«Dites non à Bell»: une campagne de peur?
L’offre d’achat d’Astral par Bell pourrait coûter cher aux consommateurs, selon les opposants à la transaction. Campagne de peur ou menace réelle?
Depuis quelques semaines, les opposants à l’offre d’achat d’Astral par Bell au coût de 3,4 milliards de dollars se font entendre. Le 7 août 2012, une coalition formée de Québecor, Cogeco et Eastlink a lancé le bal avec la campagne «Dites non à Bell», qui a plus tard reçu l’appui de Telus, de Rogers et de la Canadian Cable Systems Alliance.
Selon cette coalition, si la transaction avait lieu, le nouvel empire médiatique posséderait 79 chaînes de télévision, 107 stations de radio et plus de 100 sites Web. Les parts de marché de Bell dans la télévision canadienne passeraient ainsi de 29 à 38 %. En ce moment, Bell est notamment propriétaire de CTV, de TSN et de RDS, alors qu’Astral possède entre autres les chaînes spécialisées Super Écran, Canal Vie et Séries+.
Selon la campagne «Dites non à Bell», l’entreprise pourrait facturer plus cher aux consommateurs pour ses chaînes compte tenu de sa dominance et «vous pourriez être poussé à également payer pour d’autres chaînes de Bell Canada qui ne vous intéressent pas». De plus, «pour vous permettre de regarder vos émissions préférées, Bell Canada pourrait vous pousser à acheter d’autres de ses services comme la téléphonie, la communication sans fil, l’accès Internet et la télédiffusion». Sur le site Web de la campagne, plus de 20 000 personnes auraient déjà signé la pétition contre la transaction.
Une autre coalition pancanadienne, formée notamment d’Option consommateurs et de l’Union des consommateurs, appelle aussi les gens à se mobiliser. L'organisme Option consommateurs a d'ailleurs mis en ligne une pétition à ce sujet.
Moins de concurrence, vraiment?
La coalition «Dites non à Bell» s’inquiète d’une diminution de la concurrence dans le secteur des télécommunications. Ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’auprès des téléspectateurs québécois francophones, les parts de marché de Bell passeraient de 8 à 24 % après l’acquisition d’Astral, alors que Québecor rejoint déjà 30 % de l’auditoire.
Dans son communiqué du 15 août 2012, Bell souligne la présence imposante de Québecor dans la province: «Détenant la plus grande part du marché des médias dans la province, Québecor, qui se décrit elle-même comme un “géant des communications”, exploite également le plus vaste groupe de presse au Québec et à travers le Canada avec 293 journaux, le plus grand câblodistributeur au Québec, le plus important radiodiffuseur de langue française au Québec, le plus grand éditeur de magazines au Québec, le plus grand groupe de maisons d'édition de langue française, les plus grands portails Internet généraux ou spécialisés de langue française et anglaise, les plus grandes chaînes de magasins de musique et de clubs vidéo dans l'Est du Canada, des services d'impression et de distribution, des annuaires imprimés et en ligne, et plus encore.»
«Selon moi, l’acquisition d’Astral par Bell va plutôt dynamiser le marché et accroître la concurrence entre deux joueurs importants au Québec, soit Québecor et Bell. Ça va rééquilibrer la situation et c’est sans doute mieux pour les consommateurs», affirme Richard J. Paradis, analyste et consultant en télécommunications. Quant aux menaces de hausses de tarifs et de diminution du choix pour les consommateurs, M. Paradis se montre sceptique: «C’est de la spéculation», dit-il.
Pierre C. Bélanger, professeur au Département des communications de l’Université d’Ottawa, critique lui aussi sévèrement la campagne: «Ça ressemble à une chasse aux sorcières où on essaie d’effrayer les gens. La dernière chose que Bell veut, c’est augmenter ses tarifs, parce que les gens peuvent toujours changer de fournisseur. L’entreprise a tout intérêt à rendre ses offres le plus attrayantes possibles.»
Bientôt devant le CRTC
D’après ses propres calculs, Bell posséderait 33,5 % des parts de marché de la télévision au Canada anglais si l’acquisition d’Astral a lieu, contrairement aux 38 % avancés par la campagne «Dites non à Bell». Selon les règles du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), qui devra se prononcer sur la transaction, un seul joueur peut posséder sans problème jusqu’à 35 % des parts de marché, alors que des parts de 35 à 40 % nécessitent un examen plus approfondi. «Si le CRTC juge que Bell aura de trop grandes parts de marché avec l’acquisition d’Astral, il pourrait demander à l’entreprise de se départir de certaines chaînes», affirme Richard J. Paradis.
Le CRTC tiendra des audiences publiques au sujet de l’acquisition d’Astral par Bell du 10 au 14 septembre prochains, à Montréal. Selon Pierre C. Bélanger, le CRTC devrait rendre sa décision cet automne.

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