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Trois publicités auto analysées

Par George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes (APA)
Trois publicités auto analysées

Plusieurs dispositions de la Loi sur la protection du consommateur entrées en vigueur en juin 2010 ont le potentiel d’améliorer sensiblement la protection des automobilistes, tant au moment d’acquérir un véhicule que durant sa possession.

C’est le cas, entre autres, de l’article 52.1, grâce auquel il n’est plus nécessaire de montrer les preuves d’entretien de l’ancien propriétaire d’une auto pour que sa garantie soit honorée. Par exemple, si le moteur d’un véhicule d’occasion tombe en panne et qu’il est encore couvert par une garantie du constructeur, son actuel détenteur n’a pas besoin de produire les factures de l’ancien propriétaire pour que le constructeur répare le moteur à ses frais.

Le prix annoncé doit être le prix payé

Tant cette mesure peut s’avérer salutaire pour les acheteurs de voitures d’occasion, tant la diffusion obligatoire d’un prix global pour tous les biens et services offerts au Québec a de quoi faciliter la vie aux amateurs d’autos neuves. Bien sûr, cette disposition touche tant les concessionnaires et les constructeurs de véhicules neufs que les marchands d’autos d’occasion. Ces derniers avaient cependant pris les devants en vertu d’un engagement volontaire conclu avec le gouvernement provincial en 2007. Les constructeurs d’autos neuves et leurs distributeurs ont préféré attendre une loi de portée générale pour franchir le même pas.

En imposant à l’industrie cette importante mesure d’information au consommateur, le Québec rejoint l’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta, qui exigent toutes que le prix annoncé des autos soit «tout inclus». Québec est même allé plus loin en appliquant cette règle à l’ensemble des biens et services de consommation, et en imposant aux constructeurs et distributeurs d’autos la même exigence qu’aux commerçants de détail.

En principe, la diffusion obligatoire d’un prix «tout inclus» signifie la fin des frais supplémentaires manquants dans la publicité des autos neuves, ainsi que la disparition de ceux qui sont cachés dans les petits caractères (par exemple, le transport et la préparation et les frais d’administration des concessionnaires). Dorénavant, la loi exige que le prix annoncé représente le coût total du véhicule à l’exception de la TPS, de la TVQ et de certains droits gouvernementaux, comme le Droit spécifique sur les pneus neufs (3 $ par pneu) et les frais d’inscription au Registre des droits personnels et réels mobiliers.

Si le véhicule est muni d’un climatiseur, la taxe d’accise de 100 $ qu’impose le gouvernement fédéral sur cet équipement doit également être comprise dans le prix annoncé. Fait à souligner, Ottawa perçoit ce droit auprès des constructeurs automobiles avant que les véhicules soient livrés aux consommateurs; la facture est ensuite refilée aux clients. Ceux-ci se trouvent donc à rembourser les constructeurs lorsqu’ils versent le montant de 100 $, et non à payer directement une taxe d’État.

Pour éviter de vous faire avoir

Vous avez remarqué une annonce attrayante d’un concessionnaire qui semble trop belle pour être vrai? Apportez-la chez un concurrent et demandez-lui de battre l’offre. Les acheteurs anonymes de l’APA ont découvert qu’il s’agit d’une stratégie efficace pour dévoiler les ruses dans les publicités. Dans bien des cas, l’offre d’un concessionnaire qui ne fait pas de promotion trompeuse est plus avantageuse, tout simplement parce qu’il ne veut pas perdre une vente supplémentaire aux mains du concurrent qui a publié l’annonce.

Payez de 30 à 40 $ pour connaître le prix coûtant du véhicule que vous convoitez ainsi que le détail des promotions qui s’y appliquent. Ce service est notamment offert par l’APA, par Consumer Reports (en anglais) et par Car Cost Canada (en anglais). Demandez au concessionnaire de calculer les offres de location et de financement sur une base mensuelle en tenant compte d’une mise de fonds de 0 $. Cette méthode facilite la comparaison. Sachez que changer souvent d’automobile finira par coûter plus cher, qu’elle soit louée ou financée; on économise en conservant longtemps son véhicule.

Vrai, le prix «tout inclus» a apporté certaines améliorations dans les publicités des autos neuves. Il n’a cependant pas éliminé tous les écueils: plusieurs annonces portent toujours à confusion et cachent souvent des pièges qui exigeraient une intervention plus musclée de l’Office de la protection du consommateur. Voici l’analyse de quelques exemples « créatifs» que nous avons recensés en janvier et février 2011.

