Comment choisir des crampons d’hiver ?
Gel, dégel, verglas, neige : les aléas de l’hiver transforment parfois les trottoirs et les sentiers en chemins difficiles à emprunter. Des crampons d’hiver pour chaussures vous aideront à avoir une meilleure adhérence sur la neige et la glace. De nombreux fabricants, comme Stabilicers, Yaktrax, Kahtoola ou Hillsound, en proposent. Voici comment vous y retrouver.
Choisir ses crampons selon leur utilisation
Des pics qui mordent la neige
Nombre et position des pics
Armature et attaches
Facilité à enfiler ou retirer les crampons
Pour courir en hiver
Il existe une grande variété de crampons amovibles pour chaussures et bottes, et chaque modèle a ses avantages et ses inconvénients. Puisqu’aucun n’est efficace en toutes circonstances, il faut cibler ses besoins et faire des compromis. « Il n’y a pas de mauvais crampons, il y en a seulement qui sont utilisés dans le mauvais contexte, dit Loïc Després, directeur de comptes chez ASM Sports. La question à se poser, c’est sur quel type de terrain on les utilisera et quel type d’activité on va pratiquer. »
Par exemple, les modèles avec petites pointes (les fameux pics sous le crampon) sont moins désagréables sur l’asphalte, mais ils ne conviennent pas à la randonnée. Quant à ceux qui s’enfilent comme une claque, ils sont rapides à installer, mais pas aussi stables que ceux qui disposent d’un système de sangles. Il existe bien sûr des modèles passe-partout, mais ceux-ci ne sont excellents dans aucune circonstance ! En résumé, pour choisir des crampons qui conviennent à vos besoins, vous devez établir vos priorités.
Choisir ses crampons selon leur utilisation
Au Québec, du 1er avril 2019 au 31 mars 2020, on a dénombré 2 950 hospitalisations à la suite d’une chute sur la glace, selon l’Institut canadien d’information sur la santé. Si vous ne savez pas par où commencer pour éviter de faire partie des statistiques, sachez d’abord que la majorité des emballages de crampons ou sites web de fabricants indiquent pour quel genre d’utilisation ils sont conçus (glace lisse, marche en ville, randonnée, etc.). L’information ci-dessous vous aidera à mieux comprendre les choix qui s’offrent à vous.
Crampons pour la marche et les déplacements urbains
Prix : de 15 à 65 $
Caractéristiques principales : Légers et dotés de pics peu prononcés.
Bon à savoir : Les crampons glissent sur l’asphalte, d’où l’intérêt de pouvoir les retirer rapidement. Si vous alternez constamment entre l’asphalte et les ruelles enneigées et que vous ne voulez pas les retirer toutes les cinq minutes, vous devrez choisir un modèle dont les pics sont assez agressifs pour la glace, mais pas trop proéminents. Avis aux minimalistes : certains modèles d’appoint à cinq pics sont si compacts qu’on les installe seulement sous le devant du pied. Ils ne conviennent toutefois pas aux bottes larges ni à celles avec une semelle volumineuse.
Solution de rechange : Se procurer des bottes dotées de crampons intégrés rabattables (photo ci-dessous), par exemple celles des marques Olang, Pajar ou Saute-Mouton (à partir de 175 $). Les crampons peuvent s’abîmer plus vite que les bottes si vous marchez souvent sur l’asphalte, mais, dans certains cas, il est possible de les remplacer. À noter que des utilisateurs rapportent qu’il est difficile de rabattre les crampons lorsque la glace ou la neige sont coincées dans les fentes de la semelle.
Crampons pour la course à pied
Prix : de 45 à 75 $
Caractéristiques principales : Légers, bien ajustés et qui épousent les mouvements.
Bon à savoir : Selon Loïc Després, les modèles dotés de chaînes ou d’élastiques conviennent davantage que ceux utilisant des systèmes rigides de pentures. Pour courir en ville, il faut utiliser un modèle avec des pics moins agressifs que ceux pour la course en sentiers. « L’usage de crampons en ville doit se faire avec modération sur l’asphalte, car c’est déstabilisant et dur pour les genoux », avertit Daniel Riou, kinésiologue, coureur et fondateur de Groupe Défis, qui organise des événements de course à pied. À noter qu’en raison de la faible épaisseur des espadrilles, on peut parfois sentir les crampons sous la semelle de la chaussure.
Solution de rechange : Se procurer des chaussures dotées d’une semelle adhérente conçue pour la course en hiver (voyez « Pour courir en hiver »).
Crampons pour randonnée sur sentiers tapés
Prix : de 45 à 100 $
Caractéristique principale : Pics proéminents qui mordent dans les surfaces.
