pendant plus d’une journée. J’ai rechargé les batteries à l’aide d’un chargeur portable les deux soirs pour être sûre d’en profiter toute la journée suivante. Par ailleurs, le fabricant recommande de le faire après chaque usage. (Si ce n’est pas possible, éteignez et débranchez les batteries entre vos excursions.)
Mes bas chauffants ont donc fonctionné au plus pendant environ 6 heures à une température extérieure variant de -22 à -25 °C (quoique probablement plus chaude contre mon corps et sous mes vêtements) et, dans ces 6 heures, une des chaussettes a fonctionné au deuxième niveau pendant environ 3 heures.
Pour combler cet angle mort de mon expérience, je me suis sacrifiée pour vous: j’ai porté mes bas au deuxième niveau de chaleur (de façon constante) pendant une journée de travail à une température ambiante d’environ 19 °C. Résultat? Le produit a répondu aux attentes, car mes orteils ont chauffé pendant 8 heures avant que les batteries tombent à plat.
Le confort
Ces bas faits de diverses matières synthétiques et de laine de mérinos montent haut sur les mollets. Je les ai trouvés confortables tout au long de mon escapade et de mes autres sorties. En comparant avec d’autres bas sans piles, ce ne sont ni les plus confortables que je possède ni les plus chauds, mais ils font l’affaire. Ils restent aussi bien en place, piles installées ou non. Selon leur taille, les chaussettes pourraient même être trop ajustées pour certaines personnes.
Les batteries au lithium qui s’accrochent en haut des bas (sur le côté) surprennent un peu par leur taille et leur poids la première fois. Mais, une fois habillée et en tenant compte du poids des bottes et des raquettes ou des crampons, je n’ai pas vraiment remarqué de différence. Au mieux: mes mollets seront subtilement plus musclés à la fin de l’hiver!
L’application Bluetooth
À l’ensemble de batteries les plus performantes s’ajoute une application Bluetooth (aussi disponible pour le S-Pack 700). Je vous avais bien dit que c’était high-tech! Je peux donc ajuster l’intensité de mes bas avec mon téléphone. Bémol à connaître: on ne peut pas allumer les batteries avec l’application, seulement ajuster le degré de chaleur et les éteindre.
Des commentaires négatifs sur la plateforme de téléchargement m’ont fait appréhender le pire, mais tout a bien fonctionné dans mon cas lors de ma longue randonnée. Cependant, j’ai eu quelques petits ennuis lors d’autres essais, comme si le fait de trop «jouer» avec le produit avait fini par affecter la capacité de l’application à détecter les batteries. Je n’ai pas pris de chance et j’ai réinstallé l’application, qui fonctionne très bien depuis. Surveillez aussi la mise à jour du micrologiciel (firmware), cela peut faire la différence.
Aussi, l’application n’est pas la plus intuitive et nécessite qu’on s’y arrête un peu. Je n’ai d’ailleurs pas encore exploré suffisamment les options pour me prononcer sur celles-ci.
Bref, l’application Bluetooth n’est ni parfaite ni essentielle, mais je la trouve tout de même utile pour changer d’intensité rapidement, tout en étant certaine dudit réglage sans avoir à vérifier sous mes vêtements. Selon ce que l’on porte, il peut être plus difficile de le faire manuellement à travers les vêtements.
Astuce: téléchargez aussi l’application sur le téléphone de votre compagne ou compagnon si c’est possible.
Captures d’écran de l’application. Les deux premiers écrans d’affichage (à glisser latéralement) servent à ajuster la température des chaussettes en marche; qui est ici au niveau 2. Note: je trouve plus pratique de créer un seul produit avec les deux batteries (en les ajoutant simultanément) que deux distincts.
L’entretien
Les bas – sans les batteries, évidemment – peuvent être lavés à la machine à l’eau froide ou tiède, ce qui est bien pratique. Il faut les tourner à l’envers pour ne pas les abîmer. On les laisse sécher à plat ou suspendus.
