Quatre fois plus d’infections à la bactérie mangeuse de chair!

Depuis le début de l’année, 728 cas de fasciite nécrosante ont été recensés au Québec et 45 personnes en sont mortes. C’est quatre fois plus que pour toute l’année 2022. La cause de cette hausse est encore nébuleuse. Certaines hypothèses sont soulevées, comme le manque d’immunité lié à une baisse temporaire des cas pendant les mesures sanitaires; la présence d’une souche virulente; les suites d’affections respiratoires virales, mais rien n’est prouvé.

La fasciite nécrosante appartient à la famille des streptocoques, qui font partie de la flore bactérienne. Celle-ci est constituée de milliards de micro-organismes (champignons, virus, bactéries) qui cohabitent sur notre peau. Nous sommes donc pratiquement tous porteurs d’un tas d’organismes qui ne posent pas de problème… jusqu’à ce qu’ils changent d’avis! Parmi eux, le streptocoque du groupe A qui peut provoquer de multiples affections (par exemple, le mal de gorge, l’angine, la scarlatine, etc.). Dans certaines conditions, il provoque la fasciite nécrosante en s’attaquant aux tissus.

La peau, une protection solide mais pas invincible

La peau est une barrière efficace pour nous protéger des microbes. Seulement, en cas de blessure, des bactéries peuvent l’infiltrer et provoquer une réaction inflammatoire qui se traduit par une rougeur, du pus et une légère douleur. Si la blessure ne guérit pas rapidement, la bactérie peut se propager et former une cellulite, soit une infection aiguë de la peau et des tissus sous-cutanés qui sera souvent associée à de la fièvre. Un traitement antibiotique peut généralement enrayer la propagation de la bactérie.

Le traitement antibiotique sera toutefois inefficace si notre streptocoque A sécrète une toxine capable de pénétrer rapidement les tissus cutanés, provoquant leur destruction et entrainant leur mort.

On parle donc à mauvais escient de bactérie mangeuse de chair puisqu’elle ne se nourrit pas des tissus, mais les détruit avec la toxine qu’elle produit. Et sa progression est fulgurante - jusqu’à 3 cm par heure! -, suscitant davantage de douleur, d’inflammation et de rougeur en ravageant les tissus.

Quels symptômes devez-vous surveiller?

Une détection précoce et des traitements appropriés réduisent les risques de complication pour la personne atteinte. Vous devez être très attentif à toute infection cutanée qui s’étend et cause une certaine douleur. Rendez-vous directement et sans attendre à l’urgence si la rougeur se propage rapidement si vous avez de la fièvre, des frissons ou si le mal s’intensifie.  

Éviter le pire en traitant rapidement

Les conséquences de la fasciite nécrosante peuvent être dramatiques, il faut donc intervenir très vite pour la soigner. Des antibiotiques par voie intraveineuse sont essentiels, mais la guérison n’est pas garantie, surtout si la progression de la maladie est avancée. Lorsque c’est le cas, des chirurgies peuvent être envisagées dans le but de retirer les tissus attaqués. Il est parfois nécessaire d’amputer un membre pour empêcher la bactérie de se propager. Si l’infection atteint le thorax et le tronc, ou si la réaction inflammatoire est trop forte, elle peut entrainer la mort.

Des mesures de prévention

Il est impossible de prévenir la contamination puisqu’une grande partie d’entre nous sommes porteurs de la bactérie mangeuse de chair. Ceci étant dit, vous pouvez prendre certaines précautions :

• Si vous avez une plaie, même mineure, nettoyez-la bien, désinfectez-la, puis soyez attentif à son évolution.
   
• Si la rougeur autour de la plaie augmente et que vous souffrez, consultez immédiatement un médecin.
   
• Si vous vivez avec une personne atteinte de la fasciite nécrosante, demandez au médecin s’il peut vous prescrire des antibiotiques à titre préventif.