Analyse de pub: Acura TL et MDX 2011

  • Cette publicité d’Acura comprend plusieurs améliorations par rapport à celle d’une Acura TL que nous avions publiée en 2009. D’abord, le constructeur n’indique plus la mention «avec AWD» (traction intégrale) à côté de la mensualité de la TL, ce qu’il faisait auparavant même si le prix correspondait en fait à un modèle à traction avant.
  • Les frais de transport et préparation sont inclus dans les prix affichés.
  • Le montant de l’acompte est imprimé directement sous les mensualités annoncées; dans les anciennes annonces d’Acura, il était caché dans les petits caractères. En revanche, à environ 8 000 et 9 500 $, les acomptes demandés sont très élevés; cela aide à faire paraître les mensualités plus petites. Au moment de magasiner la location à long terme d’un véhicule, assurez-vous de toujours comparer des mensualités assorties d’un acompte de 0 $.
  • L’Acura TL illustrée ne correspond pas au modèle annoncé. La voiture montrée est équipée de jantes en alliage d’une valeur de 2 485 $ qui ne sont pas comprises dans le modèle annoncé. Ce n’est qu’en lisant les petits caractères qu’on apprend que la photo est «à titre indicatif seulement». Dans le cas des autos d’occasion, les commerçants se sont engagés à publier une photo fidèle au modèle offert en vente, ce qui évite cette forme de représentation erronée.
  • Le taux d’intérêt applicable à la location n’est pas précisé dans les gros caractères, ni dans les petits.

 

Analyse de pub: Mazda 6 GS 2010

Le prix de départ annoncé de 24 790 $ comprend les frais de transport et préparation. Par contre, le remboursement de la taxe sur le climatiseur ne semble pas compris, du moins si on compare le prix de détail affiché dans la pub avec celui qui est indiqué sur le site Web de Mazda Canada.

  • La publicité ne précise pas que le modèle illustré est une version GT V6 automatique très bien équipée, dont le prix de départ «tout inclus » se situe à 38 390 $. Le modèle annoncé est un GS à 4 cyl. de base à boîte manuelle, qui est beaucoup moins puissant et moins équipé.
  • Le rabais de 7 491 $ annoncé semble étonnamment généreux pour une voiture qui se détaille moins de 25 000 $. De quoi se compose-t-il ?
  • L’astérisque renvoie à de très petits caractères qui ne sont pas très bavards, puisqu’ils soulignent seulement qu’un «Rabais fidélité [est] inclus». Le montant de cette mesure incitative (1 500 $) n’est précisé nulle part dans l’annonce; de plus, le lecteur ne voit pas qu’il doit avoir été propriétaire d’une Mazda pour y avoir droit.
  • Par ailleurs, Mazda déduit habituellement cette somme après le calcul de la TPS et de la TVQ, alors que l’annonce laisse entendre qu’elle est déduite avant l’application de ces taxes.
  • À ces 1 500 $ s’ajoute un rabais du constructeur de 4 000 $, que la publicité ne mentionne pas plus. En cumulant les deux rabais, on n’arrive qu’à 5 500 $, ce qui paraît bien loin des 7 491 $ indiqués.
  • Sans que ses acheteurs anonymes aient réussi à le confirmer quand ils sont allés chez le concessionnaire, l’APA soupçonne que celui-ci a gonflé le rabais en y ajoutant les frais de transport et préparation de 1 595 $. Dans le cas contraire, pourquoi ces frais seraient-ils comptabilisés dans le calcul illustré, alors qu’ils font pourtant partie du prix de départ de 24 790 $ ?
  • Ce n’est qu’en additionnant une légère réduction de 396 $, présumément offerte par le concessionnaire lui-même, qu’on arrive au rabais entier de 7 491 $.
  • Le prix total de 20 524,99 $ montré dans la publicité comprend un montant hypothétique de 1 000 $ alloué pour un éventuel véhicule d’échange. Si le consommateur n’a pas de véhicule à échanger, il doit lui-même fournir ces 1 000 $ sous forme d’acompte, ce qui n’a rien d’un rabais!
  • Le taux de financement à 4,99 % sur 84 mois représente le taux d’intérêt fixe de Mazda pour les autos de fin d’année- modèle; il est trop élevé pour rendre avantageux le financement à si long terme. D’ailleurs, avec le congé de paiements de 90 jours annoncé, votre Mazda aurait 87 mois, soit sept ans et quart, au moment de votre dernier versement.

Dodge Grand Caravan 2010

Le prix affiché, de type «tout inclus», comprend les frais de transport et préparation ainsi que le remboursement de la taxe sur le climatiseur. Certains marchands attirent des consommateurs chez eux en annonçant des modèles à très bas prix, alors qu’ils ne les ont pas en stock. Dans ce cas-ci, des acheteurs anonymes de l’APA ont constaté que le concessionnaire avait bel et bien des exemplaires de la version annoncée au moment où ils s’y sont rendus, en février 2011.