Bon à savoir : Le volume plus important et le poids parfois élevé de ces crampons (de 250 à 750 g la paire) sont le prix à payer pour avoir une bonne traction. Ils ne sont pas appropriés pour la marche en ville, car ils sont trop incisifs, ni pour la course, car ils sont trop lourds.
Des pics qui mordent la neige
Les bouts de métal qui mordent dans les surfaces sont appelés pics, pointes ou dents. Leur nombre varie de 5 à 25 par pied. Plus ils sont prononcés, mieux ils mordent dans les surfaces. Au fil des utilisations, ceux de forme cylindrique (voir la première photo) peuvent s’user ou se décoller, mais, dans certains cas, on peut s’en procurer gratuitement – ou moyennant quelques dollars – au point d’achat et les changer soi-même. Les modèles dotés uniquement d'écrous (voir la deuxième photo) ou de billes d’acier se glissent aisément dans un sac à dos, car ils n’ont pas de pics pointus comme ceux qu'on voit sur plusieurs modèles (voir troisième photo).
La plupart des pics sont en acier inoxydable, en carbure de tungstène (deux matériaux assez résistants à la rouille) ou en acier trempé, le plus souvent de l’acier au carbone. Cette dernière option est moins chère, mais requiert qu’on fasse sécher les crampons avant de les ranger afin d’éviter l’apparition de rouille. Entraîneur et directeur-gérant de Boutique Endurance, Bert Barcelos souligne que la corrosion n’est toutefois pas assez importante pour nuire au bon fonctionnement des crampons. Loïc Després partage cette opinion.
Quant aux modèles sans pics, mais plutôt dotés de fils entourés de spirales en acier (non illustrés sur nos photos), Bert Barcelos explique qu’ils deviennent particulièrement instables lorsqu’on marche sur une surface qui n’est pas enneigée ou glacée.
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Nombre et position des pics
La répartition des pics sur la semelle est un bon indicateur de la capacité d’adhérence au sol. Plus les pics sont nombreux et bien dispersés sur le crampon, mieux la pression sera diffusée et plus ça diminuera le risque d’avoir des points de pression, explique Loïc Després. « C’est comme un fakir qui s’assoit sur un tapis de clous !», illustre-t-il. Une opinion partagée par le kinésiologue Daniel Riou.
À cet égard, un test mené dans un environnement contrôlé pour le magazine Bon à Savoir – l’homologue suisse de Protégez-Vous – montre que la glace humide et légèrement ramollie est la plus difficile à affronter. Dans de telles circonstances, ce sont les crampons munis d’un système de pics répartis sur toute la surface de la semelle qui sont les plus efficaces.
« Il est particulièrement important que ces pics soient présents au niveau du talon de la chaussure, car, s’ils manquent à cet endroit, l’adhérence fait défaut au moment crucial où le talon attaque le trottoir », précise Bon à Savoir. Les modèles d’appoint qui s’installent seulement sous le devant du pied en sont l’illustration parfaite.
Armature et attaches
Le mot d’ordre en ce qui concerne les sangles et courroies : tout doit être bien ajusté afin que les crampons restent en place sur la chaussure. Un harnais trop serré risque de créer des points de pression inconfortables, alors qu’un dispositif trop ample n’offrira pas assez de stabilité.
Certains crampons s’utilisent sur une grande variété de bottes ou de chaussures, alors que d’autres conviennent uniquement à une botte souple ou rigide. Selon Loïc Després, il est primordial d’essayer les modèles en magasin avec les chaussures qu’on utilisera. Apportez donc bottes et chaussures lors de votre magasinage.
La qualité du produit est particulièrement importante, car le froid rend les matériaux moins élastiques. « Par exemple, les crampons bon marché en plastique rigide deviennent tellement gelés qu’ils sont difficiles à manipuler dans le froid alors qu’un modèle en élastomère (un plastique flexible et extensible) sera plus facile à installer », illustre-t-il. Si vous optez pour des crampons avec des chaînes, un modèle bien ajusté ne fera pas de bruit, sauf celui de mordre dans la surface. Les chaînes sont par ailleurs plus durables que les sangles en caoutchouc, notamment parce qu’on peut les réparer si un maillon brise.
Facilité à enfiler ou retirer les crampons
Mettre des crampons à – 20 °C demande une certaine dextérité. Une personne qui a l’intention de les enfiler plusieurs fois dans la journée a donc intérêt à opter pour un modèle qui s’installe et se retire rapidement. D’autant plus que les surfaces comme l’asphalte, les planchers et les rochers abîment les crampons et diminuent la stabilité de l’utilisateur, d’où l’importance de pouvoir les retirer aisément.
