Vaccination à l’âge adulte: votre carnet est-il à jour?

Chaque année, les calendriers de vaccination selon les différents groupes d’âge sont mis à jour au Québec. Il peut parfois être difficile de s’y retrouver et de savoir quel vaccin ou quel rappel il est nécessaire d’obtenir en tant qu’adulte, et il ne faut surtout pas minimiser leur importance.

La médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) Chantal Sauvageau fait le point avec nous sur les immunisations recommandées chez les personnes de 18 ans et plus.

Vaccin contre les infections à virus du papillome humain (VPH)

S’il est habituellement offert aux enfants dès la quatrième année du primaire, le vaccin contre le VPH est désormais gratuit jusqu’à 20 ans, tant pour les hommes que pour les femmes. Si vous êtes immunosupprimé, il vous est proposé gratuitement jusqu’à l’âge de 45 ans, et trois doses sont alors requises, précise la D^re Sauvageau.

Ce vaccin aide à protéger contre les cancers associés aux VPH tels que ceux du col de l’utérus, du vagin, de la vulve, du pénis, de l’anus et de la gorge.

S’il en fallait initialement deux doses, une seule est désormais nécessaire chez les 20 ans et moins, ajoute la médecin. Deux doses sont toujours recommandées chez les personnes de 21 ans et plus.

Coqueluche

Une dose du vaccin dcaT (coqueluche, diphtérie et tétanos) devrait être administrée à tous les adultes qui ne l’ont pas reçu enfant. Depuis 2018, une dose de rappel est recommandée chez les femmes enceintes entre la 26^e et la 32^e semaine de grossesse.

Cette dose de vaccin permet de protéger les bébés naissants de la coqueluche, qui peut être mortelle chez les tout-petits. « En recevant le vaccin pendant la grossesse, la mère développe les anticorps qui seront transmis au bébé à naitre à travers le placenta. Ce dernier devient ainsi protégé jusqu’à ce qu’il reçoive lui-même sa première dose de vaccin, à deux mois », explique la D^re Sauvageau. Celle-ci ajoute que ce vaccin doit être répété à chaque grossesse et qu’il est offert gratuitement aux femmes enceintes.

Chez les personnes non immunisées ou partiellement immunisées, la coqueluche peut entrainer une hospitalisation et même la mort.

Tétanos

Le tétanos est une maladie grave qui s’attaque aux nerfs qui contrôlent l’activité musculaire. Elle est causée par une bactérie qui se trouve dans la boue, le sol et la poussière, et qui pénètre dans le corps par une plaie, comme une blessure causée par un clou ou un outil de jardinage.

Auparavant, il fallait recevoir un rappel du vaccin contre le tétanos tous les 10 ans et c’est encore le cas dans certains pays, mais les recommandations au Québec ont changé, précise la D^re Sauvageau. Il est maintenant conseillé d’obtenir un seul rappel, à l’âge de 50 ans.

« Il n’existe pas de vaccin seulement pour [prévenir] le tétanos au Canada, donc on administre le dT, qui protège contre la diphtérie et le tétanos », précise la médecin, qui ajoute qu’une dose protège contre la maladie pour au moins 30 années. Ce vaccin est gratuit.

Infections à pneumocoque

La vaccination contre les infections à pneumocoque permet de protéger de la pneumonie et est recommandée aux adultes à partir de 65 ans. Elle est gratuite à partir de cet âge, et une seule dose est nécessaire.

« Plus on vieillit, plus le risque de complications associées aux pneumonies est élevé, d’où l’importance de recevoir ce vaccin », explique la D^re Sauvageau.

Il est à noter que ce vaccin est aussi remboursé aux personnes plus jeunes jugées comme étant exposées à des risques accrus de complications, comme celles atteintes d’une maladie cardiaque, pulmonaire ou rénale et celles ayant un système immunitaire affaibli.

Zona

Le zona est dû à une réactivation du virus de la varicelle et se présente sous la forme d’une éruption cutanée pouvant être très douloureuse. Même si vous avez déjà eu un zona, le vaccin de deux doses permet d’éviter de contracter à nouveau la maladie. « On recommande alors généralement d’attendre un an après l’épisode pour se faire vacciner », précise la D^re Sauvageau.

Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) recommande de recevoir deux doses du vaccin contre la maladie dès l’âge de 50 ans. Attention : au Québec, il n’est remboursé qu’à partir de 75 ans. « Si vous souhaitez payer le vaccin de votre poche, prenez le temps d’appeler à différents endroits, car il peut y avoir des différences de prix d’une pharmacie à l’autre », suggère la spécialiste.

Rougeole

La rougeole est l’une des maladies infectieuses les plus contagieuses au monde. Elle est causée par un virus qui voyage dans l’air lorsqu’une personne infectée respire, tousse, éternue ou parle. Elle peut être dangereuse, voire mortelle, et engendrer des complications graves comme une encéphalite ou une pneumonie.

La progression est très rapide sans vaccination, c’est pourquoi elle est recommandée dès l’enfance dans le programme québécois d’immunisation.

Au cours de la dernière année, la rougeole s’est propagée à un rythme préoccupant dans plusieurs pays. Cette recrudescence s’explique par un taux de vaccination de la population qui est repassé sous le seuil des 95 %, le taux minimal pour garantir l’immunité collective.

Au Québec, la Santé publique incite les adultes qui n’ont pas été vaccinés adéquatement dans l’enfance à se faire vacciner pour éviter la propagation. Si vous avez été vacciné ou avez déjà eu la rougeole, vous êtes considéré comme protégé. À vie. Le vaccin est gratuit.

Que faire s’il vous manque des vaccins ?

Vous avez sans doute été vacciné contre d’autres maladies lorsque vous étiez enfant, notamment la poliomyélite, la rubéole ou les oreillons. Même si des rappels ne sont pas prévus à l’âge adulte, vous devriez malgré tout obtenir ces vaccins si vous ne les avez pas, rappelle la D^re Sauvageau. Ces immunisations sont gratuites.

Si vous n’avez jamais contracté la varicelle étant enfant, vous pourriez aussi obtenir le vaccin contre la maladie à l’âge adulte.

Vous n’êtes pas certain d’avoir été immunisé correctement? Vous pouvez consulter les critères du ministère de la Santé et des Services sociaux pour être considéré comme adéquatement vacciné.

Votre mémoire fait défaut en ce qui a trait à votre historique de vaccination et vous n’avez pas votre carnet? Vous pourriez consulter le Registre de vaccination. Tous les Québécois qui ont été vaccinés depuis le 1^er janvier 2019, ici ou dans une autre province, y sont inscrits. Vos vaccins sont antérieurs à cette date? Votre dossier a peut-être été numérisé. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez contacter le numéro d’information sur la vaccination (1 877 644‑4545) et demander l’évaluation de votre carnet vaccinal.

Où les obtenir ?

Vous pouvez trouver un lieu de vaccination et prendre rendez-vous pour recevoir ces vaccins directement sur le site Web de Clic Santé.

Vous pouvez aussi contacter votre pharmacie pour prendre un rendez-vous. « Appelez à votre pharmacie avant pour vous assurer qu’elle a le vaccin en stock et qu’un pharmacien ou une infirmière est disponible pour vous l’administrer », prévient la médecin.

Vaccins saisonniers

Le 24 septembre dernier, le Protocole d’immunisation du Québec (PIQ) a été mis à jour pour inclure les recommandations concernant les vaccins saisonniers, soit ceux contre l’influenza, la COVID-19 et le virus respiratoire syncytial (VRS).

À l’automne 2024, les vaccins à ARN messager contre la COVID-19 et ceux contre la grippe seront offerts gratuitement, sur demande, à toutes les personnes de six mois ou plus.

Le vaccin contre le VRS sera administré gratuitement aux personnes de 60 ans et plus résidant dans des centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) ainsi que dans des ressources intermédiaires – soutien à l’autonomie des personnes âgées (RI-SAPA) et à celles de 75 ans et plus vivant dans des résidences privées pour ainés (RPA).

Les personnes de 60 ans et plus et les femmes enceintes (entre la 32^e et la 36^e semaine de grossesse) pourront aussi obtenir le vaccin, mais il ne leur sera pas offert gratuitement.

Ces vaccins font partie de ceux qui sont données aux enfants à travers le programme de vaccination

La Santé publique a mis en garde à plusieurs reprises, ces dernières années, contre les risques d’éclosion de maladies respiratoires.