Ah, ces fameux bâtons de marche… Il y a quelques années, je les jugeais non nécessaires pour la plupart des randonnées, à moins d’avoir certaines conditions de santé ou, disons, un âge plus avancé que le mien.
Prise dans une file indienne à l’Acropole-des-Draveurs dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie en plein weekend de la fête du Travail et entourée de ces dits bâtons maniés avec plus ou moins de doigté, je les trouvais même un peu dangereux !
Maintenant que j’en possède, je peux me prononcer : j’avais raison. Ils ne sont pas nécessaires à ma condition dans la plupart des cas… mais ô combien utiles et bénéfiques !
Si je ne les utilise pas chaque fois que j’emprunte un sentier, ils m’accompagnent désormais souvent. Ils épargnent mes genoux, devenus sensibles dans certaines circonstances.
J’aurais tellement aimé en avoir lors de randonnées de plusieurs jours précédemment accomplies ! Heureusement, j’en ai bénéficié pendant ma virée de trois jours en autonomie complète dans Charlevoix l’automne dernier. Pardonnez-moi l’anglicisme, mais ce fut un véritable « game changer ».
Leurs bénéfices
« Les bâtons de marche permettent de distribuer la charge, soit le poids de son corps et de ce qu’on porte sur son dos, sur le bas et le haut du corps, explique le kinésiologue Francis Comte. Ils diminuent ainsi la pression exercée sur les chevilles, les genoux et les hanches, notamment. »
De la même manière, l’effort musculaire fourni est redistribué, au lieu de se concentrer uniquement dans les jambes, ce qui peut favoriser notre endurance lors d’une longue randonnée, d’après le spécialiste.
Mais, surtout, ils contribuent à un meilleur équilibre. « On passe de deux à quatre appuis, alors c’est sûr que ça procure une meilleure stabilité et permet d’éviter des chutes qui peuvent être graves, surtout chez les gens plus âgés », mentionne le kinésiologue.
Il souligne d’ailleurs que les bâtons sont idéaux pour la marche – même urbaine ou sur terrain plat – pour les gens âgés, ce qui leur permet d’être plus en sécurité et de rester actifs tout au long de l’année.
Et même jeune et en santé, je vous assure que mes bâtons m’ont aussi fourni plus de confiance dans certaines randonnées hivernales ou en terrain accidenté, notamment en descente ou avec un gros sac sur le dos. Et s’il faut utiliser ses mains, il est toujours possible d’accrocher ses bâtons sur son équipement.
J’y vois aussi d’autres avantages.
Comme moi, vos doigts boudinent et deviennent inconfortables lors des randonnées estivales ? Ce n’est plus un problème quand je marche avec mes bâtons puisque mes mains demeurent en mouvement et surélevées.
De plus, marcher avec des bâtons dynamise et stabilise mon allure qui autrement a tendance à varier selon les petits coups de fatigue. « On pourrait très bien traîner ses bâtons sur son sac et les utiliser seulement lorsqu’on se sent un peu plus fatigué », suggère Francis Comte.
Ajustement et techniques de base
Ajustez vos bâtons afin que, poignées en main, vos coudes soient positionnés à environ 90 degrés. Cette position est importante, prévient le kinésiologue : « Un mauvais ajustement peut engendrer de l’inconfort ou des douleurs, par exemple si vous tenez vos bâtons beaucoup trop haut ou trop bas, ou encore si vous les tenez trop loin de votre corps pendant longtemps. »
Les dragonnes des poignées, quant à elles, doivent être ajustées pour permettre à vos mains d’être soutenues et éviter de faire travailler vos poignets.
Pour ce qui est de la technique, rien de trop sorcier. Il faut planter les bâtons légèrement à l’extérieur de notre corps (pour ne pas s’y prendre les pattes), en alternant simplement le pas. Par exemple, en avançant le même bras et la même jambe ou alors en les inversant. Vous pourriez aussi avancer vos deux bras d’un coup, dans un rythme régulier. Cette dernière technique est notamment utile lors des montées abruptes. N’hésitez pas à expérimenter pour trouver ce qui vous sied le mieux !
Lors d’une ascension, planter vos bâtons plus en arrière sera particulièrement utile pour soutenir vos jambes dans la poussée et vous propulser, alors que les poser en avant permettra de vous tirer vers le haut en vous y appuyant.
Si la montée est abrupte sur une longue distance, il est judicieux de raccourcir vos bâtons de quelques centimètres si vous les placez devant vous. Évidemment, pour de courtes ou faibles ascensions, la longueur de base devrait faire l’affaire. L’idée n’est pas de vous mettre à ajuster vos bâtons à tout moment !
Lors de la descente, plantez vos bâtons vers l’avant pour vous aider à maintenir votre équilibre et à amortir l’impact sur vos articulations. Personnellement, je prends le temps de les allonger pour être plus confortable et pour qu’ils me soutiennent mieux, surtout si la pente est raide, d’où l’importance d’avoir des bâtons dont on peut ajuster la longueur.
Mais attention : chuter la main prise dans la dragonne pourrait causer des blessures si le bâton reste coincé. Dans une descente difficile, il pourrait être préférable de lâcher un peu l’ajustement des dragonnes, voire de ne pas les utiliser.
Pour le reste, trouvez votre rythme ! Utiliser des bâtons de marche peut se révéler moins naturel et demander un peu plus de patience à certaines personnes pour s’y familiariser. Vous pourriez aussi tenter l’expérience en louant des bâtons dans une boutique ou en les empruntant à un ami. Vous évaluerez du même coup les critères qui vous conviennent : poids, ergonomie de la poignée, confort des dragonnes, type d’ajustement, etc.
Et si, vraiment, ce n’est pas pour vous, que vous ne les utilisez pas adéquatement ou les traînez toujours pour rien, inutile de vous forcer ! Si vous les avez achetés, donnez-les à un proche ou vendez-les sur le marché d’occasion. Vous rendrez sans doute une personne heureuse.
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