Le prix de la mémoire et des puces informatiques grimpe en flèche

Ça prend beaucoup de pièces pour fabriquer un ordinateur – processeur, carte graphique, écran, etc. –, mais rien ne peut fonctionner si vous ne disposez pas de la mémoire vive (RAM) et de la mémoire de stockage (SSD ou autre).

Or, le prix de ces composants et de plusieurs autres puces installés sous le capot des serveurs ou des ordinateurs de toutes sortes vient de grimper en flèche. Selon Dominique Therrien, technicien informatique chez Insertech, l’augmentation est fulgurante : concernant les contrats manufacturiers, elle a atteint environ 170 % au dernier trimestre. Tous les prix ont explosé, en particulier pour les puces DDR4 ou DDR5 (RAM), les NAND Flash (SSD) ou encore des HBM, des puces de mémoire très rapide utilisées pour des cartes graphiques haut de gamme.

À titre d’exemple, Dominique Therrien note qu’une barre de RAM Vengeance (Corsair) de 16 Go, qui coûtait 95 $ en septembre, se vendait 153 $ début décembre. L’impact est encore plus marqué pour la DDR5 : le prix d’un ensemble de 32 Go DDR5 – entre 150 et 173 $ en octobre – avoisine maintenant les 450 $. Du côté du stockage, un SSD Kingston NV3 de 1 To, de qualité standard, est passé de 80 $ en octobre à 160 $ à quelques jours de Noël.

Une flambée des prix liée à l’IA

La cause de cette onde de choc est unique et omniprésente : l’intelligence artificielle (IA). Depuis 2023-2024, l’IA a créé une demande énorme pour la mémoire très rapide, notamment la HBM, utilisée dans les superordinateurs et les cartes graphiques spécialisées. Or, cette mémoire exige des ressources et des lignes de production similaires à celles nécessaires pour fabriquer la RAM traditionnelle. Résultat : moins de production pour les consommateurs, mais une demande qui, elle, ne recule pas.

Les trois grands fabricants mondiaux de puces qui contrôlent largement le marché international de ces composants ‒ Micron, Samsung et SK Hynix ‒ dirigent désormais l’essentiel de leur production vers les centres de données, au détriment du marché des consommateurs.

L’équation pour l’industrie est simple : la part de profit est beaucoup plus importante du côté des centres de données. Un signe résume la situation : après 29 ans dans ce domaine, Micron a annoncé cette semaine la fermeture de sa marque de puces grand public Crucial, « afin d’améliorer l’approvisionnement et le support pour ses clients stratégiques les plus importants dans les segments à forte croissance ».

La flambée des prix des puces électroniques n’est pas une simple fluctuation, selon plusieurs analystes, mais une réorientation massive de l’industrie informatique mondiale. Le marché pourrait prendre quelques années avant de se stabiliser.

L’impact sur les ventes d’ordinateurs

Les répercussions vont vite se faire sentir sur le marché québécois. Les prix de ces éléments de base, comme on l’a dit, ont doublé, voire triplé en quelques mois, et cette hausse des composants essentiels se répercutera inévitablement sur les appareils neufs en magasin. « Le prix des ordinateurs neufs va monter rapidement, c’est certain », assure Dominique Therrien.

À son avis, le prix des cartes graphiques (GPU) devrait lui aussi subir une hausse, car elles utilisent un type de mémoire, la GDDR, fabriquée par les mêmes manufacturiers. Toutefois, ce ne sera pas pour tout de suite, leur fabrication ayant connu moins de changements.

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