Que le système d’attache fonctionne avec un velcro, une boucle à rochet (comme sur une botte de ski alpin) ou un fermoir à clip, assurez-vous qu’il est facile à manipuler. Au moment de faire l’essai en magasin, profitez-en pour vérifier s’ils s’installent rapidement. À noter que certains modèles s’enfilent et se retirent vite comme une claque, mais l’absence de système d’attache les rend généralement moins stables.
Après l’utilisation, Loïc Després recommande d’enlever le surplus de neige des crampons et de les faire sécher à la température ambiante. En zone urbaine, il suggère aussi de les rincer à l’eau claire pour enlever le sel et ainsi éviter la corrosion.
Comment performent vos bottes sur la glace ?
L’équipe de recherche du Toronto Rehabilitation Institute a développé une base de données qui évalue l’adhérence hivernale des bottes selon une « échelle à flocons de neige ». C’est d’ailleurs cette échelle que Postes Canada utilise pour identifier les meilleures bottes antidérapantes pour ses facteurs, nous a confirmé la porte-parole de l’organisme, Nicole Lecompte.
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Pour courir en hiver
Si vous courez sur des trottoirs enneigés ou des sentiers de neige tapée, cinq options s’offrent à vous. Peu importe vos préférences, Daniel Riou, kinésiologue, coureur et fondateur de Groupe Défis, conseille d’ajouter une guêtre à vos chevilles afin d’empêcher la neige de pénétrer dans la chaussure (cet accessoire, qui ressemble à une chaussette de ballerine, est conçu dans un tissu imperméable).
• Chaussures de course d’été. C’est l’option la plus simple, mais aussi la plus glissante. En revanche, ces chaussures sont généralement bien aérées ; si l’eau y pénètre, elle en ressortira donc rapidement. Les espadrilles de bonne qualité les moins chères coûtent autour de 100 $.
• Chaussures de sentier. Ces espadrilles sont plus rigides que celles d’été. « C’est ce qu’on vend le plus pour notre clientèle urbaine, car c’est un produit polyvalent, dit le directeur gérant de Boutique Endurance, Bert Barcelos. Celles qui ont une membrane en Gore-Tex permettent de garder les pieds au sec. » Plus la semelle a du relief et des fentes profondes, moins elle est susceptible de glisser sur la neige. Et plus les fentes sont espacées, plus la neige pourra s’évacuer entre les foulées. Ces deux éléments ont toutefois le désavantage de diminuer le confort lorsque vous courez sur l’asphalte ou le béton. Parmi les modèles de bonne qualité, les moins chers coûtent autour de 100 $.
• Espadrilles d’hiver. La semelle de ces chaussures est conçue pour adhérer à la glace, et certaines ont de petites pointes de métal ou de carbone non rétractables directement intégrées (notamment Asics, Icebug et Salomon). « Les pics agrippent mieux la glace qu’une espadrille traditionnelle et la sloche y pénètre moins rapidement », dit Daniel Riou, en précisant toutefois que, lorsque l’eau réussit à y entrer, elle reste emprisonnée. Il est important de limiter la course sur l’asphalte ou le béton, car, en plus d’être inconfortable, elle risque d’endommager prématurément les pics. À 200 $ et plus la paire, Bert Barcelos indique qu’il s’agit d’un petit créneau réservé aux gens qui désirent investir dans un équipement pour plusieurs années.
• Crampons amovibles sous vos espadrilles. C’est l’option la moins confortable, voilà donc pourquoi il est primordial que les crampons soient bien ajustés. Si une partie de votre parcours inclut de l’asphalte ou du béton, les pics ne doivent pas être trop proéminents, prévient Daniel Riou. « En ville, les crampons amovibles conviennent seulement aux gens qui n’ont pas envie d’acheter une paire de chaussures spécialement dédiée à l’hiver et qui ont peur de mettre le pied sur une plaque de glace camouflée », croit-il.
• Pics installés sous les espadrilles. C’est l’option la moins utilisée. On peut acheter une trousse d’environ 30 crampons pour 30 $ et les visser soi-même ou faire appel à un magasin spécialisé en course à pied (environ 10 $ l’installation). Daniel Riou en a fait l’essai, mais l’expérience ne l’a pas convaincu. Bert Barcelos n’est pas convaincu lui non plus, mais à ceux qui décident de tenter l’expérience, il recommande d’utiliser une paire de chaussures qu’ils possèdent déjà, mais qui n’est pas trop usée. Bert Barcelos et Daniel Riou ne recommandent toutefois pas d’installer les pics vous-même.
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