Pour les batteries, comme pour tout produit à piles, il y a quelques habitudes à prendre pour maintenir les meilleures performances possibles. Par exemple, quand les batteries sont entreposées, il est recommandé de les décharger et de les recharger à la moitié tous les six mois. Ces indications peuvent évidemment varier, selon les produits.
Le coût
Incluant le prix des batteries – parfois vendues séparément –, un produit du genre coûte entre 300 et 400 $, selon la marque, le modèle et les options choisies. Il existe également des produits moins dispendieux, notamment en ligne.
Il y a aussi un coût environnemental notable, comme pour tout objet technologique avec des batteries composées de lithium-ion. Pour amortir l’impact de ces produits, il vaut mieux qu’ils soient durables et les utiliser longtemps.
Mon verdict…
Je suis très heureuse de mon cadeau qui règle, jusqu’à présent, mon éternel problème de pieds gelés lors d’activités extérieures. Je compte bien utiliser ces chaussettes souvent et aussi longtemps que possible. Je fantasme déjà à l’idée de faire de la planche à neige, même par soirée froide, sans avoir à m’inquiéter de mes orteils dangereusement blancs et douloureux.
D’ailleurs, une collègue qui possède des chaussettes chauffantes d’une autre marque depuis environ un an les utilise surtout en ski alpin et les «aime vraiment beaucoup». Elle dit les porter aussi en patin ou si elle sait qu’elle va rester longtemps debout à l’extérieur.
Cela dit, est-ce que, personnellement, je les conseille? Ça dépend!
À mon humble avis, il faut être persuadé qu’on s’en servira régulièrement et connaître les principes de base de la gestion du froid et de l’équipement adéquat avant de se tourner vers ce type de produits.
En randonnée, par exemple, une paire de bottes suffisamment chaudes et grandes (l’air est un isolant naturel), de bonnes chaussettes (synthétique et laine) et des semelles de feutre sont de bons points de départ. De même, connaître ses limites, être bien préparé, comprendre qu’on doit demeurer actif et prendre de très courtes pauses par temps froid est essentiel.
Les autres options
Je mentirais si je vous disais que j’ai essayé toutes les techniques qui existent pour garder les pieds au chaud. Et je n’ai certainement pas mis à l’épreuve une tonne de bottes ni tous les types de bas sur le marché. N’empêche, j’ai quand même fait un bon bout de chemin.
La seule chose qui a fonctionné pour moi par grand froid, ce sont les chauffe-orteils jetables à coller sous les bas (par exemple les Hotshots). Mais dépendre de ce type de produit, en outre jetable, ne m’intéresse pas, puisque mon problème est récurrent. Par contre, je n’aurais pas trop de culpabilité à en utiliser d’une à trois fois par saison. J’en conserve d’ailleurs une paire dans mon sac en cas d’urgence.
Si ce n’était pas de mon cadeau de Noël, j’aurais sans doute essayé les sous-chaussettes (socks liner en anglais), vendues pour une vingtaine de dollars. Ces bas très fins en synthétique ou en laine de mérinos à mettre sous ses chaussettes visent à reproduire ce que l’on fait pour le reste de notre corps avec le multicouche: éloigner l’humidité de notre corps dans la couche intermédiaire (ici notre chaussette). Certains produits sont aussi censés réduire les risques d’ampoules, un autre de mes problèmes, mais plutôt estival… Un prochain banc d’essai peut-être!
J’ai aussi entendu parler des recouvre-bottes en néoprène. Ce qui m’embête, c’est qu’en cumulant les bottes, les guêtres, les raquettes ou les crampons, il commence à y avoir beaucoup d’épaisseurs et de courroies… De plus, est-ce que ça garde vraiment au chaud, des pieds qui sont humides à l’intérieur?
Vous les gardez au chaud comment, vous, vos pieds?
>> À lire aussi: Notre guide d’achat de manteaux d’hiver pour comprendre le multicouche, mais aussi nos guides d’achat de raquettes à neige, crampons et skis de fond. Et pourquoi pas cette Ode aux bâtons de marche?