Un examen de la vue pour la rentrée des classes

Au Québec, la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) rembourse un examen de la vue par année civile à toutes les personnes de moins de 18 ans. Pourtant, selon des données de l'organisme, partagées par l’Ordre des optométristes du Québec (OOQ), moins de 30 % des enfants consultent régulièrement un optométriste, même s’il est important de le faire pour détecter un trouble de la vision.

« Votre enfant pourrait avoir des difficultés à voir et fournir un effort trop important tout au long de la journée sans se plaindre et sans que vous le remarquiez », explique le D^r Guillaume Fortin, optométriste et président de l’Association des optométristes du Québec (AOQ). 

C’est particulièrement vrai chez les plus jeunes qui seraient nés avec un trouble visuel comme l’hypermétropie, soit de la difficulté à voir de près, une affection de la vue commune chez les enfants.

Le D^r Fortin explique que les difficultés visuelles peuvent, entre autres, entrainer des problèmes d’attention et retarder l’apprentissage de la lecture, par exemple, d’où l’importance de s’assurer que votre enfant voit bien avant la rentrée.

En âge préscolaire, un enfant sur dix présente un trouble oculaire ou visuel pouvant nuire à son développement et à ses apprentissages, estime l’OOQ.

Un examen dès l’âge de trois ans… ou avant

Pour éviter de passer à côté d’un problème visuel non diagnostiqué, l’Ordre recommande de planifier des examens de la vue selon le calendrier suivant, même si votre enfant ne semble pas présenter de difficulté apparente :

• Vers l’âge de 6 mois (en cas de soupçon ou d’inquiétude)
• Vers l’âge de 3 ans
• Avant qu’il entre à l’école (4-5 ans)
• Chaque année, de 6 à 18 ans

Ces examens peuvent être plus fréquents si vous remarquez que votre enfant présente une gêne visuelle particulière ou si l’optométriste recommande un suivi plus rapproché. 

À partir de l’âge de six ans, l’examen de la vue s’apparente beaucoup à celui des adultes, explique le D^r Fortin. Chez les plus petits, il se présente généralement sous forme de jeux ludiques où ils sont appelés à interagir avec des dessins plutôt qu’avec des lettres. 

Des signes à ne pas négliger

Si votre enfant présente un strabisme (un œil qui louche), le D^r Fortin recommande de prendre rendez-vous avec un optométriste pour lui faire passer un examen de la vue, même s’il est encore bébé. 

Certains autres signes pourraient indiquer un trouble visuel et la nécessité de devancer le rendez-vous annuel d’examen de la vue. C’est le cas si votre enfant a des maux de tête fréquents, qu’il plisse des yeux pour lire de loin ou de près, qu’il se fatigue rapidement à la lecture, qu’il se plaint de vision double, qu’il cligne souvent des yeux, ou qu’il a des difficultés d’apprentissage ou des retards de développement.

La myopie en hausse

Chez les jeunes du primaire, les problèmes les plus souvent décelés sont liés à l’acuité visuelle, à l’état de la réfraction (myopie, hypermétropie et astigmatisme), à la coordination oculaire et à la performance visuelle (mouvement des yeux et mise au foyer), indique l’OOQ.

Le D^r Fortin indique que la myopie est de plus en plus en hausse chez les enfants. Selon les données de l’OOQ, elle aurait même doublé au cours des 20 dernières années. 

Il existe certaines astuces pour aider à prévenir la myopie, comme éviter de fixer des objets de trop près, comme des écrans ou des livres, indique le D^r Fortin. 

Lorsque la myopie est déjà installée, l’optométriste explique que si elle est prise en charge tôt, sa progression peut être ralentie. « Des stratégies peuvent être mises en place, comme la prescription de verres ou de lentilles spéciaux, dit-il. Dans certains cas, une prescription de gouttes composées d’atropine à faible dose peut également aider. »

Des examens complémentaires non remboursés

En plus de l’examen de la vue de base, il peut arriver que l’optométriste recommande certains tests complémentaires. La grande majorité d’entre eux – mais pas tous – sont couverts par la RAMQ chez les moins de 18 ans. 

Parmi les plus couramment recommandés figurent les examens sous cycloplégie : le terme désigne le fait de paralyser temporairement le réflexe qui permet à l’œil de voir net et de faire sa mise au point (l’accommodation) en dilatant les pupilles. « Ces examens coutent de 35 $ à 45 $, explique le D^r Fortin. Ils permettent d’analyser la réfraction de l’œil pour obtenir une mesure précise de la vision. On y recourt souvent chez les enfants de moins de trois ans, chez les personnes qui n’arrivent pas à parler ou chez les enfants qui présentent un strabisme. »

D’autres tests ne sont pas couverts, comme la biométrie oculaire, qui sert à mesurer la longueur axiale de l’œil et qui nécessite des appareils plus spécialisés.

Heureusement, la grande majorité des enfants n’a pas besoin de ces tests plus avancés, indique l’expert, qui se fait rassurant : un optométriste ne recommandera pas un examen qu’il ne juge pas nécessaire.

Les lunettes pour enfants sont-elles remboursées ?

Depuis avril 2023, grâce au programme Mieux voir pour réussir, la RAMQ rembourse 300 $ pour l’achat de lunettes ou de lentilles cornéennes pour les moins de 18 ans, et ce, tous les deux ans.

Pour profiter du remboursement, votre enfant doit avoir reçu une ordonnance pour des lunettes ou des verres de contact correcteurs lors d’un examen de la vue effectué par un optométriste ou un ophtalmologiste. 

Les lunettes peuvent être achetées auprès d’un opticien, d’un optométriste ou même en ligne. Il faut toutefois que l’entreprise soit enregistrée au Québec pour que la RAMQ accepte de verser un remboursement.

« Selon la monture choisie, 300 $ sont souvent amplement suffisants pour payer l’entièreté de la paire de lunettes », estime le D^r Fortin.