Vitaminothérapie par injection: danger!

Pratiquée dans un nombre grandissant de cliniques privées et en partie par des professionnels de la santé, la vitaminothérapie intraveineuse (IV) connait un engouement croissant. Cette pratique consiste à injecter des vitamines, des minéraux et d’autres substances dans le sang afin de réduire le stress, d’améliorer la mémoire, de renforcer le système immunitaire, de perdre du poids, etc.

Fausses promesses et provenance nébuleuse

La montée en popularité de cette pratique préoccupe le Collège des médecins, qui s’unit à l’Ordre des pharmaciens, l’Ordre des diététistes-nutritionnistes et l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour informer le public des dangers entourant ces injections. « De telles pratiques, en plus de ne s’appuyer sur aucune preuve scientifique, ne sont pas sans risque, indique le Collège des médecins du Québec. Procéder à de telles perfusions quand l’état de santé de la personne visée ne le nécessite pas peut notamment entrainer des septicémies (infections du sang). Au mieux, cet exercice est couteux et sans utilité valable; au pire, il est dangereux. »

En entrevue au Devoir, Jean-François Desgagné, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec, fait part de ses préoccupations : « Pour ces cliniques, on ne sait pas d’où viennent les médicaments et comment ils sont préparés. » Il s’inquiète aussi du fait qu’il s’agit d’ordonnances collectives de produits et qu’il est difficile de savoir qui les a délivrées.

Contrairement aux ordonnances individuelles, les ordonnances collectives permettent aux infirmières des cliniques d’injecter par voie intraveineuse un mélange d’ingrédients provenant de pharmacies préparatrices, sans même que leurs clients ne rencontrent le médecin prescripteur.

Les quatre ordres poussent également le personnel soignant à respecter ses obligations déontologiques en revoyant son implication éventuelle en ce qui a trait à la vitaminothérapie intraveineuse.

IV : des recommandations importantes

Dans leur avis conjoint, le Collège des médecins, l’Ordre des pharmaciens, l’Ordre des diététistes-nutritionnistes et l’Ordre des infirmières et infirmiers tiennent à porter à l’attention du public qu’aucune preuve scientifique n’a démontré l’utilité de la vitaminothérapie IV pour réduire le stress, perdre du poids, augmenter le niveau d’énergie ou renforcer le système immunitaire.

Comme le dit l’adage, quand c’est trop beau pour être vrai, c’est que c’est très certainement le cas ! Les ordres professionnels incitent à se méfier d’annonces présentant des thérapies ou des médicaments qui offrent des solutions « miracles ».

Les professionnels de la santé rappellent que très peu de personnes ont besoin d’un surplus de vitamines si elles sont en bonne santé et qu’elles ont une alimentation et un style de vie équilibrés.

Enfin, l’administration par perfusion comporte des risques. Un homme est décédé d’une septicémie à la suite d’un traitement vitaminique intraveineux effectué par une naturopathe montréalaise parce qu’une des fioles utilisées était contaminée par une bactérie mortelle. « C’est pourquoi une telle perfusion doit toujours être administrée par un professionnel habilité à le faire, comme une infirmière ou un médecin. Lorsqu’une autre voie d’administration est possible (ex. : par la bouche), elle devrait toujours être privilégiée », indique l’avis conjoint.