  • Le versement affiché ne représente pas une mensualité, mais bien un paiement aux deux semaines. Or, il ne suffit pas de le doubler pour obtenir le montant du versement mensuel. Il faut plutôt le multiplier par 2,15, ce qui donne 288,10 $ par mois (et non 268 $, ou deux fois 134 $, comme un vendeur peu scrupuleux pourrait le prétendre durant la négociation).
  • Le taux d’intérêt variable que propose Chrysler par l’entremise d’institutions financières traditionnelles était de 2,25 % l’année dernière; il a maintenant augmenté à 4,99 % dans le cas de certains véhicules. Pourquoi une telle hausse? La banque qui fournit le financement permet au concessionnaire de gonfler le taux variable du prêt en échange de quoi elle lui verse une bonification cachée; celle-ci représente environ 350 $ dans l’exemple actuel, mais elle peut s’avérer plus élevée selon le cas. En outre, le marchand et le créancier se partagent les intérêts excédentaires payés par le consommateur – cette pratique a été fortement critiquée aux États-Unis.
  • Les versements de cette annonce sont calculés en vertu d’un terme de 84 mois (sept ans); c’est trop long pour le financement d’une auto. L’APA conseille de limiter la durée du prêt à 60 mois (cinq ans) pour une voiture américaine et à 72 mois (six ans) pour un modèle japonais ou coréen. Le seul financement à très long terme acceptable serait un contrat à taux d’intérêt fixe très faible (par exemple, de 0 à 3 %), à condition que le constructeur ou le marchand ne propose pas un rabais substantiel sur le prix d’achat au comptant du véhicule.
  • L’annonce ne précise pas l’obligation totale du consommateur, y compris les intérêts.
  • Lorsque des acheteurs anonymes de l’APA sont allés chez Pie-IX Dodge Chrysler Jeep, ils ont appris que le concessionnaire souhaitait ajouter des frais d’administration de 349 $ au contrat. De telles charges devraient pourtant être comprises dans le prix annoncé, puisque la loi interdit maintenant de les y ajouter de façon subséquente.
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  • Par Pierrette Dandois
    29 août 2013

    Je trouve ça très bien d'exiger cela. Et qu'en est-il des assurances valeur à neuf en cas d'accident j'aimerais votre avis , sont-elles vraiment valables?

     19
  • Par LISE PROVENCHER
    12 mai 2012

    J'ai récemment communiqué par courriel avec un concessionnaire automobile pour connaître ses promotions au sujet du modèle que je souhaitais acheter. Il m'a répondu (par courriel) en me proposant une offre très alléchante qui m'a convaincu de m'y rendre. Une fois sur place, après 30-45 minutes de discussion, le vendeur s'est excusé: il m'a dit avoir commis une erreur dans le prix... Surprise: l'alléchante offre qui m'a attiré ne fonctionnait plus! Véritable erreur ou stratégie pour m’attirer? Étant coincé dans le temps, je me suis contenté d'accepté le rabais de 380$ qu'il m'a alors offert (en guise d'excuse pour son erreur). Le prix payé demeurait toutefois de beaucoup supérieur au prix initialement annoncé dans son courriel. Était-ce illégal? Aurait-il dû respecter son prix annoncé?

     6
    Par VINCENT GARNEAU
    27 juin 2013

    C'est la vieille stratégie du "bait and switch": on vous attire avec une promotion, quand vous arrivez, elle n'est plus disponible ou il y avait erreur. Il ne faut PAS se laisser prendre à de telles sornettes! Pensez-vous réellement qu'un concessionnaire va mettre une annonce dans un journal ou un site web sans vérifier les prix ou les conditions?
    Ça prend un peu de courage, mais si l'offre n'est pas telle que promise, sortez du concessionnaire. Ou bien il va se rétracter et accepter, ou bien vous trouverez la même offre chez un compétiteur plus honnête qui ne voua aura pas attiré avec de fausses promesses.

     5
  • Par MARTIN TREMBLAY
    05 janvier 2012

    J"ai récemment appelé chez un concessionnaire Nissan qui m"a confirmé par téléphone que le modèle de base de la Nissan Versa 1.6 annoncé n"était pas disponible malgré l'annonce fait le matin même dans le journal local. J"ai au moins eu la consolation de ne pas me déplacer inutilement! J"ai finalement acheté une Kia Rio?

     1
    Par Isabelle Turcotte
    05 janvier 2012

    Il faut comprendre qu'il y a deux types de publicité dans l'automobile, celle du manufacturier (i.e. Nissan Canada) et celle du concessionnaire. Le manufacturier ne tient pas compte de la disponibilité du modèle avant de faire l'offre et va évidemment promouvoir un modèle de base, qui est pour le concessionnaire souvent très difficile à obtenir vu la quantité limité de véhicules produits.